Artiste/Groupe:

Dagoba

CD:

Tales Of The Black Dawn

Date de sortie:

Juin 2015

Label:

Verycords

Style:

Death Indus Moderne

Chroniqueur:

Lurk

Note:

17/20

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A chaque sortie de Dagoba, c'est un peu la même chose : beaucoup d'excitation avant, et beaucoup de satisfaction après. Le précédent s'était tellement fait attendre que j'ai l'impression que celui-ci, Tales Of The Black Dawn, est sorti dans la foulée. Ainsi, Post Mortem Nihil Est n'avait-il toujours pas fini de tourner dans ma chaîne Hi-fi que les premières annonces tombaient, et à peine le teasing avait-il fini de prendre que l'album se retrouvait sur mon disque dur. 

Tales… est donc le sixième album de Dagoba, et la recette, on commence à la connaître. Mais ce qui me plaît avec ce groupe, c'est que malgré une patte reconnaissable entre mille, leur son continue à évoluer doucement. Ainsi, nos repères sont toujours là, tout comme la puissance de feu habituelle ; mais le groupe tente quelques petites nouveautés et prend quelques risques. Cette démarche n'est pas pour me déplaire.

Si je ne m'abuse, Post Mortem Nihil Est n'était pas un album conceptuel, mais il possédait quand même une ligne directrice "C’est l’Armageddon vécu au travers de plusieurs personnages." Je n'ai pas d'interview sous le coude pour le confirmer, mais il semblerait que ce soit à nouveau le cas. A ce que je perçois, l'album se déroule tel une nuit, commençant par l'épilogue de la journée qu'est le crépuscule et se terminant par les lueurs de l'aube. Et entre ces deux points, plusieurs histoires nocturnes mêlant vaudou (Sorcery, Morning Light), zombies (Born Twice) et autres joyeusetés de films d'horreur.

C'est donc Epilogue qui ouvre l'album sur une intro (presque) bucolique, les grillons laissant rapidement place à quelque chose de plus inquiétant, industriel et froid, avec des sonorités tribales distantes. Le hululement d'une chouette vient rajouter un sentiment incongru ; quelque chose d'ésotérique est en train de se passer. The Sunset Curse déboule tout de suite après. Ce morceau n'est pas le premier single pour rien. Massif et épique, il nous plonge aussitôt dans l'ambiance de l'album et est porté par un refrain en chant clair dont Shawter a le secret. Après avoir accroché son auditeur, Tales Of The Black Dawn se permet de le malmener avec un Half Damn Life bien plus énervé au riff saccadé. Exit le chant clair, on a le droit à des hurlements viscéraux dans un registre un peu plus haut que la moyenne (de Dagoba), avec un grain très agréable à l'oreille. Eclipsed reste dans un registre similaire, sans chant clair et très hargneux, mais avec un riff un peu plus accrocheur, plus de groove, plus de blast et plus de mélodie. Oui oui, rien que ça. Il va sans dire que l'album part sur les chapeaux de roue et pourtant, ce n'est même pas un des titres les plus forts de l'album. Il fait assez pâle figure à côté d'un Born Twice massif, tantôt groovy, tantôt porté par un tapis de roulement de grosse caisse. 

Quand je suis arrivé à The Loss lors de ma première écoute, j'étais scotché. En effet, ce morceau attaquant sur un riff ultra accrocheur à la DevilDriver et porté par un chant clair distordu avec un effet "radio" m'a subjugué toute la première minute, jusqu'à l'arrivée du véritable chant clair. Et là, grosse redescente. M***e, voilà ce que j'appelle ruiner un hit en puissance ! J'entends l'émotion que Shawter essaie de placer dans son chant, mais je ne la ressens pas du tout ; et surtout, je la trouve complètement à côté de la plaque face à l'énergie dévastatrice développée auparavant dans le morceau. Et à mon oreille, ça sonne décalé, limite faux ; pourtant, il sait chanter, le bougre. En plus de cela, les parties instrumentales n'accompagnent pas du tout le chant sur ces passages ; alors quitte à conserver ces parties plus axées sur l'émotion, autant les accompagner plus pertinemment pour créer un vrai contraste… Tant pis, passons à la suite.

Sorcery revient donc dans un registre plus traditionnel, ponctué par des rires de dément et quelques bruitages mécaniques développant une atmosphère agréablement vicieuse, pesante et sombre. Avec O. Inverted World, c'est à nouveau une ambiance épique qui s'installe, donnant la pêche et l'envie de se lever pour massacrer du zombie ou que sais-je. Et cerise sur le gâteau, un mini solo aux sonorités dissonantes ajoute une petite touche tordue qui colle bien à l'ambiance de l'album. The Dawn voit le retour du chant clair, et nous prouve qu'en fait Shawter n'est pas un manchot avec sa langue et que The Loss n'est bien qu'une erreur de casting. Ce titre est un peu plus dans l'émotion justement, et il est à la fois beau et épique avec une fin cataclysmique. Sans s'en rendre compte, on arrive déjà à la fin avec Morning Light. Encore une fois, c'est du Dagoba comme je l'aime, varié et puissant, mais aussi saccadé, ambiancé… L'album se conclut sur des chants d'oiseaux printaniers, la vie peut reprendre son cours, la tempête est finie.

Une fois cet album fini, je me sens conquis comme d'habitude : je n'ai pas vu le temps passer, et il y a bien moyen que j'aille le chercher dès sa sortie chez le disquaire du coin. Mais une part de déception subsiste quand même en moi, j'ai le sentiment qu'avec The Loss, Dagoba tenait quelque chose de nouveau pour lui, terriblement efficace, avec tellement de potentiel... mais malheureusement gâché par un choix artistique qui ne me parle pas (et c'est un bel euphémisme). Cependant, ce n'est pas parce que j'en ai fait tout un paragraphe en milieu de chronique que je ne vous conseille pas chaudement ce Tales Of The Black Dawn. Le groupe a évolué, a expérimenté et nous propose encore une fois un album de qualité.

 

Tracklist de Tales Of The Black Dawn :

01. Epilogue
02. The Sunset Curse
03. Half Damn Life
04. Eclipsed
05. Born Twice
06. The Loss
07. Sorcery
08. O. Inverted World
09. The Dawn
10. Morning Light