Artiste/Groupe:

Ephel Duath

CD:

The Painter's Palette

Date de sortie:

2003

Label:

Earache Records

Style:

Jazzcore Avant-Gardiste

Chroniqueur:

JeanMichHell

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En 2003, je commençais sérieusement à m’ennuyer face aux dix années d’existence du néo-metal et j’étais à la recherche d’un renouveau musical, d’un mouvement qui allait me mettre un bon gros coup de pied au derrière. Je me suis tourné vers ce que l’on appelle le Hardcore chaotique, qui n'aura connu un véritable essor que dans les années qui suivirent. Dillinger Escape Plan venait de sortir Calculating Infinity mais n’était pas encore la machine de guerre qu’il est devenu ensuite, Fantômas actualisait la recette de Naked City et Converge, encore très underground, venait de sortir Jane Doe. Nous étions encore aux balbutiements du genre. Et grâce à une chronique de feu Hard’n Heavy, j’entends parler d’un obscur groupe italien, Ephel Duath, qui venait de sortir The Painter’s Palette.


Cet album était totalement inattendu, les premiers efforts du groupe se « limitant » à un black metal avec une tendance progressive mais sans forcément une originalité délirante. Mais c’est grâce à son label de l’époque et à son directeur qui donnent les moyens à Davide Tiso, principal compositeur et guitariste du combo, de monter la formation qu’il souhaite pour donner un coup de boost à ce projet. Et c’est cette décision qui donna naissance à ce chef-d’œuvre absolu.

Tout d’abord, Tiso décide de prendre des musiciens et vocalistes d’horizons musicaux radicalement différents. Pour sa base rythmique, il choisit un batteur de jazz, Davide Piovesan, et un bassiste, Fabio Fecchio (mais quel bassiste !), qui lui aussi navigue entre jazz, pop et funk. Les deux chanteurs, Davide Tolomei pour le chant clair et Luciano Lorusso George pour les parties hurlées, sont totalement complémentaires et accompagnent par leur savoir-faire les compositions versatiles de Tiso. Et histoire de compléter le tableau, il fait appel à un trompettiste capable de s’attaquer à tous les styles, Maurizio Scomparin.

Et là mes amis, j’en ai pris des fessées musicales, mais à ce niveau-là très, très rarement. Tout d’abord cet album invite au voyage, on passe par tous les états : la rage, la douceur, le clair, l’obscur, le yin, le yang. C’est d’ailleurs pour cela que l’ensemble des titres est accompagné d’une couleur qui illustre le titre et donne une première direction conceptuelle aux compositions.

L’ensemble des musiciens est clairement au-dessus de ce qui faisait à l’époque (en même temps, le néo-metal n’a jamais sorti de grand technicien). Ils mettent leur talent au service des compositions. Pour ma part, je suis totalement abasourdi par le mélange extrême et jazz, imaginez un batteur de jazz en soutien des compositions de Morbid Angel, à grands coups de blast-jazz-beat : cette grandiloquence technique permet d’ouvrir un champ des possibles totalement hallucinant. Ne comptez pas sur moi pour vous narrer un titre, le mieux c’est d’ouvrir les oreilles avec ce titre, The Passage, qui à lui tout seul fait la synthèse de cet album : 


En tout cas, si vous aimez être déstabilisés, surpris, et que vous êtes fans des structures atypiques et complexes, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur ce chef-d’œuvre absolu. Cet album est unique, parce qu’il ne souffre d’aucune faiblesse, mais aussi parce qu’il est le seul, à ma connaissance, à offrir une telle maîtrise des mélanges et des contrastes. Un must have !


Tracklist de The Painter’s Palette :

01.  The Passage (Pearl Grey)
02.  The Unpoetic Circle (Bottle Green)
03.  Labyrinthine (Crimson)
04.  Praha (Ancient Gold)
05.  The Picture (Bordeaux)
06.  Ruins (Deep Blue and Violet)
07.  Ironical Communion (Amber)
08.  My Glassy Shelter (Dirty White)
09.  The Other's Touch (Amaranth)