Artiste/Groupe:

Faith No More

CD:

Sol Invictus

Date de sortie:

Mai 2015

Label:

Reclamation Records, Ipecac

Style:

Faith No More

Chroniqueur:

Orion

Note:

17/20

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Faith No More. Groupe phare du metal dans les années 90, un combo novateur, visionnaire, surprenant qui se sépara en 1998, après avoir livré un dernier album, leur sixième, sobrement intitulé Album Of The Year.
En 2009, le groupe se reforme pour une série de concerts et festivals. On commence à croire à un nouvel album… qui ne vient pas. Déception. Faith No More ne semble pas vouloir donner suite à cette reformation, les déclarations des membres sont assez ambiguës, on n’y croit plus. Entre 2012 et 2014, c’est silence radio. Puis, l’espoir renaît quand le groupe joue deux nouveaux titres sur scène le 4 juillet 2014, en première partie de Black Sabbath. A la suite de ce concert, Faith No More annonce que le processus de créativité est relancé et qu’un nouvel album verra le jour en 2015.

On y est ! Le groupe reprend exactement où il s'est arrêté, avec le même line-up que sur Album Of The Year (1997), à savoir Mike Bordin à la batterie, Billy Gould à la basse (les deux membres fondateurs), Roddy Bottum aux claviers, Mike Patton au chant et Jon Hudson à la guitare, qui n’a enregistré que ce dernier disque avec le groupe. J'aurais bien sûr aimé un retour de Jim Martin (qui officiait sur les deux joyaux du groupe, The Real Thing (1989) et Angel Dust (1992) mais bon, on ne peut pas tout avoir... et apparemment, le contentieux entre les protagonistes était (et est toujours ?) trop sérieux.

Ce n’est pas sans une certaine fébrilité que j’entame l’écoute de ce nouvel album, dix-huit ans après la sortie de leur dernier disque. J’ai adoré Faith No More dans les années 90 et le risque d’être déçu existe forcément, même si j’ai confiance en leur faculté à composer des morceaux assez envoûtants.
Petit piano tranquille, batterie en roulements façon jazz, Mike chante calmement, le refrain est à peine plus énergique… l'album démarre très sobrement par le titre éponyme. Une petite mise en bouche signée Faith No More dans son style bien à part, avant que les choses sérieuses ne commencent. Et elles commencent avec le titre suivant, Superhero. La grosse basse de Billy Gould est aux avant-postes, Patton commence à lâcher les chevaux avec ses cris de sauvages dès le début du titre, plans de batterie extravagants de Mister Bordin (n’attendez pas ici une batterie qui fait boum boum boum boum) et toujours ce petit piano tranquille qui amène le côté posé à la composition pendant que les autres envoient la sauce. La guitare, qui n’a jamais été l’élément principal de la musique du groupe mais qui fait partie d'un tout, complète l’ensemble et nous gratifie tout de même d'un solo. Je retrouve bien là mon Faith No More, celui des albums précédents. Ce titre me rappelle même l’album emblématique Angel Dust. Ca démarre donc très bien.
Sans entrer dans le détail de chaque titre, chose compliquée avec Faith No More, sachez que le groupe a gardé son potentiel à nous sortir des morceaux qui sont tout sauf linéaires. Au programme, quelques titres bien déjantés comme Rise Of The Fall ou Separation Anxiety. Ce dernier est redoutable, on y retrouve un Mike Patton qui nous sort le grand jeu. On est carrément rassuré, il n’a rien perdu de ce qui faisait sa particularité il y a une vingtaine d'années, il est au top du début à la fin de cet album ! Il se met d'ailleurs au rap sur les couplets de Motherfucker, ce qui nous rappelle (si besoin était) que ce groupe fut l’un des précurseurs dans le mélange des genres.
D’autres morceaux d'apparence plus calme au début peuvent se révéler au final bien barrés (Sunny Side Up, Black Friday). Avec Faith No More, attendez-vous toujours à l'inattendu ! Et pour terminer la visite de ce Sol Invictus, vous passerez par le titre où la montée en puissance se fait crescendo (Matador – excellent morceau !) et finirez calmement, comme cela a commencé, avec une compo qui reste assez cool du début à la fin (From The Dead).
En trente-neuf minutes (que c’est court !), Faith No More nous fait faire le tour du propriétaire. Comme à leur habitude, les Américains nous livrent un album varié, les ambiances changent, parfois western (Rise Of The Fall, Cone Of Shame), un brin orientales (Superhero) ou piano bar (le titre éponyme). Je trouve (mais c’est peut-être à cause de sa durée) que Sol Invictus propose globalement moins de fantaisies que les albums précédents, moins de folie aussi, on sent un groupe plus sage (c’est sans doute la sagesse de l’âge).

Un album de Faith No More ne s’apprivoise pas totalement au bout de trois écoutes, surtout en streaming, temps dont j’ai disposé pour écrire cette chronique. Il me reste encore des subtilités à découvrir, c'est certain. Toutefois, je peux déjà affirmer que les Américains signent leur retour avec un très bon album. Je n'en attendais pas moins d'eux, c'est vrai, mais c'est tout de même plus rassurant d'en avoir la preuve par l’écoute !
Ceux qui ont aimé ce groupe doivent se procurer ce Sol Invictus, ça me paraît obligatoire. Ceux qui ne le connaissent pas encore ont tout intérêt à le découvrir très vite, en tout cas avant leur prestation au Hellfest, qui s'annonce forcément comme l'un des grands moments de l'édition 2015 ! Vous voilà prévenus.


Tracklist de Sol Invictus :

01. Sol Invictus
02. Superhero
03. Sunny Side Up
04. Separation Anxiety
05. Cone Of Shame
06. Rise Of The Fall
07. Black Friday
08. Motherfucker
09. Matador
10. From The Dead