Artiste/Groupe:

Blind Guardian

CD:

Beyond The Red Mirror

Date de sortie:

Janvier 2015

Label:

Nuclear Blast

Style:

Power Metal Symphonique

Chroniqueur:

Florentc

Note:

17/20

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Blind Guardian est le genre de groupe à faire patienter ses fans. Trois ou quatre ans entre chaque sortie, le groupe prend le temps de peaufiner ses compositions. Ce qui engendre à chaque fois une certaine attente, évidemment de plus en plus grosse au fil du temps. Et les Allemands, après trente ans d'une carrière immense et bien riche, ont réussi la prouesse de ne jamais sortir de mauvais album. Alors bien entendu il y a des hauts et des bas, mais jamais un album de Blind Guardian n'a été honteux, comme ce fut le cas pour quelques autres groupes de cette trempe et avec autant d'expérience. 
C'est donc plus de quatre ans après At The Edge Of Time que pointe le bout de son nez Beyond The Red Mirror. Pour ce petit dernier, le groupe a mis les petits plats dans les grands en annonçant trois chorales et deux orchestres. De quoi faire saliver... mais méfions-nous des phrases lancées en grande pompe et à grands coups de marketing. En attendant, le groupe avait déjà expérimenté le coup sur le précédent album avec les excellents morceaux Sacred Worlds et Wheel Of Time qui ont prouvé que le groupe maîtrisait à merveille le passage à un metal encore plus épique et symphonique de grande classe. On est donc en droit d'attendre quelque chose de grand vus les moyens déployés.

The Ninth Wave commence bien, avec de gros choeurs masculins en introduction. Les choeurs féminins arrivent ensuite, pour une bien belle montée en puissance solennelle. Puis, petit à petit, le metal s'installe avec un bon gros riff et la voix de Hansi Kürsch en fond, et le titre prend définitivement son envol lorsque la batterie se déchaîne. Malgré le côté très symphonique, Blind Guardian ne perd rien de sa verve, bien au contraire, pour conclure sur un refrain percutant au possible. Le son est reconnaissable entre mille, et on peut même noter une évolution notable, l'apparition de sonorités électro ici et là au sein du titre. Le morceau se termine comme il a commencé, sur de beaux choeurs, simplement. L'ensemble est plutôt complexe et difficile à digérer, mais avec ce groupe, on a l'habitude de ce genre d'exercice. 

Twilight Of The Gods est un titre bien plus conventionnel, choisi pour être le single de l'album. Du Blind Guardian classique, sympa mais ce n'est pas le titre qui restera gravé dans ma mémoire, il y a bien mieux surtout si on écoute le titre seul. Pris dans l'album, il passe mieux, s'intègre bien à l'ensemble et se bonifie au fil des (nombreuses) écoutes. En tout cas l'énergie est palpable, ça bastonne pas mal, ça joue vite et bien, rien à dire. Prophecies débute calmement mais détrompez-vous, ce n'est pas une ballade. Encore du Blind Guardian classique et efficace, qui rappelle un peu ce que faisait le groupe sur A Night At The OperaAt The Age Of Time revient avec le côté orchestral annoncé. Un long titre, épique à souhait avec des orchestrations bien présentes sans laisser de côté le metal. Cuivres et vents se taillent la part du lion pour une apothéose sur le refrain, épique et puissant ; on est proche d'une bande originale de film. Tout est exploité à merveille. Le solo de guitare typique du groupe avec l'orchestre derrière, une perle. Ashes Of Eternity est le titre qui a mis le plus de temps à me convaincre, sûrement car c'est le titre le plus axé thrash, ce qui au contraire devrait ravir d'autres fans. Une chose est sûre, la voix de Hansi n'a strictement rien perdu de sa puissance ; au contraire, quel coffre et quelle envie ! Les choeurs qui la secondent ne sont pas en reste également, mais elle n'est pas en retrait pour autant, tant mieux. Les guitares sont plus mordantes encore, que ce soit en lead ou en rythmique.

Le meilleur titre de l'album, assurément, est The Holy Grail. Ultra speed et thrash, le refrain est un modèle du genre. Les choeurs et Hansi sont au top, la montée sur le refrain et l'après refrain me filent des frissons à chaque écoute. Cette cavalcade dure plus de six minutes, on en ressort presque lessivé. Le mot épique n'a jamais aussi bien porté son nom lorsque l'on écoute ce titre. Retour aux orchestrations avec The Throne, similaire à At The Edge Of Time dans sa construction. Le refrain est une nouvelle fois agressif et prenant, l'instrumentation et l'orchestration réussies, complexes tout en sachant rester dans un ensemble cohérent. Sacred Mind prend doucement son rythme avant un speed ravageur encore une fois teinté de thrash et un refrain qui change un peu, toujours très bon, qui s'imprègne une nouvelle fois très bien dans la tête. Aucun répit jusqu'à présent, depuis le début de l'album ça mitraille sévère. Miracle Machine est là pour que l'auditeur puisse se reposer. La voilà, la ballade de l'album. Complètement différente de ce qu'a pu nous offrir le groupe jusqu'à présent, on est à des années lumières niveau ambiance de titres tels que The Bard's Song ou encore Harvest Of Sorrow, ce qui n'en fait pas pour autant un titre à jeter. Très intimiste, ce titre se veut très simple. Hansi prend sa voix la plus douce, avec des discrets violons et violoncelles et un piano, le tout faisant bien penser à Queen ou ce qu'a pu faire Arjen Lucassen sur certaines ballades. Dépaysant.
On termine en beauté avec l'autre titre fleuve (avec Ninth Wave), Grand Parade. Choeurs, orchestrations, un final en apothéose.

Blind Guardian nous refait le coup du précédent album avec une ouverture et une clôture sur les deux titres les plus épiques, longs, complexes et orchestraux de l'album. Le groupe enfonce le clou en proposant une évolution notable de sa musique. Les orchestrations et les choeurs sont maîtrisés à merveille, et le côté metal également. On y retrouve un groupe même bien plus incisif que sur ses deux dernières productions. Le heavy speed thrash côtoie le symphonique, la voix de Hansi est un régal et les soli nombreux tout aussi réussis. Si cet album ne plaira pas à tout le monde, certains trouvant que le groupe se complique la vie, je trouve au contraire qu'il sait évoluer et aller de l'avant sans renier son passé. De nombreuses écoutes sont nécessaires pour tout appréhender mais au final, pas un seul refrain ne sort de la tête et après d'innombrables écoutes, je prends toujours plus de plaisir à l'écoute de cet album bien classieux.

 

Tracklist de Beyond The Red Mirror :

01. The Ninth Wave
02. Twilight of the Gods
03. Prophecies
04. At the Edge of Time
05. Ashes of Eternity
06. The Holy Grail
07. The Throne
08. Sacred Mind
09. Miracle Machine
10. Grand Parade