Artiste/Groupe:

Darkthrone

CD:

Astral Fortress

Date de sortie:

Octobre 2022

Label:

Peaceville

Style:

Metal

Chroniqueur:

Ignatius

Note:

16/20

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Il y a quelques mois, j’ai collé, la mort dans l’âme, un vilain 11/20 au Eternal Hails de Darkthrone, l’album était inintéressant, lent, poussif et je dois avouer avoir été saisi d’un réel effroi lors de la première écoute du petit nouveau dont il est question aujourd’hui. Rien ne semble avoir changé, c’est toujours aussi mou et je m’ennuie même si quelques riffs semblent sortir du lot, même si quelques sons inhabituels chez Darkthrone créent la surprise le temps de quelques mesures, je ne distingue rien qui puisse néanmoins faire naître un début d’excitation chez moi. 
Mais, étant un chroniqueur consciencieux, je ne rédige jamais après une seule écoute (heureusement) et j’ai donc insisté, je me suis infligé l’album encore, et encore, afin d’être certain de ne pas passer à côté de quelque chose. Et j’ai commencé à y revenir par plaisir, de moins en moins par obligation. Étrange…ou pas tant que ça, ces riffs de prime abord simplistes font un travail de sape redoutablement efficace et s’ancrent dans le cerveau. Nocturno Culto est inspiré et nous piège dans ce faux rythme progressivement envoûtant emmené par un Fenriz infaillible au jeu rustique et tellement juste. Je laisse faire, l’album pose ses jalons paisiblement et ronge tranquillement l’a priori négatif avec lequel je l’ai abordé, des portes s’ouvrent, des images se créent, je suis interpellé, décontenancé et, finalement, captivé.

Astral Fortress est froid, souvent lent, certes, mais surtout lancinant, presque obsédant. C’est un disque d’hiver, presque contemplatif, qui hypnotise et se révèle bien plus inspiré et habité que son prédécesseur.  En témoignent le riff final de Caravan of Broken Ghosts qui tourne sur lui-même, les claviers sublimes de Stalagmite Necklace, la délicieuse mélancolie que laisse échapper The Sea Beneath The Sea Of The Seas, pièce centrale et maîtresse qui domine l’album du haut de ses dix minutes imparables mais aussi les trémolos noirs de Impeccable Cavern Of satan ou les arpèges psychédéliques de Eon 2, autant de moments qui se livrent un peu plus à chaque écoute et finissent par former un ensemble beaucoup plus dynamique et varié que la première approche ne le laissait entrevoir. Astral Fortress est un traquenard qui vous nargue sous ses airs débonnaires et son étrange pochette, un piège tendu à l’auditeur qui aura la patience de laisser cette atmosphère feutrée infuser tranquillement et, à bien y repenser, n’était-ce pas la même chose avec Under A Funeral Moon ou Transylvanian Hunger qui, derrière leur laideur évidente et un premier contact repoussant pour le non initié, révélaient aux persévérants ces trésors cachés qui nous ont, en leur temps, tant touchés.  

Astral Fortress semble figé par le froid, morne comme les plaines enneigées de décembre mais définitivement chargé de cette magie qui émane de la saison blanche, quand la neige recouvre tout et étouffe nos bruits. Ne reste alors qu’un silence glacé, la pureté du paysage et la quiétude. C’est ici que se situe l’album, certains vont s’ennuyer devant ce spectacle d’une nature endormie où il ne se passe visiblement rien, d’autres vont saisir l’instant et en profiter pour ressentir les choses en profondeur. L’extrême simplicité, car la musique de Darkthrone l’est très clairement, se mérite aussi.

 

La musique est une histoire de magie, elle opère ou pas, Eternal Hails m’avait saoulé, Astral Fortress, en reprenant les mêmes codes, m’aura finalement ensorcelé. Rien ne change et pourtant rien n’est pareil, pas de révolution mais une charge émotionnelle qui modifie radicalement la donne, quelques nappes de synthé magnétiques, d’une insolente simplicité, un The Sea Beneath The Sea Of The Seas triomphalement scandé a capella et tout bascule dans un autre monde. J’ai pensé cette relation définitivement terminée mais le cultissime duo Norvégien a su me reconquérir en m’emmenant de nouveau errer dans ces contrées sonores, hors du temps, avec ce disque simple, mystique, terreux… cosmique.

 

Tracklist Astral Fortress :

01. Caravan Of Broken Ghost
02. Impeccable Caverns Of Satan
03. Stalagmite Necklace
04. The Sea Beneath The Seas Of The Sea
05. Kevorkian Times
06. Kolbotn, West Of The Vast Forests
07. Eon 2

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