C H R O N I Q U E

Le temps d'un excellent troisième album (Tabula Rasa), les Suédois de Bloodbound m'ont vraiment fait croire qu'ils étaient devenus un groupe à part et qu'ils s'étaient élevés au dessus d'une masse constituée d'innombrables et indissociables combos de heavy metal traditionnel. En effet, ce disque avait plus de fougue, de fraicheur et de modernité que beaucoup d'autres... et ne jouait désormais plus vraiment la carte de l'emprunt ou de l'hommage aux anciens (Iron Maiden, Helloween, Accept...). Il faut croire que cela n'a pas trop plu aux fans des premières heures (autrement plus convenues, même si Nosferatu reste, malgré son manque d'originalité, un excellent album) car le quatrième opus du groupe, Unholy Cross, opéra un franc retour en arrière et proposa un contenu aussi efficace (reconnaissons-le) que dépourvu d'originalité. Et aujourd'hui, un peu plus d'un an et demi après, débarque le cinquième chapitre de la saga Bloodbound : In The Name Of Metal. Un rapide coup d'oeil au titre, à la tracklist et à la jaquette laisse à penser que ces messieurs ont définitivement abandonné toute envie de surprendre. Cependant, rien ne nous empêche d'espérer qu'il n'en soit rien et que cette nouvelle sortie cache bien son jeu... mais, franchement, est-ce bien raisonnable ? Autant le dire tout de suite : non.  

Evidemment, on retrouve dans ce In The Name Of Metal les qualités habituelles du groupe, à savoir : des mélodies accrocheuses, une succession de riffs heavy, carrés et entraînants, une excellente production (le son est clair et puissant, peut-être leur meilleur à ce jour), des compos qui rentrent facilement dans votre tête et vous font taper du pied (ou secouer votre tignasse)... C'est déjà bien, diront certains. Pas faux, mais on ne peut pas dire que ce genre musical manque de groupes capables de tels "exploits". Bloodbound, comme beaucoup d'autres, exploite les clichés du heavy metal (jusque dans ses titres de chansons : In The Name Of Metal, Metalheads Unite, I'm Evil, Black Devil...) avec un certain savoir-faire mais n'apporte pas le petit plus qui fait la différence. A l'époque où Urban Breed officiait derrière le micro (sur Nosferatu et Tabula Rasa), le chant avait le mérite d'être (très) classe et impressionnant. Les mélodies nous hantaient des jours durant, et on se surprenait à les fredonner régulièrement sous la douche. Et puis, je le redis, avec son troisième essai, le groupe avait fait évoluer sa recette et ne se contentait pas d'aligner les stéréotypes. Les temps changent... et malheureusement, on ne peut plus faire le même constat aujourd'hui.

Que trouve-t-on ici ? Un chanteur, Patrik Johansson, qui n'est ni désagréable, ni exceptionnel. Il chante avec conviction et se trouve souvent soutenu par des choeurs réussis, c'est déjà ça. Une paire de guitaristes (les frères Olsson) toujours aussi compétente. Quoi d'autre ? Des compos heavy, bien sûr. Bonne nouvelle, Bloodbound a laissé tomber la ballade qui ne sert à rien et ne fait désormais que du rentre-dedans. En revanche, on a connu les Suédois plus véloces. Ce n'est pas un défaut, mais il est vrai que cette fois-ci, les compos sont majoritairement mid-tempos (Bonebreaker et King Of Fallen Grace, plus speed, mises à part). On pense parfois à du Manowar mélangé à du Accept (c'est particulièrement probant sur Metalheads Unite qui reprend la rythmique de Warriors Of The World United et les choeurs des fameux Teutons), à du Hammerfall aussi... certaines touches plus hard rock sont également décelables, comme sur le refrain de Son Of Babylon qui rappelle beaucoup You Give Love a Bad Name de Bon Jovi. Enfin, vous retrouverez une nouvelle version de Book Of The Dead, dans le rôle de la bonus track, si proche de l'originale (sortie en 2007) qu'on se demande bien pourquoi elle a été réenregistrée.

Pour conclure, j'ai le sentiment qu'avec deux excellents albums et trois autres (dont celui qui nous intéresse aujourd'hui) sympas mais plus quelconques à son actif, Bloodbound ne fait que confirmer son statut d'ex-espoir du metal. Vous voulez passer un bon moment avec du heavy prévisible mais efficace ? In The Name Of Metal pourra faire l'affaire, mais il ne serait pas bien sage d'en attendre plus. Le groupe fait du bon boulot et n'est finalement pas plus mauvais qu'un autre, mais il nous avait laissé entrevoir un tel potentiel que je ne peux être que déçu à l'écoute de cette nouvelle offrande. Bloodbound ne serait en fait qu'un Hammerfall ou un Dream Evil de plus. Encore une fois, certains sauront s'en contenter... et tant mieux pour eux. 

Tracklist de In The Name Of Metal :

01. In The Name Of Metal
02. When Demons Collide
03. Bonebreaker
04. Metalheads Unite
05. Son Of Babylon
06. Mr. Darkness
07. I'm Evil
08. Monstermind
09. King Of Fallen Grace
10. Black Devil
11. Bounded By Blood
12. Book Of The Dead 2012 (bonus track)

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