DIMMU BORGIR

Artiste/Groupe

Dimmu Borgir

Album

Puritanical Euphoric Misanthropia

Date de sortie

2001

Style

Black Symphonique

Chroniqueur

Jester

Site Officiel

www.dimmu-borgir.com

C H R O N I Q U E

A l'aube du nouveau millénaire, en 2001, les norvégiens n'en étaient plus à leur coup d'essai avec 6 albums au compteur, et leur nouvel opus suscitait beaucoup d'attente et de curiosité. En effet, le Dimmu Borgir des débuts n'avait rien à voir avec le Dimmu de Enthrone Darkness Triumphant, teinté de synthés omniprésents, ou du Dimmu de Spiritual Black Dimensions, marqué par des envolées conjugées des synthés, de la guitare d'Astenuu et de la voix du nouvel arrivant ICS Vortex.

Donc la grande question était de savoir quel allait être leur nouvel approche de "leur" black-metal, et si nous n'allions pas être déçu en repensant à Enthrone. Force est de constater qu'il y eut bien peu de décus !

Tout, ou presque du black-metal est dans cette galette, de la pochette provocatrice jusqu'aux messages apocalyptiques, en passant par des atmosphères noires et des voix gutturales. L'album en lui-même est dailleurs construit méthodiquement d'une intro envoutante et apeurante, jusqu'à une conclusion magnifique que l'on croirait sortie de la main de John Williams ou Hans Zimmer.

Allons un peu plus loin. Cette introduction, "Fear and Wonder", est digne d'un début de symphonie en deux temps. Si le premier est rempli d'espoir, la seconde partie (Fear) est beaucoup plus ténébreuse. On peut s'étonner de la facilité des norvégiens à basculer le tempo aussi aisément, mais nous n'avons pas le temps de retenir notre souffle que la seconde piste déboule, où Galder et Barker envoient la patate dès les premières secondes ; un coup de maitre devenu un classique.

Parlons un peu des musiciens avant de poursuivre. Les nouveaux arrivants sont donc le norvégien Galder à la lead guitar, remplacant l'australien Astenuu, et "le monstre" anglais Nicholas Barker à la batterie, remplacant Tjodalv. Vortex, qui se contentait d'assurer les passages de chant clair dans le précédent opus, se voit attribuer le poste permanent de bassiste.

Et tout ça pour notre plus grand bonheur. Le jeu de Galder, sans être aussi technique et shreddé que celui d'Astenuu, a le mérite d'être simple et efficace. Leur concertation avec Silenoz (la tête pensante du groupe) produit des rythmes originaux ("Blessing Upon the Throne of Tyranny"/"Absolute Sole Right"), des breaks bien conçus ("Sympozium"/"Architecture of a Genocidal Nature"), et des solos toujours juste dans le ton.

Barker lui aussi mettra le feu aux fûts, contrastant nettement avec son prédécesseur ou le métronome Hellhammer par ses variations constantes de rythmes et de caisses, il en mettra plein les oreilles du début à la fin. Ecoutez les descentes qu'il s'amuse à faire sur "Indoctrination", et vous pourrez vous convaincre du génie du bestiau.

Vortex quand à lui assure sobrement la basse, tout en ajoutant son chant clair sur certaines pistes, les rendant pour le coup beaucoup plus mélodiques et entrainantes, un très bon choix des norvégiens.

Shagrath quand à lui s'essaiera pour la première fois à un chant très électronique, cf l'excellent "Puritania", mais sera toujours magistral sur les passages caverneux ou autres cris cinglants dont il a le secret, tandis que Mustis au clavier sera aussi impérial que sur Spiritual Black Dimensions, avec des synthés légèrement en retrait, mais sa patte est bien présente.

Reconcentrons-nous sur la musique, on se rend rapidement compte que non seulement l'album est intelligemment construit, mais que chaque piste semble avoir été soignée et peaufinée jusqu'à épuisement. Prenez "Kings of the Carnival Creation", ce qu'on pourrait aisément qualifier d'une "masterpiece" de 5 minutes vu l'intro planante au synthé, les 3 breaks différents, pour finir par des arpèges rythmés et puissants.

Prenez encore "Indoctrination", commencant sur les chapeaux de roue avec une entame violente limite death, un break au synthé qui sera ensuite repris par la guitare à notre plus grand plaisir, pour finir par une fin apocalyptique reléguant tous les groupes de doom au stade de débutants. La reprise "Burn in Hell" des Twisted Sister sera elle aussi fort réussie dans son genre.

Voila ce qu'il ressort de Puritanical Euphoric Misanthropia, c'est "l'inspiration", mot qui manque cruellement bien souvent pour qualifier nombre d'albums. C'est bien simple, toutes les pistes se démarquent les unes des autres, les airs raisonnent et restent dans la tête très longtemps, entrainant une véritable addiction pour le malheureux auditeur se faisant bercer dans cet univers ténébreux et épique.

Que pourrait-on bien lui reprocher à cet album finalement ? Et bien tout dabord une heure c'est vraiment court ! Hormis cela plusieurs choses. La première, c'est qu'on peut s'étonner que la lead guitar fasse si peu de solos, et qu'ils soient si "basiques" si l'on peut dire ; dans le même temps, cette clarté de la guitare à rester dans la rythmique accentue la rapidité ou la lourdeur des passages... choisissez votre camp. Ensuite, l'on peut reprocher à Vortex de ne pas être assez présent pour accompagner Shagrath au chant, que les passages au synthé sont trop nombreux, que les breaks sont parfois trop longs, que les paroles sont très barbares qui, quand elles ne parlent pas de guerre, parlent de satanisme, ou encore de guerre pour le satanisme. Ce sont des critiques diffuses, mais au final très secondaires qui n'enlèvent pas à cet album son statut de culte si mérité.

Alors, black ou fusion ? Commercial ou fidèle à lui-même ? A vous de vous faire votre opinion, tout ce qu'on peut dire c'est qu'on ne reste pas insensible devant cet album tant il est riche en mélodie ainsi qu'en énergie. Six virtuoses vous offrent un chef-d'oeuvre à écouter et à ré-écouter !

Tracklist de Puritanical Euphoric Misanthropia :

01. Fear and Wonder
02. Blessings Upon The Throne of Tyranny
03. Kings of Carnival Creation
04. Hybrid Stigmata - The Apostasy
05. Architecture of a Genocidal Nature
06. Puritania
07. Indoctrination
08. The Maelstrom Mephisto
09. Absolute Sole Right
10. Sympozium
11. Perfection Or Vanity
12. Burn In Hell (bonus track)