C H R O N I Q U E
Ah...Enslaved... Pourvoyeur de magie parmi les magiciens, ce groupe de black métalleux n'a jamais eu
d'équivalent dans le monde métallique pour mélanger passages barbares et voyages cosmiques.
Reconnus suite a des albums aussi fabuleux que Monumension (Hollow Inside... le frisson ultime !), Isa
ou le chef d'oeuvre Below The Light, le groupe nous revient avec un Vertebrae plein de promesses.
Le précédent Ruin était malgré tout un tout petit peu moins bon, le groupe a prit son temps comme a son
habitude, le groupe est enfin apprécié a sa juste valeur par beaucoup d'acteurs de la clique métal, c'est donc
l'esprit tranquille qu'a pu être composé Vertebrae. L'artwork, éternel premier contact est réussit, sombre
et annonciateur de la sauvegarde du patrimoine nordique promise par nos amis. Premier contact musical,
toujours peu de doutes, le groupe ne peut pas se planter, pas eux. ils sont trop intelligents pour faire de la
musique de moindre qualité. Et Clouds se pose dans nos oreilles. Et avant même qu'on ai pu y réfléchir, on se
retrouve déjà aux dernières notes de The Watcher. Que vient-il de se passer ? Impossible a dire. Alors on rappuie.
On se souvient des premières notes de Clouds. Production léchée, chant bien plus black qu'a l'accoutumée,
rapprochement mélodique et constructif a Opeth, que nous fait le groupe ? Et bien il fait du Enslaved. La
dernière partie du morceau nous permet de constater que l'alternance de passages violents et de passages
mélodieux est toujours là, mais quelque chose a changé. Confirmation avec To The Coast. Et révélation.
On est bluffé. Abasourdi. Quelle beauté ! La production nous endort dans nos sentiments mais le groupe
semble batailler contre elle pour nous attraper et nous lancer encore plus loin. Mais au lieu de nous lâcher
dans l'hyper espace, il nous accompagne, nous prend la main, nous guide a travers les étoiles. La mélodie polaire
de Ground confirme cette impression, on revient dans les années 70 avec un chant pop rêveur qui se superpose
avec des riffs 300% Enslaved. Ne vous trompez pas, à ce moment là, vous n'êtes toujours pas entrés dans le
disque mais vous commencez seulement a en dissocier les idées et les mélodies. La pureté est de mise sur le
morceau titre, rassurant, dégageant un bien être qui contraste forcement avec le chant parfois très sombre.
D'un point de vue strictement musical, c'est excellent. Et soudain, alors que l'on a encore les étoiles dans la tête
le ciel commence a s'effondrer sur lui même. C'est l'effet New Dawn. Violence, chaos, contrebalancés par
des riffs Townsendiens, et des claviers finaux toujours roots et de bon goût. On est reveillé et prêt pour subir
Reflection, encore assez violent pour un album qui n'est pas un album de black. Mais toujours envoyé par des
guitares qui pleurent le milieu des années 70 et qui nous font entrer dans un putain de trip (pardon, mais aucune
expression n'est plus appropriée !). Center rampe, se développe, se replie sur lui même, se déploie, en bref il vit.
Et la libération arrive. The Watcher. Tube parmi les tubes, contraste saisissant du chant de cadavre sur le couplet
et du chant d'ange sur le refrain, avec sa mélodie qui descend directement de l'atmosphère, sorte de prière sombre
au démon nommé vie. La douleur puis l'apaisement. Et c'est fini. On a pas encore comprit la moitié de ce que l'on
vient de se prendre sur le coeur, mais déjà c'est fini. On réécoute. Encore et encore. Et de nouvelles subtilités, de
nouvelles émotions et de nouvelles pistes de lectures apparaissent, à chaque fois que l'on écoute ce disque.
Ne rêvez pas, il n'est pas facile d'accès, même encore moins qu'Isa. Et l'écouter deux fois ne vous permettra pas
d'en apprécier la moindre saveur. Non, ce disque, il faut le vivre pour le comprendre. L'écouter chaque soir
avant de s'endormir, pour qu'un jour en se réveillant sa vérité nous saute à la figure. Mais l'apprentissage est long,
et seuls les plus courageux ne jetteront pas ce disque aux orties. Grand bien leur en prend, car la récompense n'a que peu
d'égal en ce bas monde. Enslaved est grand, Enslaved est divin. La musique d'Enslaved est celle des Dieux. Tenez le vous
pour dit.
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