Artiste/Groupe:

Chelsea Wolfe

CD:

Hiss Spun

Date de sortie:

Septembre 2017

Label:

Sargent House

Style:

Dark Indie Rock

Chroniqueur:

Kjeld

Note:

12.5/20

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Les artistes ont toujours eu besoin d'exprimer leurs malaises, leurs peurs, leurs tristesses. Certains le font crûment sans se soucier des réactions engendrées par le résultat, juste parce qu'ils ont besoin d'expulser le poison, d'éloigner la folie qui guette. D'autres mettent le mal-être en scène, le modèlent, l'entretiennent et le stylisent jusqu'à l'outrance. Chelsea Wolfe appartient manifestement à cette seconde catégorie et la mise en scène, dans le cas présent, manque cruellement de subtilité, les ficelles sont des cordes et l'image que veut renvoyer d'elle la jeune femme saute trop facilement aux oreilles dès les premières mesure de Spun. Voix lancinante miaulant le malaise sur fond de gros riff graisseux. La recette est éculée, usée, désuette presque mais...ne manque pas de charme pour autant. C'est tout le paradoxe de cet album, on a beau savoir que la dame n'est pas vraiment coupée en trois parties dans la boîte magique, le tour fonctionne quand même. On a beau savoir que tout ça c'est surtout du spectacle, on se prête au jeu sans déplaisir quand l'humeur est peu exigeante.

Chelsea Wolfe ressemble à cette copine de lycée superficiellement scarifiée qui portait sa différence enténébrée en étendard et essayait de quitter la vie en avalant un tube de Magné B6. Celle qui écrivait des poèmes austères sur le désespoir d'être triste dans un monde si gris. Elle s'habillait en noir, se teignait les cheveux en noir, se faisait les ongles en noir, les yeux, les lèvres en noir pour que personne ne rate la masse de ténèbres que chacun de ses mouvement apathiques ne devaient manquer de soulever. Cette ado voyante, incomprise par la masse de ses congénères qui ne se rendaient pas compte que le soleil, ça n'est pas la lumière ni la joie, que le soleil c'est du feu et qu'un jour il va tous nous brûler !!!

Tout comme Manson a le satanisme hollywoodien, Chelsea Wolfe a la psychose arty. Prenant les poses d'une sorcière sur les photos, le regard noir elle se veut inquiétante et perturbée mais au royaume des déjantées, n'est pas Diamanda Galas qui veut ; la folie ne s'acquiert pas, le génie ne s'achète pas. Chelsea Wolfe fait pâle figure avec son spleen propret et ses chansons tantôt rock lourd, tantôt mielleuses ; intimiste ou mutine, ça minaude un peu avec le malin et puis ça s'énerve ; une pincée d'electro, une dose de folk funèbre, une touche de metal bien lourd, on souffle le froid et le tiède. Le talent est là, c'est indéniable, le savoir-faire et la maîtrise aussi, mais Chelsea Wolfe surjoue le drame comme Francis Huster surjoue tout, on exagère l'éxagération et l'ensemble tourne à la caricature...Tranxen 200, ces visionnaires. 

Même si le constat semble accablant le verdict se doit d'être prononcé avec beaucoup plus de nuances car c'est avec un réel plaisir que l'on se laisse glisser dans le lit de mélodies vénéneuses de l'obsédant Vex, séduire par la beauté désabusée de The Culling, ensorceler par le magnétique Static Hum ou griser par le sublime refrain de Twin Fawn, petit bijou de rock brumeux. Loin d'être un mauvais album donc, Hiss Spun donne ce que l'on attend de lui et se révèle plutôt généreux en moments savoureux, mais sans bousculer ni surprendre. Plutôt réussi, même, dans sa catégorie, il manque néanmoins de déraison réelle et d'authenticité pure pour nous déranger et nous faire basculer complètement. Allez Chelsea, oublie que les gens te regardent et lâche-toi maintenant, vraiment...


Tracklist de Hiss Spun
:

01. Spun
02. 16 Psyche
03. Vex
04. Strain
05. The Culling
06. Particle Flux
07. Twin Fawn
08. Offering
09. Static Hum
10. Welt
11. Two Spirit
12. Scrape