Artiste/Groupe:

Gojira

CD:

Magma

Date de sortie:

Juin 2016

Label:

Roadrunner Records

Style:

Gojira

Chroniqueur:

Lurk

Note:

16.5/20

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Nous y voilà enfin, quatre ans après L'Enfant Sauvage. Gojira est de retour. Les dernières semaines ont teasé très fort les fans, avec des extraits diffusés sur facebook, puis deux clips, provoquant chacun leurs lots de réactions contradictoires. La grande nouveauté de cette année, c'est l'exposition médiatique que reçoit Gojira dans les médias français : de nombreux articles, notamment dans Télérama, mais aussi une première à la télévision sur le plateau du Petit Journal (Canal +). Là encore ça divise (ou tout du moins, cela fait râler les grincheux professionnels), et ça pourrait m'amener à disserter sur un éventuel retour du metal dans les médias, ou bien sur une "mainstream-isation" du monstre Gojira

Pour ce qui est de l'ouverture des médias au metal, seul le temps nous en informera. Quant à Gojira, il semblerait que oui, une ouverture à un public plus large est en train de se produire. Clairement.

Je me suis fait une réflexion après trois ou quatre écoutes : "tiens, c'est un album que je ferai bien écouter à mon père". Tout simplement car l'agression a fortement diminué. Il n'y a qu'à lancer l'album pour s'en convaincre en deux minutes. The Shooting Star, morceau d'ouverture, propose à l'auditeur de s'immerger dans une ambiance construite sur un riff lancinant. Le tempo relativement lent laisse le temps au riff alambiqué de s'immiscer dans notre esprit. Comment ? Par la sainte opération de la répétition. Je suis sarcastique, mais en fait je l'aime ce morceau. Il a su m'accrocher dès la première écoute et conserver mon attention avec un riff suffisamment bien ficelé.

Le morceau suivant, tout le monde le connaît puisque c'est le second single à être paru. Un brûlot fantastique chargé d'émotions. Ici, l'agression est plus présente, mais elle ne fait qu'augmenter l'intensité des frissons provoqués par tant de beauté. "When you change yourself you change the world", en voilà une punchline qui se retrouvera sans doute sous forme de tatouages d'ici quelques temps. Avec ce morceau, enchainé avec The Cell, Magma s'attèle à me contredire. 

En effet, l'agression sonore est encore bien présente, sous la forme des hurlements mélodiques de Joe. Mais une fois encore, la mélodie et la force du chant rend le morceau quelque peu accessible aux oreilles les plus chastes.

Deuxième morceau connu, premier single. Stranded entre en scène et apporte son groove "Pantérien" à l'album. La structure est simple à souhait, assez prévisible, je mords à l'hameçon comme un débutant. 

Puis vient le morceau numéro cinq. Et qui dit numéro cinq dit interlude instrumental posé. Si The Wild Healer tombait comme un cheveu sur la soupe, Yellow Stone quant à lui est bien plus à propos. Même s'il ne propose pas de continuité directe avec ses voisins, il apaise l'oreille avant l'étrangeté que sera Magma, le morceau.

En effet, le trait principal de caractère de ce morceau est un riff utilisant les "pinch harmonics" d'une manière bien étrange, assez dissonante. Une montée en puissance dans la deuxième moitié du morceau nous laisse croire à une échappatoire harmonieuse avant de nous rattraper avec cette guitare moqueuse et stridante.

Il faudra attendre Pray pour libérer la tension emmagasinée. Une introduction à la Art Of Dying laisse présager un gros riff, qui ne se fait pas attendre. Le son est dantesque, la sauce monte… puis un chant clair entre en scène et calme légèrement le jeu. Ce n'est que partie remise, ne vous inquiétez pas. Et le morceau va ainsi balader son auditeur dans une montagne russe ou l'intensité va revenir cycliquement. Il n'y aura malheureusement pas de réel paroxysme. Je devrais peut être parler de "collines russes" en fait.

Only Pain reste dans ce registre de dynamique sonore assez intéressant, d'autant plus que Gojira nous apporte comme à son habitude quelques trouvailles guitaristiques sympa. La charge émotionnelle dans le chant est une constante, au même titre que la vitesse de la lumière : inviolable.

Cela se confirme avec la longue montée en puissance qu'est Low Lands. La chair de poule est bel et bien présente et la puissance sonore dégagée est parfaite pour finir l'album, vraiment le son est monstrueux. L'album est finit, la conclusion est belle, point.

Attendez… en fait, il y a un épilogue à cet album. Trois minutes d'improvisation sur des guitares dont on a débranché l'ampli, accompagnées par des percussions sur tambourin. Pourquoi pas. Mais je serai bien resté sur un silence après la fin de Low Lands, c'eut été plus définitif.

Alors ce Magma ? Eh bien je regrette un petit manque de folie, et je n'aurai pas craché sur un ou deux morceaux supplémentaires, ces quarante minutes "effectives" sont un peu courtes à mon goût. Les structures sont aussi un chouïa trop prévisibles, même si cela fait partie de la maturation artistique des frères Duplantier, qui souhaitent épurer leurs œuvres. Cependant, j'aime la maturité qui se dégage de cet album. Les morceaux vont droit à l'essentiel, c'est concis et précis, toujours magistralement exécuté et les subtilités rythmiques, sonores et mélodiques disséminées au fil de l'album lui donnent un fort potentiel de réécoute. Après L'Enfant Sauvage en demi teinte, je suis en train de retomber amoureux de Gojira.

 

Tracklist de Magma :

01. The Shooting Star
02. Silvera
03. The Cell
04. Stranded
05. Yellow Stone
06. Magma
07. Pray
08. Only Pain
09. Low Lands
10. Liberation