Artiste/Groupe:

Caligula's Horse

CD:

Bloom

Date de sortie:

Octobre 2015

Label:

Inside Out

Style:

Progressive modern metal

Chroniqueur:

El Piotr

Note:

15/20

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Est-il encore nécessaire de présenter Caligula’s Horse ? Les Australiens se posent depuis 2011 déjà comme une valeur sûre de metal progressif, et travaillent à rester dans les bons souvenirs du public puisqu’ils livrent avec Bloom leur troisième album en cinq ans. La performance est belle, surtout lorsqu’on constate la qualité de leurs deux premiers efforts, en atteste notamment l’unanimité appréciatrice qui accueillit la sortie de The Tide, the Thief & River’s End, en 2013.

Pour autant, il n’est pas nécessaire de réaliser une histoire des suites ratées et des écueils dans les discographies les plus qualitatives pour affirmer que deux bons précédents albums ne garantissent certainement pas la réussite du troisième. Où se situe donc Bloom ? Fier héritier ou bien rejeton infâmant ?

Il nous faudra trouver la réponse dans les huit pistes qui composent le disque, en débutant par le titre éponyme. Tout en douceur, la voix de Jim Grey nous reprend là où elle nous avait laissés il y a deux ans (ou moins, pour les amateurs d’Arcane, dont le bougre est aussi le chanteur), et nous laisse constater que le talent ne l’a pas quitté. Sa voix est pure, aisément identifiable. La suite du morceau lui offre la possibilité de se dynamiser légèrement, et de nous faire apprécier ses contours plus agressifs qui lui siéent tout autant. Et il vaut mieux accrocher avec le timbre du bonhomme si l’on veut profiter un minimum de l’album : le chant est quasi omniprésent. S’il ne s’agit ni d’un bien ni d’un mal en soit, une conséquence fâcheuse en découle pourtant : il faut savoir renouveler les mélodies vocales. Cette nécessité est d’autant plus pressante que les compositions gravitent en très grande partie autour de cet élément. Or, l’album n’est qu’assez rarement traversé de réelles inspirations à ce niveau. Trois titres se distinguent alors de ce magma uniforme : Rust et son couplet haché, Marigold avec son refrain puissant et Dragonfly, à la conclusion démentielle, aussi sur le plan du chant. Ne dramatisons cependant pas : la maîtrise vocale de Jim Grey est incroyable et ce point ne devrait pas ternir votre appréciation du disque (sauf si vous êtes, comme moi, quelque peu indisposés par les parties les plus aiguës du chant et les doubles voix factices qui parsèment les titres). 

L’habileté de Caligula’s horse ne réside de toute manière pas dans son chant exclusivement, mais dans son harmonisation avec ces riffs si particuliers dont seuls les Australiens ont le secret, qui sont un ensemble homogène d’énergies contrôlées, de puissance chirurgicale au son très propre, presque léger. Ces riffs semblent être des héritiers digérés d’un djent ancestral, agrémenté et pacifié afin d’intégrer pleinement le son du groupe. La section introductive de Turntail et le développement du même motif tout au long du titre en est l’exemple le plus évocateur. Et nous touchons là au nerf de Bloom, de ce qui représente son intérêt premier, à savoir les parties instrumentales et les contrechants menés par la guitare. Une réelle allégresse s’insinue dans nos tréfonds à l’écoute de ces sections : le plan de Rust qui brise, au milieu du morceau, le développement initial dans une énergie palpable, pour ensuite se mêler à la mélodie originelle dans un motif qui se retrouvera en conclusion du titre ; les introductions de respectivement Marigold et Daughter of the Mountain ; le motif central de Turntail. Voilà autant d’exemples de sections véritablement réussies qui portent l’album.

Un titre affirme son originalité : Daughter of the Mountain. Beaucoup plus lent que la plupart des morceaux de l’album, aux guitares lourdes, le groupe y développe des atmosphères jusqu’alors insoupçonnées, et convaincantes, qui rappellent ce prog atmosphérique et intense des hollandais de Zero Gravity (Jetez-vous sur leur seul full lenght, Misplaced Moments. Vous ne serez pas déçus). 

Aux satisfactions s’ajoute la qualité de la production de l’album, irréprochable, qui reste fidèle au son des Australiens, et qui permet d’apprécier le jeu toujours juste mais jamais expansif de Geoff Irish à la batterie.

Bloom se laisse apprécier sans difficulté. Les fans de Caligula’s Horse ne seront pas déçus, mais le disque manque peut-être de ces inspirations ébouriffantes qui se laissent entendre sur quelques titres, comme le final de Dragonfly et de Marigold ou l’intro de Turntail. Il ne semble pas assez dense et nous laisse espérer davantage, ce qui révèle tant les réussites accomplies que les manques à combler.

 

Tracklist de Bloom :

01. Bloom
02. Marigold
03. Firelight
04. Dragonfly
05. Rust
06. Turntail
07. Daughter of the Mountain
08. Undergrowth