Artiste/Groupe:

BlackRain

CD:

Released

Date de sortie:

Mars 2016

Label:

UDR Music

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Didier

Note:

16/20

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Les Hauts-Savoyards de BlackRain sont de retour avec un nouvel album appelé Released. Il fait suite à It Begins sorti il y a deux ans. Ces deux ans n’ont pas l’air d’avoir été de tout repos pour nos quatre compères. D’abord on a vu passer une campagne de financement participatif pour ce nouvel album, sur PledgeMusic (réussie à 118%), alors qu’on avait quitté le groupe sur le label Sony Music pour It Begins. Chose étrange, mais qui s’explique en lisant les dernières interviews données par le groupe à l’occasion de la sortie de Released. Ils ont changé de crèmerie et, selon leurs dires, rien n’allait plus avec le management précédent. Ils avouent avoir perdu le contrôle de beaucoup de choses, y compris leur direction musicale et même leur look. Du coup, on comprend mieux le titre de ce cinquième album : Released. Libérés du joug de leur management et aujourd’hui libres comme l’air pour nous revenir avec l’album du renouveau. Et pour en finir avec les aspects business, sachez qu’ils ont finalement obtenu un deal mondial chez UDR Music.
Je ne le fais pas souvent, mais je vais commencer en évoquant la pochette car, comme pour It Begins, beaucoup de soin y a été apporté. Elle fait la part belle aux tatouages de Swan, le chanteur, avec une belle photo de Dean Karr (célèbre photographe qui a aussi bossé avec Tool, Slipknot ou encore Marilyn Manson). On y note encore les menottes ouvertes, qui rappellent la thématique de Released. Le groupe a toujours misé sur un look franchement travaillé ; chose pas spécialement rare dans le monde du glam, mais sur les photos promos on peut voir que l’humeur a changé : tout est beaucoup plus sobre, plus simple, notamment au niveau des fringues et des coiffures. On s’éloigne du glam et du hair metal d’antan. On découvre aussi dans l’EPK certains des vrais noms de nos Annéciens. Swan Hellion est toujours au chant et à la guitare, Frank Frusetta est à la batterie, Mathieu de la Roche à la basse et Max 2, le moniteur de ski de Flaine, n’est autre qu'Axel Charpentier.

Côté son, on trouve treize morceaux plus un bonus caché (sur notre promo). C’est encore Jack Douglas, le célèbre producteur, qui est aux commandes dans son studio de Los Angeles cette fois-ci, alors que pour l’album précédent, il était venu à Paris.

Le premier single est Back In Town, qui a déjà été dévoilé via un lyric video plutôt sympatoche.



