Artiste/Groupe:

Eldritch

CD:

Cracksleep

Date de sortie:

Mars 2018

Label:

Scarlet Records

Style:

Heavy/Thrash Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14.5/20

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Vingt-trois ans... Vingt-trois ans qu'Eldritch nous propose son metal technique naviguant dans des eaux où se mèlent des courants progressifs, heavy et thrash. Les fréquents changements de line-up n'ont jamais eu raison de la détermination du guitariste Eugene Simone et du chanteur Terrence Holler, seuls survivants de la formation italienne originelle. Cette fois-ci, on notera que l'équipage est exactement le même que sur Underlying Issues sorti il y a deux ans et demi. Pour ce qui est du style abordé, on reste également dans la continuité de ce qui a été posé depuis quelques temps. Pour rappel, dans ses premières années, Eldritch avait fait évoluer son metal, d'abord mélodique et progressif, vers quelque chose de plus costaud, jusqu'à se débarrasser de ses claviers et privilégier un gros son moderne et ses influences thrash au début des années 2000... pour finalement (et progressivement) réintégrer davantage de mélodie, du clavier et présenter une sorte de synthèse de toutes ses facettes. En ce mois de mars 2018, Cracksleep débarque avec un bel artwork qui laisse augurer un disque assez sombre et un concept : l'insomnie. Gageons au moins que cet album ne nous donnera pas envie de dormir.

Une écoute suffit à rassurer l'auditeur s'il était inquiet et craignait de voir le groupe proposer une copie moins inspirée que ses récentes productions. Avec Cracksleep, on retrouve le soin et les qualités auxquels le combo transalpin nous a habitué. L'intro qui donne son nom à l'album, avec son thème hypnotique au piano auquel viennent s'ajouter des nappes de clavier suivies d'une section rythmique carré et d'une belle mélodie simple à la guitare lead, nous plonge immédiatement dans une ambiance particulière... voilà un petit instrumental de moins de deux minutes qui donne immédiatement envie d'en entendre plus. Et les chansons qui suivent ne déçoivent pas. Reset envoie un riff qui se retient bien sur un tempo rapide, la double grosse caisse est de sortie, les claviers sont toujours là pour poser une petite atmosphère sympa (le groupe n'est plus qu'un quintet mais Eugene Simone se charge des claviers en studio), le thème de la guitare lead de Cracksleep revient sur le refrain et le chant de Terrence Holler, bien mélodique, est irréprochable... le vocaliste semble ne pas vieillir. Sur cette compo comme sur les suivantes, la production est impeccable, ce qui ne gâte rien. Deep Frost alterne couplet énergique, bien heavy, avec un refrain au tempo plus lent et mélancolique... On avait pressenti que l'album serait sombre, on n'est pas déçu. Aberration Of Nature arrive ensuite et durcit le ton en dévoilant les penchants thrash moderne du groupe. La batterie de Raffahell Dridge tabasse bien pendant que les guitaristes (Simone et Ginanneschi) balancent du riff puissant ou torturé et du solo virtuose (j'ai personnellement toujours pensé qu'on ne faisait pas assez cas du talent d'Eugene Simone). Bilan provisoire : une belle intro et trois compos très réussies... le gang italien fait carton plein ! Rien à redire. 

Ce qui est appréciable, c'est la variété de l'ensemble : chaque nouvelle piste se distingue bien de la précédente. Après la débauche d'énergie sur Aberration Of Nature, le groupe joue la carte de l'accalmie et se pose sur Breath, une sorte de ballade qui reste assez sombre et heavy tout de même. Puis ça repart sur quelque chose de plus heavy et mid-tempo avec Silent Corner au riff qui me rappelle un peu le groupe Nevermore. Encore un excellent solo et un refrain bien fichu en passant. Une jolie plage de piano ouvre le plus progressif As The Night Crawls In... Encore du beau travail au niveau des mélodies mais la seconde moitié de cet album dont cette piste fait partie, bien que toujours de qualité, m'interpelle globalement moins que la première. 

En fait, il n'y a aucune compo que je trouve mauvaise ou même médiocre sur cet opus (bien que j'aime moins le couplet à la ligne de chant un peu saoulante de la thrashy Voices Calling ou que la conclusion offerte par Hidden Friend, une piste assez atmosphérique, bien lente et mélancolique, peine à décoller) mais, d'un autre côté, il n'y pas non plus beaucoup de chansons qui me font m'arrêter et me dire "Waouh ! Quelle claque !". Vers la fin de l'aventure, un morceau retient tout de même plus mon attention que ses voisins : le punchy Night Feelings qui alterne couplet bien heavy et refrain plus léger. 

Si vous suivez et aimez Eldritch depuis ses débuts, Cracksleep, qui est tout de même le onzième album des Italiens, va avoir du mal à vous surprendre. On y retrouve tout ce qu'on aime chez ce combo mais rien de bien neuf. En revanche, il vous plaira car il a de belles qualités et s'inscrit dans la lignée des albums réussis du groupe (sans égaler, à mon sens, mes préférés que sont El Nino ou Neighbourhell). Avec quelques compos un peu plus scotchantes (et pas seulement bonnes) et un peu de renouvellement, cet opus aurait sans doute pu être qualifié d'admirable... En l'état, il demeure un album bien fait, réussi, dont ses géniteurs n'ont pas à rougir. C'est du bon Eldritch, comme souvent, à défaut d'être la claque de l'année. 

Tracklist de Cracksleep :

01. Cracksleep
02. Reset
03. Deep Frost
04. Aberration Of Nature
05. My Breath 
06. Silent Corner
07. As The Night Crawls In
08. Voices Calling
09. Staring At The Ceiling
10. Night Feelings
11. Hidden Friend