Dream Theater

Artiste/Groupe

Dream Theater

CD

A Dramatic Turn Of Events

Date de sortie

Septembre 2011

Style

Metal Progressif

Chroniqueur

Hellblazer

Note Hellblazer

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Il en est coulé, de l'encre, sur le départ de Portnoy, le recrutement de son remplacement et l'arrivée de l'heureux élu, Mike Mangini (ex-Extreme, Steve Vai, Annihilator) au poste tant convoité de batteur du Théâtre du Rêve. Comment continuer la route sans ce pilier qu'était l'autre Mike, qui composait (ou co-composait) la majorité des titres ?

La réponse tient en neuf titres, dont l'impression globale est une émancipation réelle du groupe, sans toutefois se révolutionner. Et pourtant, lorsque défilent ces nouvelles compos, on entend un vrai changement, pas toujours franchement définissable, mais indéniable néanmoins. A la fois un poil moins complexe que ses récents prédécesseurs, mais tout en restant bien alambiqué, ce tour que prennent les évènements n'est pas dramatique, bien au contraire. Tout le monde s'y est mis, les crédits l'attestant, et mis à part Mangini qui a su trouver son humble place dans l'équipe en bon exécutant, ses quatre comparses ont tous mis la main à la pâte... même Labrie, qui co-signe la moité des morceaux.

Coté technique, un casting en béton avec Paul Northfield à l'enregistrement, Andy Wallace au mixage et Petrucci himself à la production, élément qu'il maîtrise désormais parfaitement... il suffit de constater le son énorme pour s'en convaincre.

Coté structure, le groupe alligne pas moins de quatre titres longs, dépassant les dix minutes, un seul au final restant en format court avec un peu moins de quatre minutes. Dans ces conditions, impossible de proposer une musique simpliste et vide de contenu, vous vous en doutez. L'objet est donc bien dense, mais ce n'est pas pour autant du remplissage, loin de là.

Un track by track sur un tel album emplirait plusieurs pages, d'autant plus que Dream Theater n'a pas fondamentalement changé sa formule... Titres longs à tiroirs, structures sophistiquées, crescendos galvanisants, breaks subtils, soli époustouflants, et toujours une alchimie rare entre puissance et finesse, agressivité et mélancolie... Je vais donc m'attarder sur les changements principaux qui marquent cette nouvelle mouture des anciens de la prestigieuse Berklee Music School, où Mangini a d'ailleurs officié lui aussi, mais en tant que maître de conférence (rien que ça...).

Dès les premiers pas de On the Backs of Angels, l'on retrouve les éléments précités, qui ont fait le succès du groupe, avec toujours une intro à la fois subtile et grandiose, qui ouvre sur un mid-tempo rythmé en acier par Petrucci... le ton est donné, on sait qu'on est venu au bon endroit. La suite sera à l'envi, avec de notables nouveautés que voici : Labrie, tout d'abord, dont le chant ne fait que se bonifier avec le temps, et qui, loin de sa période Awake, a su moduler son organe pour lui donner toujours plus de variété, relief et agressivité. La résultante en est une anti-linéarité du chant tout au long de l'album. Par ailleurs, au travers de l'implication nouvelle de chacun dans les compos, la présence et l'influence de ceux qui étaient jusque là de simples exécutants se fait fortement sentir, avec en première ligne le fantasque et hyper créatif Jordan Rudess, qui sait tirer le meilleur (et le plus inventif) de ses claviers aux multiples effets, tant sur les sublimes lignes de "simple" piano que sur l'utilisation bien plus farfelue de la technique, sans toutefois tomber dans l'expérimentation stérile... il dose juste et vise non moins juste, pour un résultat plus libéré, mélodieux et moins démonstratif qu'avant. Les claviers étant responsables de l'atmosphère générale, imaginez l'effet global... John Myung, ensuite, discret et fidèle lieutenant, s'est vu ouvrir les portes de la participation à la réalisation et n'est plus qu'un simple bûcheron de la basse. Tranché et précis, il a composé aussi. Comme il va de pair avec Mangini en section rythmique, et que ce dernier n'a pas levé le crayon pour composer, le rôle de Myung s'en est vu largement accru.

Petrucci, lui, s'est donc vu propulser au nouveau rang d'unique leader, sans pour autant avoir chopé le melon, ce qui est très appréciable, car l'on sent immanquablement à l'écoute du disque qu'il sait être un capitaine humble, qui n'essaye pas de s'arroger les feux de la rampe. Il abat donc un boulot (encore une fois) ahurissant, écoeurant de maîtrise, mais en parfaite osmose avec ses compagnons dans un nouveau souffle... Merci Portnoy, et désolé aussi, car si son départ a choqué du monde, il était sans doute le détonateur d'une libération nécessaire pour les new-yorkais.

Et puis il y a les "vraies" nouveautés, comme par exemple Build Me Up, Break Me Down, et son coté électro, qui bouscule les codes de DT, avec entre autres la voix de Labrie au vocoder... Avec son intro grandiloquente, le résultat en est excellent.

Coté Mangini, puisqu'il faut bien en toucher un mot, que dire ? Bien malins seront ceux qui pourront comparer son jeu à celui de son prédécesseur et dire en quoi il est vraiment différent. Lui aussi démonte son kit tentaculaire, donnant le meilleur de lui-même, arcbouté sur une technique à faire pâlir une pieuvre. Conclusion : excellente recrue, qui s'est fondue dans le groupe à la perfection.

Bref, l'on pourrait en déballer des tonnes sur la richesse des neuf titres, mais les fans n'attendront pas de lire ce qui ne sont que des mots pour sauter sur cette galette puissante et inspirée... Car ils sont fidèles... Et qu'elle est véritablement très inspirée, la technique des cinq restant coûte que coûte au service de la mélodie, qu'on se le dise.

Fans de Dream Theater, dormez donc sur vos deux oreilles, le groupe a relevé le défi du changement de line-up et passe haut la main cette épreuve du feu avec un A Dramatic Turn Of Events plus fort que jamais, et qui marque enfin un re-départ dans la carrière du groupe. Mais franchement, venant d'eux, pouvait-il en être autrement ?...

 

Tracklist de A Dramatic Turn Of Events :

1. On the Backs of Angels
2. Build Me Up, Break Me Down
3. Lost Not Forgotten
4. This Is the Life
5. The Shaman's Trance
6. Outcry
7. Far from Heaven
8. Breaking All Illusions
9. Beneath the Surface

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !