C H R O N I Q U E

C'est l'été, vous voulez votre petite dose de thrash estival et le dernier Megadeth ne vous a pas franchement convaincu (ce qui est d'autant plus compréhensible qu'il ne fait pas vraiment dans le thrash) ? Et si le groupe qui venait à votre secours s'appelait Duskmachine ? Sait-on jamais, le line-up est alléchant car on nous annonce Joe Comeau (ex-Overkill en tant que guitariste, avant de passer chanteur chez Annihilator le temps de deux albums) derrière le micro, l'excellent batteur Randy Black (actuellement chez Primal Fear) et le bassiste Russ Bergquist, qui ont d'ailleurs fréquenté Joe Comeau chez Annihilator au début des années 2000. N'ayez pas peur, il y a également un guitariste : Nikolai Wurk, pas franchement connu mais qui se trouve être un des membres fondateurs du groupe avec Randy Black (le premier album comptait un chanteur et un bassiste différents). Je découvre Duskmachine aujourd'hui, j'ai déjà entendu le nom mais jamais de chansons... je lis que le groupe a souvent été comparé à Grip Inc. ou Nevermore... Voilà qui est alléchant. Allez, on lui donne sa chance ? C'est parti !

Dès le premier titre, I Feel No Pain, ça ne rigole pas. Riff thrash, suivie d'une rythmique soulignée par une double grosse caisse remontée à bloc, changement de rythme, un Joe Comeau qui donne de la voix et fait varier son chant (entre lignes mélodiques et gueulantes ultra-agressives) comme pour rappeler que cela fait trop longtemps qu'on ne l'avait pas entendu (et oui, Waking The Fury d'Annihilator, c'était en 2002 !)... le tout est solide et puissant. Un bon mélange de heavy bien lourd et de thrash incisif. Une sirène retentit, c'est le début de Bloodshed. La batterie de Randy Black (toujours excellent) fait son entrée, le riff est efficace à défaut d'être surprenant, le chant de Comeau assez mélodique excepté sur le break où il hurle "Eins, zwei, drei" comme un damné. Puis arrive Endless (dont vous pouvez découvrir la vidéo en cliquant sur le lien dans la tracklist) toujours dans un style heavy thrash moderne et sombre alternant rythmiques puissantes et refrains un peu moins belliqueux. Tout cela est bien efficace, technique et produit avec soin... le seul bémol est que ça n'est pas particulièrement original. Bien heureusement, Duskmachine, même s'il ne s'est pas fixé comme but de réinventer la roue, a quelques atouts disséminés tout au long de cet album. Deux points forts non négligeables : une vraie variété des ambiances et tempi (Duskmachine est un titre mid-tempo assez hypnotique avec quelques montées en puissance très réussies, Dying In My Skin fait dans le lourd et sombre avec de beaux choeurs en intro et un coté power ballade séduisant sur le couplet, Conquer All est un morceau thrash véloce de moins de trois minutes, My Empty Room est une ballade douce et mélancolique qui n'hésite pas à débrancher la guitare pour laisser place à des sons plus clairs...) ce qui évite d'avoir l'impression de tout le temps écouter la même chanson, et la présence d'un vocaliste enclin à utiliser les différentes facettes de sa voix plutôt que de chanter d'une seule et unique façon pendant trois-quarts d'heure.

Duskmachine est un album solide, puissant et suffisamment varié pour qu'on ne s'ennuie pas en le parcourant. Aucune compo n'est ratée, les musiciens ne sont pas de petits débutants et leur association tient ses promesses (je me répète mais la conviction de Joe Comeau fait plaisir à entendre), un soin important a été apporté à la mélodie sans que cela ne porte préjudice à l'agressivité propre au heavy-thrash metal. Tous les morceaux proposés ne séduisent pas forcément dès la première écoute mais cet opus gagne à être creusé tant il marque des points au fur et à mesure qu'on le redécouvre. Voilà donc un travail de qualité qui devrait intéresser les amateurs du genre. 

Tracklist de Duskmachine :

01. I Feel No Pain
02. Bloodshed
03. Endless
04. Duskmachine
05. Dying In My Skin
06. Conquer All
07. Dripping
08. My Empty Room
09. Hands Of Fate
10. Escape

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