Artiste/Groupe:

Beast In Black

CD:

From Hell With Love

Date de sortie:

Février 2019

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Power Retropop Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13/20

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Message de prévention : Allergiques au power metal clichesque over the top, au hard FM, aux refrains eurodance ou pop des années 80 s'abstenir... Beast In Black (= Battle Beast 2) est de retour et si vous pensez (espérez) que le groupe a décidé de mettre le holà à ses épanchements kitsch metal, il vaudrait mieux passer votre chemin... Promis, quand les choses se calment, on vous tient au courant. Voilà. Avant de parler de From Hell With Love, petit rappel pour ceux qui en auraient besoin (et qui n'auraient pas forcément compris la référence à Battle Beast ci-dessus). Beast In Black est un groupe finlandais fondé par le guitariste Anton Kabanen après qu'il ait dû quitter Battle Beast (combo qu'il avait également fondé). Dans son premier groupe, Kabanen composait tout... Divergences obligent, il est parti (tout en laissant ses anciens compères continuer sous le même nom, un peu à la manière d'un certain Timo Tolkki avec Stratovarius) et maintenant qu'il a monté un nouveau groupe, eh bah, il compose toujours tout et l'on retrouve irrémédiablement sa patte... Au final, on a donc deux groupes qui se ressemblent pas mal (car Battle Beast, bien que débarrassé de Kabanen, a gardé une trajectoire assez semblable - même si certaines petites différences sont détectables - à celle initiée par son créateur, pour l'instant du moins). 

Sur ce deuxième album, on retrouve sans surprise la recette déjà utilisée sur Berserker en 2017 (et sur les premiers Battle Beast). On est donc en présence d'un power metal dans l'ère du temps, bien mélodique, dynamique et soutenue par des claviers très présents (on peut penser à du Sabaton par exemple). Le metal de Beast In Black oscille entre des moments heavy, parfois guerriers ou épiques, et d'autres qui incorporent des influences plus proches de la pop ou du rock des années 80. Le tout est enrobé d'une production bien moderne et puissante. Cependant, sur From Hell With Love, je dirais tout de même que Kabanen et ses sbires semblent vouloir creuser encore un peu plus l'aspect FM de leur musique... comme en témoigne le premier single Sweet True Lies avec son gros refrain que l'on croirait sorti d'un vieux Bon Jovi(al) de 1986. Et si vous avez écouté l'autre extrait, Die By The Blade, vous avez sans doute reconnu que le titre avait une charpente metal mais que le thème joué aux claviers et le chant sur le début du couplet pourraient tout aussi bien coller dans une chanson d'ABBA. Pour certains d'entre vous, ça passe... headbanger sur du metal avec une boule à facettes accrochée au plafond ne pose pas de souci. Pour d'autres, la pilule est plus dure à avaler. 

Comme dit plus haut, il y a tout de même des morceaux plus power et moins FM qui pourront rassurer quelques amateurs inquiets. Je pense au titre d'ouverture, Cry Out For A Hero (de très bonne facture, bien entraînant et pêchu), à Repentless qui fait ressortir des influences plus proches d'un Nightwish old school, à This Is War, un mid-tempo martial au riff bien heavy, ou à No Surrender qui apporte une conclusion enlevée à cet opus. Sur ces chansons, le groupe privilégie l'aspect metal de sa musique. Mais sur d'autres, on le sent plus enclin à laisser libre cours à ses penchants pour la pop des années 80 (en y ajoutant du gros riff quand même) avec des mélodies et des synthés à la limite de la légalité. L'exemple le plus frappant de cette tendance est sans doute True Believer dont l'intro évoque une BO type d'un film des eighties. Ecoutez ça et dites-moi si vous n'avez pas l'impression que c'est David Hasselhoff qui va se pointer pour pousser la chansonnette. Seulement voilà, ce n'est pas ce cher David mais Yannis Papadopoulos qui débarque... et il faut bien qu'on en parle parce que le monsieur est l'un des gros atouts de Beast In Black. C'était déjà clair sur l'album précédent et c'est confirmé ici : le vocaliste est très fort, aussi à l'aise dans un registre musclé / agressif que sur des parties plus softs. Il module sa voix, sait la rendre puissante et éraillée ou plus claire voire féminine selon les situations. Avec un vulgaire tâcheron, From Hell With Love n'aurait pas la même saveur. Et puisqu'on est train d'évoquer les points forts du groupe, reconnaissons-lui un sens de la mélodie aiguisée, même dans ses excès gentillets (il y a du gros refrain fédérateur et du riff accrocheur à la pelle) et un savoir-faire technique indéniable (Kabanen se fend de quelques petits solos bien agiles). 

From Hell With Love, pour peu que l'on accepte l'improbable rencontre entre le power metal et une soirée eurovision qu'il propose, est un disque plutôt fun et qui donne la pêche, un album "feel good" pas forcément destiné à être pris au sérieux. Son mélange d'ingrédients - pas toujours digeste - est offert avec fougue, conviction et audace (oui, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour présenter ce disque à un public de métalleux). C'est sûr, par moment, la frontière du kitsch n'est pas juste atteinte mais dépassée. Et il n'y a pas que des compos qui font mouche (la ballade Oceandeep ronronne gentiment). Mais ce deuxième effort de Beast In Black a, par bien des aspects, des allures de plaisir coupable. Comme avec de la junk food, vous savez que ce n'est bon pour la santé, que vous ne devriez pas, mais il n'est pas toujours évident d'y résister. N'oubliez donc pas de passer chez le médecin pour faire vérifier votre taux de cholestérol. Pour finir sur un avis plus personnel, je dirai que j'ai souvent quelques mélodies de cet album en tête et que, globalement et un peu malgré moi, je me suis laissé séduire. Maintenant, de là à dire qu'il s'agit d'un nouveau classique du power metal et qu'il aura une grande durée de vie, il y a un pas... que je ne franchirai pas. 

 

Tracklist de From Hell With Love :

01. Cry Out For A Hero
02. From Hell With Love
03. Sweet True Lies
04. Repentless
05. Die By The Blade
06. Oceandeep
07. Unlimited Sin
08. True Believer
09. This Is War
10. Heart Of Steel
11. No Surrender

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