Peut-on se renouveler et surprendre quand on vient de sortir un album qui a cartonné ? Mais surtout : doit-on se renouveler et surprendre ? A cette question, bon nombre de groupes diront "non". Quitte à cartonner avec un album, autant cartonner de la même façon avec un autre ! Les exemples sont légion, je n'en ferai pas la liste, tu peux chercher par toi-même.

Après le succès commercial et critique de Meliora, Ghost a dû se poser la question. Enfin Ghost… Disons plutôt que Tobias Forge a dû se poser la question ! Oups, j'ai divulgué le nom du leader du groupe. Mince. Oh, de toute façon tout le monde le sait maintenant. Tobias, donc, s'est retrouvé tout seul après que ses musiciens lui ont intenté un procès pour des histoires de fric (sûrement) et de dictature. Pffff. Comme si un mec qui s'est fait passer pour un pape à trois reprises avait des envies dictatoriales. N'importe quoi. Mais je m'égare.

Ghost donc, le groupe, a dû se poser la question. Meliora, avec ses passages mélodiques et ses titres plus "évimétol" avait séduit pas mal de monde, fédérant même des gens qui ne sont pas fans de metal à la base. Ghost était sorti de ses inspirations Mercyful Fate / Blue Öyster Cult / Black Sabbath. Est ensuite venu l'EP Popestar, dont l'unique composition originale (Square Hammer) étonnait par son côté résolument hard US. On s'entend bien cependant sur un point : ce titre déchirait tout. Ainsi donc, quand Ghost annonce que le Cardinal Copia va prendre le contrôle du groupe et que le prochain album sera très sombre, on s'attend à un retour au son et à l'ambiance du premier album (ce qui n'est pas pour me déplaire). Arrive alors la pochette (grandiose, certes, mais clairement pas aussi belle que les dernières que le groupe nous a proposées) et le premier titre : Rats, évolution logique de Meliora. L'impatience pouvait donc commencer à se faire ressentir dans mon petit cœur. Ensuite, le single Dance Macabre est arrivé (avec son clip, mettant notamment en scène Kirk Hammett, Charlie Benante et Phil Anselmo) et a fini de me convaincre : Prequelle allait être un p*tain d'album, fondamentalement hard US et bourré de tubes aux refrains à chanter à tue-tête. 

C'est donc confiant que j'ai enfilé le casque sur mes petites oreilles, afin de me délecter des nouvelles compositions de l'ami Tobia du Cardinal Copia... Une heure après, la messe est dite (haha) et c'est l'admiration qui m'envahit : Ghost s'est renouvelé, m'a surpris et a sorti un excellent album. 

On peut classer les titres de cet album en trois catégories (pas toujours totalement distinctes d'ailleurs, pour notre plus grand plaisir).

Tout d'abord, il y a les titres évidents. Ceux qui, à l'écoute, ne laissent pas de place au doute. Ce sont des tubes. Point. On se prend à les fredonner et à les écouter, encore et encore… Parmi ceux-ci, je suis obligé de citer Dance Macabre et son refrain jouissif. On peut aussi évoquer une des bonus tracks, It's a Sin, qui montre la face la plus pop-rock du groupe. Faut dire que bon, c'est une cover d'un titre des Pet Shop Boys, pas franchement metal comme groupe. Ces titres, les fans de metal adoreront les détester et détesteront les adorer. J'aime beaucoup ce genre de dilemme, on ne sait pas si on a "le droit" de les aimer mais on se surprend à les écouter en boucle. On se dit que c'est trop pop pour nous, qu'on est bien au-dessus de tout ça, nan mais. Et puis bon, finalement... En plus, y a de la guitare, c'est du rock donc c'est bon, on a le droit d'aimer.

On trouve, également, les titres habituels, ceux qui "ressemblent à du Ghost". On citera évidemment Rats (qui rappelle le très bon Square Hammer) mais aussi Faith (qui me rappelle les deux premiers morceaux de l'album Infestissumam, ce qui n'est pas pour me déplaire du tout) ou bien le grandiose Life Eternal, qui clôt la version standard de l'album de main de maître (j'imagine d'ailleurs déjà cette chanson pour fermer les concerts de la future tournée).

