Qu'es-tu devenu Ô mon beau sorcier, celui dont le mythique Dopethrone avait méticuleusement, lentement, concassé ma pauvre carcasse ? Toi l'occultiste, alchimiste des sons lourds qui m'avait anéanti avec l'énergie brute de ce Let Us Prey dominateur et littéralement ensorcelé avec les volutes sonores d'un We Live magistral et obsédant. Quel est ce sort sans effets que tu nous jettes aujourd'hui ? Quel est cet hommage sans classe que tu adresses à tes maîtres, ce Wizard Bloody Wizard époumoné et sans imagination ? Tu te fais vieux, tu te fais trop sage et tu recycles encore et encore ces plans empruntés aux Pères Fondateurs, la légende Tony Iommi en tête, sans parvenir cette fois à leur injecter le danger, la profondeur, la promesse du cosmos, cette menace aguichante et le psychédélisme noir que tu domptais pourtant parfaitement. Les grimoires au placard, goétie, Grand Art et diableries classés au rayon des souvenirs noirâtres, de digne héritier impérieux, tu deviens paisible copiste.

Cet Electric Wizard, blâfard, tourne sur lui-même et s'applique aujourd'hui bien plus à travailler une reconstitution historique, parfaitement réussie, il est vrai, du son typique des 70's qu'à composer des morceaux dignes de ce nom et dignes de son rang. Le manque d'inspiration est flagrant, le manque de matière aussi. La magie s'est envolée, ne reste qu'un pénible enchaînement de riffs lourds et Sabbathiens à nus, des riffs inoffensifs, poussifs, vidés de leur âme et joués sans génie. Là où le groupe nous aurait jadis écrasés, étouffés sous une épaisse nappe de guitares nocives et fumantes, il nous bassine aujourd'hui avec ce revival trop marqué, désormais impersonnel et presque parodique. Sa musique hypnotique se fait soporifique.

Loin des voyages opiacés qu'étaient ses cultissimes œuvres passées, intenses flâneries ésotériques dans les méandres d'un stoner ardent et impérial, Electric Wizard avec cet assommant Wizard Bloody Wizard se la joue Heavy Doom cradingue et teinte l'ensemble d'une touche de blues atone, facile et sans talent...le blues est une musique simple, certes, mais hantée par essence et jamais simpliste.

Une nouvelle offrande décevante, tristement ennuyeuse, qui donnera surtout envie à ceux qui vont bailler en l'écoutant de ressortir les classiques, les vrais ceux-là, d'un Black Sabbath pompé et repompé depuis des décennies. Alors, Wizard Bloody Wizard ? Non ! Sabbath Bloody Sabbath... définitivement !

Tracklist de Wizard Bloody Wizard :

01. See You In Hell
02. Necromania
03. Hear The Sirens Scream
04. The Reaper
05. Wicked Caresses
06. Mourning Of The Magicians