Reunion, comme son nom l'indique, sonne la réunion du line-up original de Black Sabbath, près de vingt ans après sa séparation.
C'est en 1979 qu'Ozzy Osbourne quitta Black Sabbath après deux albums en demi-teinte et un manque d'investissement criant de la part du Madman. Black Sabbath a donc continué sans lui et avec Ronnie James Dio dans un premier temps, alors qu'Ozzy, de son côté, a poursuivi la carrière solo que l'on connaît.
1997. Après quelques concerts donnés sur la tournée du Ozzfest où Ozzy était rejoint sur scène par Tony Iommi et Geezer Butler pour interpréter quelques classiques du Sab' à la fin de son show, commence à planer l'idée d'une reformation. Celle-ci sera officialisée avec le retour de Bill Ward et lors de deux concerts événements donnés à la maison (Birmingham, Angleterre) en décembre de cette même année, concerts qui furent enregistrés pour la postérité.

Dire que l'événement était attendu est un euphémisme. Non pas que ce qu’a fait Black Sabbath après le départ d’Ozzy ne valait rien (la période Dio surtout et celle avec Tony Martin au chant ont connu aussi de bons moments). Mais il faut reconnaître que les six premiers albums du Sab’ demeurent des pièces incontournables du Heavy Metal et contiennent leur lot de titres intemporels.
Et voilà donc, en ces deux soirées du 4 et du 5 décembre 1997, Osbourne, Iommi, Butler et Ward enfin réunis !
Et évidemment, ça le fait ! Ces gars-là n'avaient pas joué ensemble depuis dix-sept ans mais, à priori, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Les automatismes sont là. Bon, c'est vrai que, chacun de leur côté, Black Sabbath (enfin, essentiellement Tony Iommi) et Ozzy ont continué à jouer ces titres toutes ces années. Mais tout de même... Tout semble couler de source. Ozzy lâchera d'ailleurs un : « ça fait pas loin de dix-sept ans que je n'ai pas joué avec ces gars-là et vous savez quoi ? Ils m'ont terriblement manqué ! »
Et le cinquième homme, ce soir-là, c'est évidemment le public. Un public hystérique mais il faut le comprendre... dix-sept ans d'attente ! Un public qui réagit à chaque note, chaque parole du Madman. Et ce, dès le début. Les sirènes retentissent, Ozzy hurle un « Yeaaah fuckers, are you gonna go wild for us tonight ? C'mon, let me hear you ! » et les premiers accords de War Pigs se font entendre. Ozzy lâche la première phrase, relayé pour la seconde par toute la salle. Le dialogue s’installe ainsi sur tout le premier couplet. Monumental ! Un public véritablement déchaîné. Et comme si ça ne suffisait pas, Ozzy harangue la foule de ses « Louder ! Louder ! I can’t fucking hear you ! » à tout bout de champ.
Inutile de décrire les titres les uns après les autres, c'est un enchaînement de tous les plus grands classiques du groupe... et du Heavy Metal. Si je vous dis Paranoid, Sweet Leaf, Iron Man, Electric Funeral, Snowblind, Children Of The Grave, N.I.B, ça vous parle ? Seul un surprenant (car inattendu) Dirty Women (de l'album controversé Technical Ecstasy) se glisse en invité dans cette setlist gargantuesque. Du cultissime War Pigs en passant par le fondateur Black Sabbath (avant lequel Ozzy rappellera que c’est le titre qui a donné son nom au groupe, pas le contraire) et jusqu’au riff inoubliable de Paranoid, c’est une véritable leçon d’histoire musicale qui est contée ce soir-là en une heure trois quart. Bon sang, que c'est bon ! L’interprétation est excellente, même Ozzy se montre en voix. Aucun solo interminable ne vient gâcher la fête (on aura juste droit à un petit solo de basse sur la fin de Behind The Wall Of Sleep). Certains morceaux sonnent même encore plus lourd que les versions originales. Car, pour couronner le tout, le son de ce live est extrêmement puissant.

L'album se termine sur deux morceaux studio, Psycho Man et Selling My Soul, qui restent les deux dernières "nouvelles compos" enregistrées par ce line-up. Des titres anecdotiques, très loin d'arriver à la cheville de tous ceux qui ont précédé sur ce live de folie. Ce qui, évidemment, amènera cette question : Black Sabbath est-il encore capable d'avoir un avenir et d'écrire de vrais chef-d'oeuvres ou n'est-il plus qu'un groupe au passé monstrueux ? La suite a plutôt fait pencher la balance vers la seconde alternative.

Plus qu'un album live, Reunion est un vrai best-of du Black Sabbath originel avec un son monumental. Un live de légende pour un groupe de légende.

Tracklist de Reunion :

CD 1 :
01. War Pigs
02. Behind the Wall of Sleep
03. NIB
04. Fairies Wear Boots
05. Electric Funeral
06. Sweet Leaf
07. Spiral Architect
08. Into the Void
09. Snowblind 

CD 2 :
01. Sabbath Bloody Sabbath 
02. Orchid / Lord of This World
03. Dirty Women 
04. Black Sabbath 
05. Iron Man 
06. Children of the Grave
07. Paranoid 
08. Psycho Man (studio track)
09. Selling My Soul (studio track)