C H R O N I Q U E
Einsicht, dont le nom dira sans doute quelque chose aux plus philosophes et germanophones d’entre vous, est une formation de Black Metal française signée chez Gaulhammer Production, qui nous vient tout droit de notre belle Franche-Comté. Forensic The Mind Sprawler est donc leur premier album à ce jour.
Il n’est jamais facile pour un jeune groupe pratiquant le BM de sortir de la fournaise ambiante. Il existe déjà tellement de formations ! Mais il faut parfois laisser le flair faire son œuvre et continuer à chercher, méticuleusement, les pièces rares. Einsicht en fait-elle partie ? Sans aucun doute. Mais prenons nos précautions, chers lecteurs, avant de nous lancer à corps perdu dans la chronique du bébé. Forensic The Mind Sprawler n’est en effet pas un album de Black traditionnel au sens conventionnel du terme, ses influences sont aussi diversifiées que les voix qui le composent. Alors forcément, ça produit des compos qu’on peut qualifier de « personnelles » et parfois d'éprouvantes. Mais n’est ce pas ce que l’on recherche à chaque fois qu’on découvre un groupe ? Pour ma part, c’est toujours l’esprit ouvert que je m’attaque aux écoutes. Pour arriver au moment où justement, vous prenez conscience (="Einsicht" en allemand) de la nouveauté, de la différence et de la richesse expressive et émotive que peut vous procurer un nouvel opus.
Forensic The Mind Sprawler doit donc s’étudier dans la complexité, dans ses influences et sonorités étranges. Il faut se laisser porter par le groupe, les voix maléfiques de Spleen et Arbaal, la guitare sinueuse de Sylla et la batterie martelante de NecroPervertor. Chaque piste procure un nouveau sentiment : l’abandon, la mélancolie, la tristesse, la rage, la colère, qui s’étalent ensuite sur les quelque neuf compos que contient l’album. Et finalement, ce que l’on peut constater, après plusieurs écoutes complètes, c’est la construction d’un Black Metal très original, avec une liberté de jeu et d’interprétation qui apporte un vent d’air frais sur le style. Les mélodies sont aussi tortueuses que les voix arrachées, tonitruantes et endiablées développées par Spleen. C’est un genre de Black schizophrène, qui ne vous laisse aucun répit, torture vos pensées avec ses influences dépressives et inquiétantes. Lone Lorelei, Borderline et Nothing font toutes parties de ce registre au burlesque saccagé. Même si parfois, c'est ma critique, on peut ressentir une forme d'épuisement au bout d'un certain nombre d'écoutes. Il faut y aller avec parcimonie pour éviter l'overdose ! Ecouter les pistes au compte goutte, mais les analyser complétement et attentivement.
Forensic The Mind Sprawler se distingue donc par une approche très tortueuse des sonorités Black habituellement utilisées. Le concept est artistiquement complexe, mérite plusieurs bonnes écoutes, mais ne s’apprécie à sa juste valeur que lorsque l’on a bien emmagasiné le jeu musical développé par Einsicht. Il faut littéralement s’abandonner pour mieux prendre conscience de la qualité artistique des compos de cet album.
Ce premier opus rappelle sans aucun doute les fameux Chants de Maldoror de Lautréamont, dans cette révolte affirmée d’un imaginaire perturbant et complexe, fracassant et sans sommation, dans une torture inconsciente et un martèlement sonore inépuisable...
Tracklist de Forensic The Mind Sprawler :
01. The Spleen Song 02. Borderline 03. Atrabile 04. The Other 05. Lone Lorelei 06. Der Amoklaufer 07. The Night Before 08. Nothing 09. Helioboligismund
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