Afin de remettre l’église au milieu du village, mes amis coreux, vous apprendrez que le petit monde du hardcore est un des mouvements qui, depuis sa création courant 80’s, a énormément évolué. Si l’on compare des groupes comme Cro-Mags ou Black Flag avec Killswitch Engage ou encore Botch, il faut reconnaître que le grand écart faciale est de mise. C’est, à mon sens, un des mouvements qui a su le plus se remettre en question décennies après décennies… C’est grâce à des groupes comme The Dillinger Escape Plan, Cave-In ou encore Converge, qui ont eu, entre autre, l’intelligence d’incorporer des éléments novateurs à cette musique qui, du coup, reste toujours en ébullition.

C’est pour cette raison que j’ai envie aujourd’hui de vous parler de Jane Doe de Converge, un groupe unique qui sort un album qui, en trois-quarts d’heure, va à jamais changer la face du Hardcore.

Je me souviens quand j’ai appuyé sur le bouton Play de ma chaîne Hi-Fi pour mettre une première fois l’oreille dessus et que j’ai fait face à Concubine… Comment vous dire ce que j’ai pu ressentir en une minute dix que dure ce morceau ?… Je me suis immédiatement retrouvé dans la peau d’un masochiste qui prend sa première fessée et qui sait que son plaisir vient de la douleur qu'il s'inflige… Converge sur cet album, c’est ça : une violence primaire avec des riffs inattendus, des ambiances dérangeantes, le chant de Jacob Bannon hurlé avec une rage folle, une véritable agression jouissive.


Mais les collègues ne sont pas en reste, Kurt Ballou est vraiment un guitariste d’exception qui a une manière tellement personnel de composer. Ces riffs sont à la fois techniques, d’une rapidité d’exécution incroyable tout en conservant de la mélodie et un aspect méphitique lancinant. Le bassiste Nate Newton ne se fait pas prier pour exacerber les compositions de Ballou par un jeu d'une énergie débordante. Comme quoi il en faut peu pour être heureux (désolé…) Et puis la vraie bonne pioche de Converge pour cette galette, c’est l’intégration de Ben Koller qui, lui, transcende totalement les compositions. C’est un véritable lion sous amphétamines, jamais rassasié ; il blast, descend les tomes, use et abuse de la double pédale, c’est le coup de pied dans l’arrière-train qui vous propulse vers les étoiles.

On a toujours l’impression que le groupe est au bord de l’explosion, sur un fil, que tout doit disparaître, l’urgence qui se dégage est hallucinante. Cet album est une prise à la gorge à laquelle on ne peut échapper. La cohérence dans le chaos, c’est la force de Converge.


Mais au-delà de l’aspect très brut de décoffrage qui se dégage, Converge tend à se calmer au fur et à mesure du déroulé de l’album… Il faut relativiser ce propos puisqu’il aurait été plus délicat de monter encore en puissance et des titres comme Bitter And Then Some et The Broken Vow sont là pour vous rappeler que ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Des titres comme Phoenix In Flight, avec sa touche post-core, rappellent que Converge ce n’est pas qu’une bande de bêtes férus de violence ; il y a aussi l'étonnant Phoenix In Flames qui n’inclut que du chant et de la batterie.

En guise de conclusion, le titre éponyme Jane Doe prend son temps, pose l’ambiance pendant plus de onze minutes et nous accompagne vers une fin… Le décalage entre la voix écorchée vive de Bannon et le chant clair de cette jeune femme offre un contraste qui donne des frissons. En mid-tempo, les riffs qui tournent comme des possédés, accentuent le malaise, l’envie de se mettre en boule sur le sol, en pleine opposition avec la grandiloquence du morceau. C’est à grand coup de butoir que Converge enfonce le clou pour ce qui est et restera un chef-d’œuvre intemporel.


Tracklist de Jane Doe :

01. Concubine
02. Fault And Fracture
03. Distance And Meaning
04. Hell To Pay
05. Homewrecker
06. The Broken Vow
07. Bitter And Then Some
08. Heaven In Her Arms
09. Phoenix In Flight
10. Phoenix In Flames
11. Thaw
12. Jane Doe