Artiste/Groupe:

Coroner

CD:

R.I.P.

Date de sortie:

1987

Label:

Style:

Thrash Technique

Chroniqueur:

Orion

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C'est une évidence, et tout le monde vous le confirmera : le Thrash vient des Etats-Unis. Ceux que l’on connaîtra plus tard sous l’appellation du "Big Four" ont sorti des albums qui font déjà figure de référence à l’époque (Master Of Puppets, Reign In Blood, Among The Living, Peace Sells..). Mais l'Europe organise la contre offensive. Celle-ci vient d’Allemagne principalement avec KreatorSodom et Destruction qui se placent déjà comme de sérieux rivaux à leurs homologues américains. Et en cette année 1987, ils sont rejoints par un renfort de poids qui met fin à la neutralité légendaire de son pays d’origine : un trio suisse répondant au doux nom de Coroner.

C’est une intro au piano bien sombre qui nous accueille. Une sorte de musique funéraire qui accompagne le concept global (nom du groupe, de l’album, l’illustration de la jaquette et les urnes funéraires au dos de la pochette, au nom des trois musiciens). Mais après cette mise en bouche macabre, on entre dans un autre monde : Reborn Through Hate. Ca reste sombre mais pour décaper, ça décape, il y a de quoi réveiller un mort avec ce titre. Les accords dissonants de Tommy Vetterli (alias Tommy T. Baron), les rythmiques changeantes à tout bout de champ, la voix râpeuse, presque étouffée mais toutefois agressive de Ron Broder (alias Ron Royce) et la frappe millimétrée de Marky Edelmann (alias Marquis Marky), le tout sur un tempo bien rapide (le prochain qui vous dit que les Suisses sont lents, faites-lui écouter cet album, il risque de réviser son jugement). Voilà les ingrédients de la musique de notre trio morbide. A peine la première gifle digérée, When Angels Die vous en remet une couche. Pas le temps de reprendre votre souffle que vous êtes entraînés dans un cyclone de riffs. Et dire que Vetterli est tout seul pour faire ça !
Puis vient l’instrumental Nosferatu. Si vous ne vous en étiez pas bien rendu compte avant, là, vous êtes assis par terre, impressionnés par le bagage technique des trois musicos. Tommy T. Baron, Ron Royce et Marky Marquis sont des monstres de précision (suisse !) et dans ce style musical, alors que c’était un peu la course pour savoir qui serait le plus bourrin (n’est-ce pas Kreator ?), Coroner repense le Thrash par la maîtrise technique des instruments. Le trio est aussi à l’aise quand ça speede intensément (Suicide Command) que sur les tempos hyper complexes (Spiral Dream) et totalement dans son bain quand les deux sont réunis (R.I.P., Fried Alive, Totentanz).
Un autre combo suisse vient évidemment en tête et il fait partie des influences du jeune groupe. Il s’agit de Celtic Frost. D’ailleurs, Tom G. Warrior, leader de Celtic Frost faut-il le rappeler, fut leur premier chanteur avant l’arrivée de Ron Broder et a écrit les paroles de Spiral Dream, seul titre rescapé de la démo (devenue culte) du groupe, Death Cult. On notera tout de même que la version présente ici est carrément plus rapide que la première mouture (le titre a ici perdu près d’une minute).
D’autres influences, plus diffuses mais néanmoins réelles, viennent de la musique classique. C’est flagrant sur les intros, notamment celle de Totentanz qui est directement tirée de l’œuvre de Robert De Visée. L’outro, elle, nous emmène dans une nouvelle direction que l’on peut aisément qualifier de gothique.
R.I.P. est une claque magistrale qui montrait qu’il allait aussi falloir compter avec les combos européens en matière de Thrash. Car Coroner, avec son premier album, venait d’élever le débat et renvoyait pas mal de musiciens du style à l’étude de leur instrument.
 
Phil Pestilence, éminent confrère, avait écrit dans les pages d'Hard Rock Magazine à l’époque de la sortie de R.I.P. : "Ce premier album respire la perfection et le génie et ce, même si la majorité n’y trouvera vraisemblablement pas son compte". Pas d’inquiétude Phil, pas mal de Thrashers ont bien compris le potentiel de ce groupe exceptionnel et ce, dès ce premier album. Les autres, ceux qui ont pris le train en marche, se sont aussi rendus compte assez rapidement de cet état de fait. Et pour ceux qui ne découvriraient le groupe qu’après cette lecture (il n’est jamais trop tard), je leur promets quelques bons moments de plaisir à l’écoute de son œuvre.

 

Tracklist de R.I.P. :

01. Intro
02. Reborn Through Hate
03. When Angels Die
04. Intro (Nosferatu)
05. Nosferatu
06. Suicide Command
07. Spiral Dream
08. R.I.P
09. Coma
10. Fried Alive
11. Intro (Totentanz)
12. Totentanz
13. Outro