Le morceau attaque avec une grosse basse saturée, c’est un morceau assez riffé sur lequel on retrouve le groupe dans ce qu’il maîtrise bien : des refrains qui accrochent, chantés par la voix de Swan (entre Axl Rose et Vince Neil) avec des chœurs du groupe. Max 2 y fait un bon solo, la section rythmique est impeccable. On comprend avec ce titre qu’ils sont de retour. Avec les paroles de Mind Control, on comprend encore un peu plus qu’ils ont souffert d’être les « clowns » de leur précédent management. Le morceau est excellent mais plus noir, on passe du festif au plus sombre. D’ailleurs, on fait souvent le yoyo dans cet album très varié. Killing Me, par exemple introduit des claviers pour un morceau à deux vitesses : un couplet mid-tempo et clavier, puis un refrain à la double pédale où les guitares doublent les claviers. Sur le break et le final, on trouve quelques effets électro quasi dubstep. Encore une bonne surprise, tant le refrain accroche le bulbe. Etonnant d’entendre des percus africaines sur Run Tiger Run, et visiblement c’est un album plein d’innovations, on est pas au bout de nos surprises. Là encore, le refrain est imparable et le solo sur fond de guitare acoustique particulièrement réussi. On retrouve le BlackRain plus festif sur Puppet On A String. On entend un piano sympa sur le refrain, le solo est très bon, le refrain encore accrocheur, le petit break voix est bien foutu, Swan a du support et ça rend super. Le chant de Words Ain’t Enough est particulièrement réussi, le refrain est prenant, les chœurs et les claviers ajoutent un fond à la rythmique enlevée, à la guitare acoustique. J’aime beaucoup le contre-chant de guitare, qui donne vraiment de la profondeur au morceau. L’intro de Eat You Alive est assez surprenante, avec une espèce de musique de cirque. Le refrain est pêchu, le ton monte. Home est plus calme et fait penser un peu à du Cinderella. Encore une rythmique de guitare acoustique, une bonne ligne de basse, un bon solo et un super refrain de Swan épaulé par le team. Pour une surprise, c’en est une. Une belle reprise de For Your Love des Yardbirds, encore une belle surprise. Sur l’EPK, Swan avoue qu’ils ne connaissaient pas mais qu’ils ont de suite accroché et je trouve leur interprétation super réussie, à la fois moderne et conforme à l'originale. Fade To Back n’est pas une reprise, mais c’est un super morceau qui commence un peu comme un morceau des Guns où Axl serait au piano (ici, c’est Swan évidemment) ; on pense partir pour une ballade pour jeune fille en fleur, mais en fait non, c’était juste une chouette intro, car ça se réveille sur le premier refrain et reste enlevé pour le reste du morceau que je trouve réussi. Electric Blue est un morceau très rock ‘n’roll que je trouve, malgré son refrain accrocheur, un peu en-dessous. Par contre, je trouve Rock My Funeral absolument génial. Imaginez la scène de l’intro: du vent, des pleurs, une musique de circonstance et un prêtre qui fait l’oraison funèbre (en anglais) d’un pauvre guitariste qui a voulu jouer en accordant sa guitare en ré (au lieu de mi, bande d’ignares !) et qui en est mort (blague douteuse de gratteux). Mais il enchaîne d’une voix satanique, qu’on le mette en terre et qu’on … « Rock this funeral !». Et voilà le morceau qui décolle. Du BlackRain archi festif, pas loin de Steel Panther ou un groupe des années 80. C’est la fête ! Pour One Last Prayer, Swan ressort le piano de Fade To Black et se lance dans un morceau étonnant, un peu à la Beatles, assez sympho, avec  des chœurs gospel et des claquements de mains. Notre copie promo comportait un bonus caché dont je ne connais du coup pas le titre, et qui commence après un long moment de vide (la fin de One Last Prayer et le début de celui-là). C’est un morceau sur lequel ils égrènent des noms de personnes (des bienfaiteurs de PledgeMusic ?), avant de lancer leur célèbre cri de guerre (cf. albums précédents et en live). Sympa pour eux !
Par contre sur cette promo, pas de trace de True Survivor ni de Jenny Jen (une fan), dont nous avons quand même trouvé le clip.




Je sais que les gens jugent souvent vite et ne donnent que rarement une deuxième chance. Si le grand public a découvert de groupe lors d’une émission de télévision de très grande écoute, je connais bon nombre de metaleux qui ont du coup tourné le dos à BlackRain. Pourtant, la démarche était courageuse et quand Pain Of Salvation ou Crucified Barbara participent à un concours suédois du genre Eurovision, personne ne leur en tient rigueur. Alors jugeons-les plutôt sur scène (où ils ont toujours assuré) ou sur cet album, plutôt que sur les plateaux de télé, s’il-vous-plaît. BlackRain livre ici un cinquième album de qualité, sans aucun compromis. En dix ans d’existence, c’est plutôt pas mal. Ca démontre aussi que le BlackRain festif et déconnant a laissé un peu la place à un BlackRain super professionnel et remonté à bloc. On peut lire au travers des titres qu’ils en ont gros sur la patate (Back In Town, Mind Control, Puppet On A String, Eat You Alive décrivent tous la situation dont ils sont sortis). Clairement, ils se tournent aujourd’hui vers l’international avec cet album et ce nouveau deal avec UDR Music, alors donnons-leur, en France, la reconnaissance qu’ils méritent avant que d’autres ne le fassent pour nous.


Tracklist de Released :

01. Back In Town
02. Mind Control
03. Killing Me
04. Run Tiger Run
05. Puppet On A String
06. Words Ain't Enough
07. Eat You Alive
08. Home
09. For Your Love
10. Fade To Black
11. Electric Blue
12. Rock My Funeral
13. One Last Prayer
14. True Survivor (Bonus)
15. Jenny Jen (Bonus)