Black Priest Of Satan est le projet de deux gugusses officiant dans une kyrielle de petits groupes allemands aux noms plus douteux les uns que les autres (Bestial Desecration, Anal Blasphemy, Necroslaughter et j’en passe). Black Priest Of Satan est donc l’un des moins pires de la bande, c’est pour dire… En même temps, j’aime bien me confronter à des groupes un peu moisis en ce moment, histoire de compenser avec toutes les sorties affiliées Post-Black & Co qu’on se reçoit à la pelleteuse. BPOS s’est donc révélé être parfait pour cette tâche !

Le groupe, fondé par Molestor Kadotus et Avenger dans les années 2000, n’a pas produit grand-chose d’autre que des splits/démos et E.P. Element Of Destruction est donc le premier opus du groupe. Et si la qualité des productions précédentes laissait grandement à désirer, ce n’est pas du tout le cas avec ce nouvel album. Une véritable tuerie, ce skeud ! Rien de mieux que de balancer Prophet Of Fire pour faire fuir tous les petits enfants d’Ihsahn, car le son de BPOS peut se révéler être un incroyable dératiseur à hipster à franges.

Au-delà du côté « croisade contre le Black Metal moderne », Black Priest Of Satan est un groupe aux compositions franchement intéressantes. La mauvaise production délivre un son moisi, renforcé par des guitares bien saturées mais tout de même assez mélodiques. Quelques solis viennent même agrémenter la torture tout au long de l’album. Un régal pour mélomanes du genre.

Les compères ont fait un gros travail sur l’ambiance qui, comme chez Morte Incandescente, est cruciale pour adhérer au propos et au son proposé par le groupe. De cette salissure qui vous colle à la peau, Black Priest Of Satan en fait quelque chose de sacré et ritualiste. Certaines voix sont bien crades tandis que d’autres apportent un style religieux vraiment bien trouvé. J’ai rapidement pensé au dernier Abhor d’ailleurs (l’orgue n’y est pas non plus pour rien), mais en moins kistch.

Comparé au son « glacé » et à l’ambiance nordique proposés par Darkthrone, les Allemands nous emmènent dans la chaleur dévorante de la nuit, comme l’explique bien la piste dénommée Blazing Fires In The Night. Prières lugubres au grand Mithra suintant l’essence et le bois brûlé.

Mais Element Of Destruction n’est pas seulement brutal, il est aussi parfois atmosphérique avec le début d’Unheard Prayer, qui entame une sombre marche funèbre et maléfique, où les chants jouent encore une fois un rôle ritualiste efficace.

Contre toute attente, le premier album de Black Priest Of Satan s’est révélé être une vraie claque musicale : des ambiances fortes, un son moisi mais jouissif dans sa moisissure, un caractère religieux/satanique très bien orchestré, bref, le duo germanique a mis toutes les cartes de son côté.

Element Of Destruction est en fait un album vraiment dégueulasse, mais malin et sophistiqué dans son dévoilement de la pourriture. Peu de groupes savent faire cette différence, chapeau bas donc…


Tracklist de Element Of Destruction :

01. The Element Of Destruction
02. Prophet Of Fire
03. Blazing Fires In The Night
04. Unheard Prayer
05. Ritual Of 3 Candles
06. Guided By Two Moons