Blackmore's Night

Artiste/Groupe

Blackmore's Night

DVD

A Knight In York

Date de sortie

Juin 2012

Label

EMI

Style

Rock Médieval

Chroniqueur

Didier

Note Didier

16/20

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Peut être que certains quadras et quinquas se demandent ce que devient ce bon vieux Ritchie Blackmore ? Pour les autres, j'espère que le nom évoque quelque chose. Car est-il encore bien utile de présenter Ritchie Blackmore ? L'homme à la stratocaster blanche, l'homme qui a pondu le riff de Smoke On The Water. Certains l'ont découvert dans Deep Purple bien sûr, d'autres, un peu plus tard, leader de Rainbow, toujours accompagné de fabuleux chanteurs (Dio, John Lynn Turner, Graham Bonnet) et de talentueux musiciens (Cozy Powell, Don Airey, Doogie White, Jimmy Bain, Bob Daisley...). C'est dans une des dernières tournées de Deep Purple qu'apparait Candice Night, alors comme simple choriste. Et pouf ! L'amour fait le reste. Car entre Ritchie et la belle choriste, le courant (et plus puisque affinité) passe très bien. Elle intègre Rainbow  toujours comme choriste et co-écrit déjà un titre. Ensuite ils commencent à bosser tous les deux sur un projet de musique acoustique de la Renaissance. A cette époque, Rainbow remplit encore les salles dans le monde entier. De cette osmose est né Blackmore's Night et un style bien étrange, une ambiance donjons et dragons, troubadours et ménestrels alors que s'éteint doucement Rainbow. Nous voilà en 2012, Ritchie a 67 ans et après une grosse quinzaine d'années au régime troubadour, le couple a accouché d'une petite dizaine d'albums, d'une petite fille et il sort aujourd'hui ce DVD, A Knight In York, jeu de mot subtil entre Knight (chevalier) et Night (soirée). C'est déjà la troisième sortie DVD du groupe, mais c'est le premier qui tombe entre nos mains et je dois reconnaitre qu'au départ j'ai pris ça de haut, plutôt goguenard, car moi, les elfes, les lutins, les dragons et les autres créatures fantastiques de ce style, je m'en tamponne un peu.

Le DVD comporte le concert de une heure trente, qu'on peut visionner en 5.1 DTS, 5.1 Dolby Digital ou 2.0 PCM et un mini bonus, A Day in York qui pendant deux minutes et quarante-trois secondes nous fait faire le tour de la ville de York. Sur fond de musique médiévale du groupe et sponsorisé (certainement) par l'office du tourisme de York, cette carte postale, certes idyllique, est totalement inutile.
 
Le concert commence lui aussi par les mêmes quelques vues de la ville de York en Angleterre, et on attaque avec un air médiéval entrainant, joué par Ritchie à la mandoline, posée sur un trépied, car il a aussi une guitare acoustique en bandoulière. Candice a une voix cristalline, c'est aussi une très belle femme, habillée en reine des bois, elle est irrésistible. La scène est couverte de verdure, de fleurs, de bottes de paille, de rochers, on se croirait dans un décor cheap d'une pièce de théâtre où se jouerait une adaptation de Robin des Bois. Le groupe est en place derrière le couple: piano, basse, violon, batterie. Le son est excellent, la voix bluffante. Candice joue d'une flûte médiévale alors que Ritchie attaque un chouette solo à l'acoustique rejoint ensuite par une violoniste (Gypsy Rose). Les musiciens sont tous costumés (époque médiévale bien entendu), et je doit reconnaitre que Ritchie en elfe des bois, avec ses bottes en daim, ça me fait un peu sourire. Au premier break, Candice s'entretient avec le public anglais, nous parle de sa petite fille d'un an, Autumn, qui a donné son titre à leur dernier album studio, Autumn Sky. Elle explique que la petite boit comme son père et dort comme sa mère : humour médiéval ! Plus drôle encore quand Candice introduit la chanson suivante, Ritchie demande s'il y a des gens de France, apparemment pas, et on l'entend dire: "I don't like France". Comme ça c'est dit ! J'ai pas capté, peut-être est ce en rapport avec le morceau Gilded Cage et se rapporte aux rapports plutôt tendus qu'entretenaient la France et l'Angleterre à l'époque. Le morceau est calme, le bassiste s'est emparé d'une mandoline et Ritchie d'une électro acoustique. Une fois de plus, Candice fait un sacré boulot, par sa voix et sa présence scénique.

