Artiste/Groupe:

Cannibal Corpse

CD:

Red Before Black

Date de sortie:

Novembre 2017

Label:

Metal Blade

Style:

Death Metal

Chroniqueur:

Kjeld

Note:

16.5/20

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Comment chroniquer un nouvel album de Cannibal Corpse ? Le comparer aux précédents en essayant de comprendre la progression du groupe, de chercher les changements, percevoir les évolutions pour finalement crier à l'immobilisme et à la pure stagnation ? C'est une possibilité en effet car le groupe ne révolutionne évidemment pas sa formule, ne bouleverse pas ses habitudes de composition, ne lutte pas contre ses réflexes d'écriture et ne remet pas en question ses choix de production. Cannibal Corpse fait du sur place, dans ce jardin sanguinolant qu'il a lui-même dessiné, et nous donne ce que nous voulons entendre quand nous achetons leur nouvel album. Inintéressant ? Inutile ? Lassant ? Certainement aux yeux (que dis-je, aux oreilles) de certains, mais voilà, moi j'aime les lasagnes bolognaises et je n'ai aucune envie d'y incorporer de la banane juste pour le plaisir d'en faire évoluer la recette. Il en va de même avec mon Cannibal Corpse ! Je l'aime à la fois ultra lourd, groovy, brutal, massif et tranchant comme une lame et je n'ai aucune envie d'entendre du saxophone, des relents de Sludge ou des riffs Black Metal venir modifier cette mixture si typique que le groupe nous sert avec talent depuis plus de deux décennies. Certains groupes partent à l'avant pour défricher, explorer, d'autres restent en retrait pour assurer les arrières solidement posés sur des bases inamovibles. Cannibal Corpse, au même titre que Slayer, AC/DC ou Iron Maiden, pour ne citer qu'eux, fait partie de ceux-là.

La question de la non-évolution étant réglée, reste donc en suspens l'autre question, essentielle celle-là : ce Red Before Black est-il un bon Cannibal Corpse ? Ma réponse est un oui sans surprises. Sans surprises parce que le groupe n'en réserve en effet (presque) aucune et sans surprise parce que CC maîtrise tellement son sujet qu'il semble aujourd'hui impossible au quintet, animé par une passion sincère et sans failles, de composer un disque juste bon ou moyen.
Loin d'être en roue libre, nos vétérans bouchers prennent visiblement toujours autant de plaisir à mettre en place ces titres usines à riffs et ne ménagent jamais leurs efforts quand il s'agit de laminer sauvagement (Only One Will Die), broyer avec soin (Code Of The Slasher) ou installer le malaise, le putride et l'horreur (Remaimed). Le groupe multiplie les breaks dans des structures aisément lisibles, alternant avec cette facilité légendaire un riffing Death Metal implacable et acéré et des plans typiquement Thrash, véloces et dévastateurs. Cannibal Corpse dans toute sa splendeur, ses refrains ultra efficaces, ses solos toujours bien sentis, posés comme la cerise sur le tas de chairs fumantes, simplement impérial sur ce terrain qu'il connaît si bien.

Mention spéciale à Paul Mazurkiewicz qui est, contrairement à ce que beaucoup semblent penser, LE batteur ultime de Cannibal Corpse. Dépositaire de cette approche résolument thrashy qui fait du groupe un monument unique en son genre, loin des standards ultra brutaux (mais souvent stériles) imposés par la mode des batteurs poulpes qui remplissent 70% de l'espace sonore avec des gravity blasts improductifs joués sur des kits ultra triggés. Paul nous la joue à l'ancienne, 100% bio et sans trucages avec un sens de la mise en valeur du morceau remarquable et une totale dévotion à la dynamique d'ensemble. Un musicien intelligent, humble et, surtout, un très grand batteur !


La production d'Erik Rutan est une fois de plus exemplaire. C'est puissant, incisif, c'est clair, c'est organique. Chaque riff tranche dans le vif et l'auditeur qui se fait molester avec le sourire n'en rate pas une miette tant l'ensemble est précis. Seule la basse d'Alex Webster semble cette fois-ci légèrement en retrait, ne se faisant réellement entendre que sur quelques rares breaks. Dommage quand on connait l'immense talent du bonhomme.

Nous ne tenons évidemment pas là l'album de l'année, la sensation du moment qui va créer le buzz et prendre son monde par surprise. Fort de sa longue et illustre carrière, Cannibal Corpse n'en est pas (plus) là, la jeune playmate provocatrice de Butchered At Birth est devenue une entité solide et respectée, un pilier, valeur sûre de la scène extrême qui délivre une fois de plus un disque riche, dense et intense. Red Before Black est la nouvelle offrande enthousiasmante et généreuse d'un groupe, devenu maître du genre, qui malgré le nombre des années tourne encore et toujours à plein régime. Chapeau bas Messieurs !

 

Tracklist de Red Before Black :

01. Only One Will Die
02. Red Before Black
03. Code Of The Slashers
04. Shedding My Human Skin
05. Remaimed
06. Firestorm Vengeance
07. Heads Shoveled Off
08. Corpus Delicti
09. Scavenger Consuming Death
10. In The Midst Of Ruin
11. Destroyed Without A Trace
12. Hideous Ichor