C H R O N I Q U E

Que l'attente a été longue ! 4 ans après la sortie de l'excellent "Organic", Freak Kitchen, mené par le leader viking suédois Mattias "Ia" Eklundh, est enfin de retour avec "Land Of The Freaks", le 7ème album.

Pour dresser un rapide portrait à ceux qui ne connaitraient pas le groupe, Freak Kitchen est un trio suédois dont la particularité est de faire un métal totalement déjanté, une sorte de "fusion" empruntant beaucoup au heavy, beaucoup au rock, un peu au jazz... Certains iront même jusqu'à dire que parfois ça frôle l'expérimental à la sauce Zappa. Il faut reconnaitre que le son de guitare et que les solos monstrueux du guitar-hero Mattias "Ia" Eklundh sont à tomber par terre. Le bonhomme est un véritable alien de la planète guitare métal, "le" guitar-hero des temps modernes. Au style comparable à celui des gratteux tels que Ron Bumblefoot Thal, Guthrie Govan ou Buckethead, il est au shred en 2009 ce que Steve Vai était au "Space Age Guitar" au début des années 90.

C'est donc le 23 novembre que sortira en France dans l'écurie Roadrunner France le nouvel opus "Land Of The Freaks". Un album à la fois dans la même lignée que les prédécesseurs "Move" et "Organic" mais faisant également apparaitre de nouveaux traits de caractère.

Dans le pur style Freak Kitchen caractérisé par d'énormes rythmiques qui donnent envie d'headbanger et par des refrains accrocheurs et joyeux qui ne quittent pas nos esgourdes, on citera "God Save The Spleen", "Sick ? (Death By Hypocondria)" et le génial "Honey You're A Nazi". Les thèmes des paroles de Freak Kitchen continuent d'osciller entre sujets sérieux (le racisme et l'intolérance sur "Honey You're A Nazi") et la déconne (mort par hypocondrie). La section rythmique est énorme sur ces 3 morceaux, le trio suédois est envouté par le groove.

Ce nouvel album comporte 2 morceaux plus "dansants", quelques nappes de clavier font même leur apparition sur les rythmiques pachidermiques de Mattias et le tout continue à groover de folie, impossible de ne pas taper du pied ! "Hip Hip Hoorah" et "One Last Dance" sont les morceaux en question. Le solo en descente de gammes balancé par Mattias sur "One Last Dance" est divinement placé.

Le groupe affiche aussi un côté plus hard-rock traditionnel, notamment sur "The Only Way" et sur "Do Not Disturb". "The Only Way" est une superbe power-ballade mid-tempo chantée par le bassiste Christer Örtefors dans style de hard-rock assez traditionnel, un peu dans le style des ballades de Skid Row à la période de Sebastian Bach - plus rien à voir avec le style expérimental fusion si caractéristique des suédois cette fois.

Le morceau le plus expérimental et complexe de l'album est sans aucun doute "Teargas Jazz". Une perle de composition qui ravira les adeptes de métal progressif hyper complexe à influences jazzy. C'est bien simple, ça part dans tous les sens, les rythmiques de batterie ne balancent que des contretemps, imaginez des riffs de Pantera croiser la frappe de Mike Portnoy au sein du groupe de Frank Zappa et vous obtiendrez à peu près ce qu'est "Teargas Jazz".

Après tant d'éloges, il faut tout de même signaler la présence de quelques morceaux un peu en dessous du niveau global de l'album. Notamment le mélancolique "OK" aux connotations jazzy et "The Smell Of Time" sur lesquels l'ennui a un peu tendance à s'installer.

Pour résumer, "Land Of The Freaks" est un très bon album de Freak Kitchen peut-être un brin moins accrocheur et accessible que ses 2 prédécesseurs que sont "Move" et "Organic". Mais il comporte toutefois quelques perles et fait percevoir sur quelques morceaux un côté plus hard-rock traditionnel à ces 3 suédois totalement déjantés. La suite sur scène on espère.