Deuil

Artiste/Groupe

Deuil

CD

Acceptance/Rebuild

Date de sortie

Novembre 2013

Label

Les Acteurs de l'Ombre

Style

Sludge, Black Metal

Chroniqueur

Mythos

Note Mythos

16/20

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C H R O N I Q U E

Avec un nom pareil, ne vous attendez pas à écouter du "Baby Metal" ! La toute jeune formation originaire de Belgique officie en effet dans un condensé assez serré de Sludge et de Black Metal aux sonorités épiques et cathartiques. La pochette, très travaillée, fait immédiatement penser aux fameuses gravures mélancoliques d’Albrecht Dürer. Evidemment, c’est un très beau compliment. La musique suivra-t-elle la belle voie engagée par l’emballage ? Peu s'en faut !

Acceptance/Rebuild, premier LP de Deuil s’impose selon moi par sa narration très structurée en forme de gradation ascendante, climax puis chute finale. Si on voulait aller plus loin dans l’interprétation, on dirait que les deux chansons qui composent l’album, Acceptance (l’acceptation, la reconnaissance) et Rebuild (reconstruction, restauration), font référence aux deux étapes finales du deuil. C’est à dire le moment où l’on accepte la perte d’un être cher, où l’on conçoit enfin son départ inopiné, pour ensuite construire quelque chose de nouveau, et tout simplement continuer à vivre malgré la mort, toujours brutale. Deuil qui est, comme vous l’aurez remarqué, le nom du groupe.  

Mais ce n’est pas la seule et unique possibilité, car ces deux chansons sont construites comme des épopées littéraires. C’est donc spontanément sous forme de récit que j’ai pensé vous partager mon appréhension de l’album.

Les Belges nous emmènent en vingt-six minutes chrono à vivre une expérience où il faut accepter de se laisser porter par les guitares lentes puis rapidement entraînantes, sur fond de voix qui se lamentent et martèlent le voyage musical d’un bout à l’autre. Mon voyage aux côtés de Deuil fut marqué par une image forte, celle du visage de Klaus Kinski dans le très bon film Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog (que je recommande chaudement !). Visage qui, au fil de la folle avancée dans la jungle du Pérou, devient de plus en plus dur, expressif, caricatural, comme si la quête du célébrissime Eldorado prenait le pas sur la raison. Le rêve d’or et de diamants rendant l’équipage de conquistadors de plus en plus proche de la démence, les yeux sortant de leurs orbites, la faim rongeant les ventres, la colère au bout du mousquet…

La première chanson de l’album est comme ce moment où les conquistadors s’engouffrent peu à peu dans les méandres du fleuve, guitares au poing sur la barque du Sludge, moment où les esprits s’échauffent, les avis divergent, les clans se créent, et un nouveau chef prend le pouvoir, agissant, telle une éminence grise, dans l’ombre d’un pantin sans courage. La batterie frappe, frappe, frappe, pour ne laisser place finalement qu’à une lente descente mid-tempo où les voyageurs, comprenant que le périple n’aura finalement pas la fin escomptée, se laissent porter par la douce folie du fleuve.

Puis vient la seconde chanson, Rebuild, le moment annoncé de prise de conscience de l’équipage. Des voix féminines entonnent doucement des chants tristes de paysans, mais c’est un leurre, une nouvelle illusion de l’esprit. Les conquistadors ne sont plus que des zombies balancés par les guitares et les cris incessants du Metal. La mort approche et clôture brutalement une folle épopée où le spectateur-auditeur ressort changé, et c’est le principal ! 

L’album est donc une belle réussite, on ne regrettera que la courte durée des deux pistes, vingt-six minutes seulement au total… D’où mon « peu s'en faut » du début, du « presque coup de cœur », à deux doigts de me laisser submerger par la musique envoûtante des Belges… Néanmoins le tout est assez remarquable, on ne peut que les encourager à poursuivre dans cette voie. On attend avec impatience la prochaine épopée ! Ne nous décevez pas ! Mais en attendant vous pouvez déjà vous régaler avec celle-ci. Vous ne serez pas déçu par le voyage, peu importe où il vous emportera, je ne peux que vous souhaiter que le souffle de Deuil vous emmène le plus loin possible !

 

Tracklist de Deuil :

01. Acceptance
02. Rebuild

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