Artiste/Groupe:

Evergrey

CD:

The Atlantic

Date de sortie:

Janvier 2019

Label:

AFM Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Après un début de carrière enthousiasmant (je pense surtout aux deux pépites que sont Solitude - Dominance - Tragedy et In Search Of Truth), Evergrey n'a pas toujours répondu à mes attentes... et j'ai progressivement décroché. Je ne prétends pas que le groupe n'a rien sorti de bon après 2001, j'ai même plutôt apprécié les albums parus jusqu'en 2006 (Recreation Day, The Inner Circle et Monday Morning Apocalypse) mais par la suite, il me fut vraiment difficile de maintenir mon enthousiasme pour le combo suédois. Cependant, les choses ne devaient pas en rester là. Hymns For The Broken (2014) et The Storm Within (2016) ravivèrent la flamme et me prouvèrent que mon histoire d'amour avec ce groupe n'était pas terminée. Certes, la passion des premières années demeure inégalée mais les deux derniers efforts de Tom Englund et ses compagnons m'ont assurément redonné foi en ces messieurs. The Atlantic, onzième pierre à l'édifice de ses créateurs, confirme-t-il le regain d'inspiration constaté récemment ? Globalement, oui. Voilà est un disque qui regorge de points forts même s'il ne me subjugue pas totalement. J'aimerais être plus euphorique et vous dire qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre (terme que certains d'entre vous, plus sensibles à la démarche du groupe, utiliseront peut-être) mais pour pour moi, voilà juste un bon album, avec quelques très beaux moments, ce qui n'est déjà pas si mal.

Commençons par les qualités les plus évidentes. L'emballage donne envie (certes, c'est très secondaire mais tout de même), l'artwork, de toute beauté, est sacrément séduisant et constitue une belle invitation au voyage. Ensuite, alors que les premières pistes se dévoilent, il y a (au-delà des compositions elles-mêmes sur lesquelles je vais très vite revenir) quelque chose de très impressionnant qui s'impose à nous et qui n'est pas dénué d'importance : le son. Les deux derniers albums étaient déjà pourvus d'une belle production (signée Jacob Hansen) et je pensais qu'il serait difficile de faire mieux mais Hansen s'est surpassé et The Atlantic possède un son d'une beauté et d'une profondeur exceptionnelles, c'est encore plus remarquable qu'avant. La batterie est massive, les guitares puissantes, les claviers ne sont pas étouffés par les autres instruments et ressortent parfaitement... et surtout quelle basse, mes amis ! Qu'il est rare d'entendre la basse sonner de si belle façon (écoutez le début de Departure si vous le pouvez et demandez-vous à quand remonte la dernière fois où vous avez entendu cet instrument aussi bien mis en valeur). Et puis il y a les compétences habituelles, les propriétés considérées comme acquises mais qui n'en sont pas moins admirables : une écriture qui mixe heavy, mélancolie et mélodie avec classe, la belle voix et le chant expressif de Tom Englund qui font bien passer l'émotion, des musiciens au top (des riffs et solos aux petits oignons, les claviers de Rikard Zander qui proposent des sonorités variées ainsi que de belles mélodies et ambiances)...

Passons aux compos. The Atlantic démarre assez fort avec deux titres aussi puissants que beaux : The Silent Arc et Weightless. On retrouve immédiatement la patte Evergrey : du heavy sombre et racé, à tendance progressive, marqué par des riffs lourds ou bien tranchants. Quelques secondes de calme avec le bruit d'un sonar et les premiers riffs de The Silent Arc, modernes, agressifs et implacables, nous clouent à notre siège. Avec presque huit minutes au compteur, le voyage sera mouvementé et riche, le morceau évoluant et jonglant parfaitement entre passages énervés et accalmies mélancoliques. Weightless confirme que la bande à Englund veut nous balancer de la rythmique en béton dans la tronche. C'est carré, moderne, quasiment djent dans l'inspiration et le son... ça envoie ! Et pendant ce temps-là, les mélodies entonnées par Tom caressent le mélomane dans le sens du poil. 

Les deux titres suivants nous emmènent sur d'autres terrains. All I Have est une sorte de ballade heavy ultra pesante. Le début, carrément doomesque, est assez inhabituel pour du Evergrey. Je n'ai pas adoré d'emblée mais plus les écoutes se multiplient, plus je suis séduit par ce morceau écrasant et hypnotique. A Secret Atlantis propose une petite accélération de tempo bienvenue. C'est très bon mais peut-être que le refrain aurait gagné à être plus développé... il commence, on a le sentiment d'écouter un pré-refrain pour tout dire, et puis il s'arrête trop tôt (à mon goût). La compo reste de bonne facture mais il me manque un petit quelque chose... et cette remarque va malheureusement s'appliquer à quelques autres pistes contenues dans la seconde moitié de l'album. Déjà, les surprises seront moins nombreuses par la suite et on retrouve un Evergrey souvent très familier... ce qui est bien (parce qu'Evergrey, c'est pas de la daube) et un peu décevant à la fois (parce que des airs de déjà-entendu se pointent à l'occasion). Ensuite, comme dit plus haut, il y a de belles mélodies et ambiances, c'est certain (le couplet de End Of Silence, l'excellente intro de Departure, les claviers, vagues et mouettes au début de The Beacon), mais certains refrains passent sans qu'on les retienne vraiment... et là, je me dis qu'à une époque, le refrain qui tue était une spécialité du groupe (souvenez-vous de The Masterplan ou Recreation Day). Enfin, il y autre chose qui me chiffonne un peu : c'est très homogène et on est quasiment toujours sur du mid-tempo assez tranquille... et il se trouve que j'aime bien quand Evergrey s'emballe un peu plus ou varie davantage les plaisirs. Cela ne m'empêche pas de savourer comme il se doit quelques très bonnes chansons (Currents et Departure en tête). 

Evergrey est un groupe singulier (il a son style et un son propre, impossible de le confondre avec un autre) qui propose encore une fois une oeuvre travaillée. Chacun aura son avis sur ce cru 2019 mais, au vu de ses qualités, j'imagine que la plupart des fans prendra un certain plaisir (plus ou moins fort selon les cas) à entreprendre ce nouveau voyage même si, à mon sens, The Atlantic n'est pas l'album le plus époustouflant sorti par Englund et ses collègues. Personnellement, j'aurais aimé une deuxième partie d'album plus rythmée, une poignée de morceaux plus remuants et quelques refrains plus forts ou mémorables... mais rien que pour son atmosphère prenante, ses moments de grâce, une interprétation toujours impeccable et sa magnifique production, ce onzième opus vaut le détour. J'ai d'ailleurs bien l'intention d'y revenir.

Tracklist de The Atlantic :

01. The Silent Arc
02. Weightless
03. All I Have
04. A Secret Atlantis
05. The Tidal
06. End Of Silence
07. Currents
08. Departure
09. The Beacon
10. To The Ocean

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