C H R O N I Q U E

Quinze ans, c’est le temps qu’il aura fallu à Channel Zero pour ressortir un nouvel album.  Le groupe belge, qui s’était séparé en été 1997 au plus haut de leur popularité, a finalement décidé de remettre le couvert en 2009 pour quelques concerts. Une chose en entrainant une autre et suite à une forte demande de leur public, ils sortent un live début 2010 (Live at the Ancienne Belgique) et annoncent leur retour avec un nouvel album pour 2011. Deux morceaux sont effectivement réalisés très rapidement : Le puissant Hot Summer en Mai et le très bon In the city en Août 2011. Suite à ça, une tournée au Benelux , les singles mis sur leur site (Freedom, Angel Blood, Capitol Pigs) et une participation à la tournée « 70000 tons of metal » dans les Caraïbes, mais toujours pas d’album au format CD.

Et c’est finalement avec une bonne année de retard que ce disque voit enfin le jour et rencontre son public. Et autant le dire, je pense que les afficionados seront comblés. C’est du lourd, du très lourd balançant entre thrash et heavy metal.  Les morceaux s’enchainent bien et martèlent leur rythmique puissante.

Une continuité

Le sixième album studio de Channel Zero est incontestablement un bon retour aux sources.  Le groupe ne s’échappe pas trop des sentiers battus et le remplacement d’un des membres fondateurs (Xavier Carion par Mikey Doling à la guitare) ne se fait pas sentir. L’ensemble est homogène et chacun a droit à sa part du gâteau.

Hot Summer est un bon morceau d’introduction, de mise en forme. C’est court (trois minutes quarante) et c'est au coeur du sujet. Le chant de Franky De Smet-Van Damme est bien en place, la voix railleuse à souhait, le thème metal quasi alternatif est bien souligné par les instruments (avec une mention particulière à la basse). Le second morceau Guns of Navarone fait la part belle à la batterie, et les premiers riffs de guitare se font entendre. La chanson est entrainante et facile à apprivoiser. La suite est un enchainement de morceaux plus violents, avec un style proche de l’album St Anger de Metallica. Electric Showdown, Freedom, Angel blood sont presque dérangeants, malsains et soutenus par un rythme effréné. Ce sentiment est aussi vaguement sensible au début de In The City, mais alors que les morceaux ci-dessus s’enferment dans ce style, celui-ci s’ouvre se libère de ses chaines grâce à la voix bien plus claire et limpide de Frank. Cet excellent titre nous fait regretter qu’il n’utilise pas plus fréquemment cette capacité vocale. Cela pourrait certainement être un plus pour le groupe.

La suite de l’album est plus heavy metal. Slide Line, initie cette phase plus classique avec là encore quelques relents de Metallica (mais plutôt du Black album). C’est suivi du très lourd Hammerhead (c’est du metal, ça tape dûr !), du révolutionnaire, non pas dans la forme mais dans le contenu, Capitol Pigs (« economic power start with grease and with dust, failure of a system crashing down », tout un programme !) avec des riffs bien marqués de guitare, la batterie hachoir de Phil Baheux et la basse assourdissante de Tino De Martino. Le tryptique se termine avec Ammunition, ou les riffs ont encore la part belle. L’album entre en phase terminale sur un morceau plus alternatif (War Is Hell) avec un côté électro et toujours des riffs soutenus, pour se conclure sur une balade rythmée par des tambours (Ocean), je devrais donc plutôt dire une marche militaire, qui nous amène sereinement à la fin du disque.

Et maintenant ?

Bon comme je l’ai dit, cet album est une bonne reprise, toutefois, on peut en attendre plus d’un groupe expérimenté. Car même si il est bon, ce Feed 'Em With a Brick n’atteint pas des sommets. La faute peut-être à un petit manque de risque qui rend le tout un peu monocorde. C’est lourd et cela manque un peu de relief. Espérons qu’avec leur vécu et l’enthousiasme de leur public, Channel Zero reviendra très vite avec un nouvel opus laissant plus de liberté aux expérimentations (notamment vocales) et une part plus grande à leur côté alternatif, typé Korn. Il y a plein de bonnes choses à incuber dans ces deux axes pour permettre au groupe un futur intéressant.

Finalement, comme vous avez pu le lire, Channel Zero est surtout un groupe de scène et à notre grande joie, il se produira le samedi 16 juin entre 12H50 et 13H30 sur la scène principale du Hellfest Festival 2012. Venez les écouter, vous verrez c’est du bon, c’est du belge !

Tracklist de Feed 'Em With a Brick :

01. Hot Summer
02. Guns of Navarone
03. Electric Shutdown
04. Freedom
05. In The City
06. Angel Blood
07. Side Lines
08. Hammerhead
09. Capitol Pigs
10. Ammunition
11. War Is Hell
12. Ocean

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