Sur The Circle, Ritchie attaque encore avec sa mandoline posée sur pied, mais autour de son cou, que vois je ? Une statocaster blanche ! La curiosité me scotche au canapé, mon fils qui se foutait de moi, ne moufte plus, il reste comme moi, hypnotisé par l'étonnante musique et la belle blonde qui occupe le centre de la scène. Ritchie attaque un solo arabisant, et paf... on se retrouve dans du bon Rainbow d'il y a vingt ans. Purée j'ai la chair de poule, son solo me fait presque pleurer: Quel son ! Quel style unique ! Blackmore's power ! La claque ce morceau, vraiment. Le rock médiéval vient de trouver une nouvelle recrue. Le morceau suivant met en valeur le pianiste, Bard David Of Larchmont (ça en jette) car pour intro, il nous fait un remake des Carmina Burana, des plus réussies, et à lui tout seul. A la basse Earl Grey of Chimay (j'invente rien) martèle un bon petit groove pendant que Ritchie se lance encore dans un bon solo. Au bout de trente minutes de concert, ma fille nous rejoint aussi sur le canapé hypnotique, se demandant pourquoi nous ne parlons plus, et restons la bouche ouverte à regarder un rockeur ménestrel, élégant, balancer des solos efficaces les yeux fermés. Il faut dire qu'il a fier allure le Ritchie, la blonde resplendissante qui s'agite devant lui sur scène nous l'a complètement transformé : rajeuni, posé, très zen. Son épouse a décidément beaucoup d'humour. Entre deux morceaux, elle plaisante en présentant Squire Malcom of Lumley à la batterie et un spécialiste des instruments anciens (lui-même ancien) du nom de Minstrel Albert (on n'en sort pas) qui joue de toutes sortes d'instruments anciens. Elle présente aussi sa flûte en bois, en joue, et précise que ça a dû attirer des canards au dessus du théâtre et que ça va faire du dégât sur leurs voitures.

On poursuit avec un autre morceau plutôt calme et acoustique, au milieu duquel un petit bout de choux apparait en robe blanche et bouclettes blonde, comme maman. C'est Autumn, bien sûr, qui fait sa première scène, sous les hourras de la foule. Elle est un peu perdue entre sa mère, impressionnante en plein chant et son père occupé à sa guitare. Elle finit dans les bras de sa mère, visiblement intimidée par la salle. Ritchie et Candice tentent de la dérider mais rien n'y fait (ah si, elle éternue sur sa mère). Candice plaisante encore en se demandant comment, en grandissant elle pourrait se rebeller contre ça, en montrant son accoutrement médiéval. C'est vrai que l'ambiance est plutôt bucolique, zen à tendance fortement hippie.

Les mélodies des morceaux qui suivent sont superbes, magnifiquement interprétées par la voix de Candice, c'est très folk, parfois à deux mandolines, avec souvent du violon, du piano et de la flûte, on ne peut qu'être impressionné. Les amateurs de metal symphonique à voix féminine devraient jeter aussi une oreille à ce groupe car il a de quoi en combler plus d'un.

A travers ces musiques, nous visitons musicalement des contrées éloignées des terres d'Angleterre. Sur World Of Stone et Fires At Midnight, Candice explique que Ritchie s'est inspiré (elle ajoute même qu'il a tout pompé) d'artistes espagnols, sur Toast Of Tomorrow c'est plutôt d'inspiration folklorique russe. On voit du pays au moins. Pendant le morceau russe on a une petite pause humour avec une fausse Lady Gaga (le pianiste déguisé) qui vient chanter un bout d'une chanson de Lady Gag ! Sur le très beau Fires At Midnight, le bassiste utilise une superbe guitare acoustique double corps, six cordes et quatre cordes. Ritchie nous gratifie d'un joli solo à l'acoustique, même sans stratocaster, le garçon est doué. Sur Dance Of The Darkness on a droit à un bon petit break du bassiste qui a repris sa basse.

Pour le rappel, ils jouent encore trois titres. D'abord plutôt calme et mélancolique avec Dandelion Wine, puis frétillants et guilleret avec All The Fun Of The FayreCandice agite un tambourin pendant que Ritchie secoue sa mandoline. On termine tout en douceur ce voyage dans le temps avec First Of May qui clôt ce DVD.

Oyez oyez, damoiselles, damoiseaux, ce DVD est déroutant, je vous le recommande pour vos prochaines soirées médiévales (ou pas), vous allez épater vos compagnons, c'est moi qui vous le dit...
 

Traclikst de A Knight In York :

01. Locked Within The Crystal Ball
02. Gilded Cage
03. The Circle
04. Journeyman
05. World Of Stone
06. The Peasant‘s Promise
07. Toast To Tomorrow
08. Fires At Midnight
09. Barbara Allen
10. Darkness
11. Dance Of The Darkness
12. Dandelion Wine
13. All The Fun Of The Fayre
14. First Of May 

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