Le projet Ende s’est lancé sous la houlette de I. Luciferia (Osculum Infame, Reverence) et Thomas Njodr en 2008. Un premier album sort en 2012 sous le titre de Whispers Of A Dying Earth, puis une démo intitulée God’s Rejects relance la machine en 2015, pour finalement nous emmener vers le nouvel opus du groupe joliment titré The Rebirth Of I, qui est ici l’objet de ma chronique.

Le titre du nouveau bébé me fait un peu penser à ce que les étrangers nomment la « French Theory ». C’est-à-dire aux théoriciens post-70 comme Deleuze, Derrida, Rancière, Foucault, Baudrillard et j’en passe, qui ont tous apporté une vision assez novatrice sur la question du Moi et de sa construction à la fois sociale et sémiotique.

Mais derrière The Rebirth Of I se cache surtout un album de Black Metal assez brut, aux guitares stridentes et harcelantes. Ce n’est pas la violence qui prime mais la malice au sens premier du terme (comme pour Tod Huetet Uebel). Il n’y a d’ailleurs qu’un pas à ce que cette malice se transforme en malignité, comme sur Aux Relents Fiels.

C’est dans cette forme de péché malicieusement mélodique et méchamment burné qu’Ende construit son opus. Il y a à ce propos un côté un peu Vivus Humare dans The Rebirth Of I : dans l’élaboration froide et brutale et de ce que les grecs nomment la hylé (« matière première » ou « matière du monde »). Chez Ende cette hylé est stridente et profondément complexe, matière aux réflexions les plus sombres.

D'ailleurs, à chaque coin de piste un corbeau rode, rappelant incessamment la fatalité d’un monde contrôlé par la peur de la mort. Mais The Rebirth Of I est l’antidote à cette peur, la renaissance d’une conscience lucide qui s’exécute dans un Black Metal dominateur et authentique. Il suffit de se perdre dans Une Forêt De Cadavres pour en comprendre la logique. Un vent glacial vient d’ailleurs clore la froide mélopée.

Mais là où Ende construit de la complexité, il y a aussi toujours de la vitesse. Vitesse d’une batterie martelante et toujours entrainante, vitesse des guitares cinglantes et puissance d’un chant maîtrisé.

The Rebirth Of I est un album brut et froid à la fois, il pourrait sans aucun doute plaire aux fans de Black germanique période Gratzug, comme aux adorateurs d’un BM authentique mais intelligent.


Tracklist de Rebirth Of I :

01. Den Glemte Skogen
02. Black Sorcery Of The Great Macabre
03. An Ode To Bathsheba
04. Seul, Vers Les Ténèbres
05. Aux Relents Fiels
06. Channeling Of The Howling Witch
07. Une Forêt De Cadavres
08. Quintessence Of Evil
09. May, 1885