Et c'est avec une troisième "catégorie" de morceaux que Ghost créé la surprise. En effet, Prequelle est beaucoup plus mélodique, moins metal. On retrouve notamment deux titres instrumentaux, les très bons Miasma et Helve…machin-truc (désolé mais le titre est trop compliqué), qui montrent pas mal de diversité dans la musique (y a du saxophone, si, si) et qui nous exposent quelques influences de l'ami Tobias. En effet, difficile de ne pas penser à des groupes comme Pink Floyd, Led Zep ou même Queen (!) en les écoutant. Mais là où certains groupes n'arrivent pas à s'approprier ces influences et finissent par plagier, Ghost s'en sort à merveille et garde son style. Cette troisième catégorie de titres, plus mélodique, s'exprime également à travers des chansons plus calmes, plus posées, avec des ambiances plus acoustiques. On retrouve notamment des violons et du piano un peu partout. On note par exemple le morceau See The Light, au refrain grandiose mais surtout le magistral Pro Memoria qui, après l'instrumental Miasma et le tube Dance Macabre, me donne la chair de poule et touche le petit fan de Slayer que je suis en plein cœur. L'émotion est palpable, Tobias n'a jamais aussi bien chanté : ce titre est un chef-d'œuvre. 

Alors oui, je sais, l'album n'est pas parfait. Il y a un titre, Witch Image, qui ne me plaît pas vraiment. Son refrain "bon-jovien" (le Bon Jovi pas bien hein, celui de maintenant) me laisse de marbre. C'est vraiment dommage que ce titre ait été gardé, il fait un peu tache (sans toutefois gâcher l'album, faut pas déconner). Mention spéciale pour les deux titres bonus de l'édition collector (qui n'a de collector que le nom, cf. l'aparté en fin de chronique). Si le premier, It's A Sin, est vraiment excellent et va plutôt bien avec le reste de l'album. Le second, Avalanche (cover de Leonard Cohen) n'a rien de bien intéressant (si ce n'est le chant de Tobias). Ghost s'est donc renouvelé et nous a surpris, avec un album bien plus mélodique, plus grandiose, plus tout quoi !

Tobias a donc réussi à aligner quatre excellents albums et a fédérer une fanbase toujours grandissante. Rajoutez à cela une tournée qui, d'après Tobias, s'annonce particulièrement spectaculaire (on parle d'une dizaine de musiciens sur scène, de chœurs…) et vous êtes plus ou moins obligés de reconnaître que Ghost est sans aucun doute l'un des groupes les plus importants de la décennie 2010. On espère d'ailleurs que cette période dorée continuera…La communauté metal sera donc, encore une fois, divisée devant cet album. Personnellement, j'ai choisi mon côté (cf. la note). Le grand public aussi d'ailleurs puisque Prequelle a été troisième des ventes au Billboard 200 dès sa sortie ! A toi, cher lecteur, de choisir de quel côté tu te ranges… 

Titres préférés : l'enchaînement Miasma - Dance Macabre - Pro Memoria

Titre moins préféré : Witch Image

Titre beaucoup-moins-préféré-mais-on-s'en-fout-vu-que-c'est-un-bonus-track : Avalanche

Aparté : petit commentaire sur la version CD de l'album. La version normale n'est pas terrible, dans son digipack en carton méga fragile. Mais alors la version deluxe... Certes, le passage en boitier cristal fait plaisir mais p*tain (!), le livret est pour le moins inexistant, les paroles sont difficilement lisibles et le tout manque franchement d'originalité ! Quand on le compare aux autres livrets du groupe (qui contenaient une illustration originale par chanson), ça fait peine à voir...

Tracklist de Prequelle :

01. Ashes
02. Rats
03. Faith
04. See The Light
05. Miasma
06. Dance Macabre
07. Pro Memoria
08. Witch Image
09. Hevetesfonster
10. Life Eternal
11. It's A Sin (bonus track - cover des Pet Shop Boys)
12. Avalanche (bonus track - cover de Leonard Cohen)