Artiste/Groupe:

Avantasia

CD:

Moonglow

Date de sortie:

Février 2019

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Metal Opera

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15/20

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Ghostlights, le précédent opus d'Avantasia, a vu le jour il y a trois ans et il semblerait que ce projet motive grandement notre cher Tobias Sammet puisque voici déjà venu le temps d'en découvrir un nouvel épisode alors que je m'attendais plutôt au retour d'Edguy (l'autre - et premier - groupe de Sammet pour ceux qui débarquent) dont le dernier effort, Space Police - Defenders Of The Crown, date quand même de 2014. Comme la coutume l'exige, ce huitième volet des aventures d'Avantasia apporte son lot d'invités et, pour ne pas déroger à la tradition, on retrouve quelques participants familiers (le fidèle Michael Kiske, présent depuis le tout premier album, Bob Catley, Jorn Lande, Eric MartinRonnie Atkins ainsi que Geoff Tate) ainsi que quelques nouveaux noms pour la petite touche de fraîcheur : Hansi Kürsch, Mille Petrozza et Candice Night. Pas de bouleversement en ce qui concerne les autres musiciens (le guitariste / bassiste / producteur Sascha Paeth est toujours de la partie, tout comme le batteur Felix Bohnke et le claviériste responsable des orchestrations Michael Rosenberg plus connu sous le pseudo de Miro). Et, à l'exception de Maniac (reprise du fameux hit des 80s qui avait servi pour la BO du film Flashdance), Sammet, qui a également produit la galette avec Paeth, a encore une fois tout composé seul.

Comme c'était déjà le cas sur The Mystery Of Time et Ghostlights, Moonglow démarre avec une chanson où Tobias Sammet chante seul (bon, sur Spectres, c'est vrai, il y avait Joe Lynn Turner qui faisait une petite apparition mais vu la place qu'il prenait, on va dire que ça ne compte pas). Et comme Spectres ou (surtout) Mystery Of The Blood Red Rose, Ghost In The Moon n'est pas le morceau le plus power metal de l'album mais un titre opéra rock, grandiloquent (avec piano et chœurs très présents) qui n'est pas sans rappeler parfois le style d'un certain Meat Loaf. Par contre, il y a une différence notable : la longueur. Cette chanson approche les dix minutes et se permet donc plus de changements et rebondissements. Les mélodies et arrangements sont de grande qualité et accrochent l'oreille immédiatement. Personnellement, j'adhère plus à cette compo qu'aux deux titres d'ouverture sus-cités. Voilà un beau démarrage. Et la qualité perdure avec Book Of Shallows, un titre plus heavy qui va contenter ceux qui avaient peur que les riffs plus carrés ou parties de double grosse caisse répondent aux abonnés absents. Le titre est donc enlevé, avec un lead de guitare épique, un bon refrain et, en plus de deux invités que l'on connaît bien (Atkins et Lande), deux "petits nouveaux" qui viennent apporter un peu de sang neuf : Kürsch et Petrozza (ce dernier amène de l'agressivité sur un break direct qui, même s'il n'a pas la hargne du thrash de Kreator, n'en demeure pas moins appréciable). Arrivent ensuite deux titres que vous connaissez probablement déjà puisqu'ils ont été choisis pour faire la promo de cet opus avant sa sortie : Moonglow et The Raven Child. Le premier n'officie pas dans le style que je préfère chez Avantasia, à savoir une sorte de pop/rock flirtant avec la ballade (Sammet livre régulièrement ce type de compo depuis Lost In Space) mais il est pourvu d'une mélodie catchy servie par Candice Night qui s'avère un bon choix pour ce morceau (dont l'ambiance et le refrain ont un petit côté Mike Oldfield). Le fait que ce titre soit un single relève de l'évidence même, il a quelque chose de tubesque. Le second, The Raven Child, me convient plus. C'est une pièce épique de onze minutes, impeccablement chantée par le trio Sammet / Lande / Kürsch, à l'ambiance travaillée (encore une fois, les arrangements sont excellents, on entend une multitude d'instruments dont de la harpe sur le couplet), qui alterne passages énervés et accalmies comme il se doit et sort l'énorme refrain choral de rigueur. Si vous aimez des titres comme The Scarecrow, on est dans une démarche similaire. Personnellement, avec deux minutes de moins au compteur, je l'apprécierais tout autant (si ce n'est plus) mais ce n'est pas bien grave.

La suite réserve de belles choses mais aussi son lot de pistes plus convenues ou, à mon sens, moins enthousiasmantes. C'est peut-être le moment d'aborder l'un des points noirs de ce Moonglow : le manque global de surprises. Stylistiquement, ce huitième essai se situe dans la droite lignée de ses deux prédécesseurs les plus récents. Un sentiment de déjà-entendu se fait parfois ressentir et quelques pistes sont franchement prévisibles. Mais ce n'est pas toujours forcément problématique. Exemple : Requiem For A Dream. Voilà une compo avec Michael Kiske (la seule, malheureusement). Voilà, tout est dit. Une compo d'Avantasia avec Kiske au chant, ça donne quoi ? Un titre de speed mélodique majestueux assez semblable à Ghostlights, Where Clock Hands Freeze et d'autres. Sauf qu'une fois encore, c'est hyper bien foutu, doté d'un refrain et d'un Kiske impériaux. Je n'arrive pas à résister à ce genre de chansons, je tombe sous le charme à chaque fois (mon côté vieux fan de Helloween certainement). Je suis un peu moins emballé par Starlight (avec Ronnie Atkins) ou Lavender (avec Bob Catley) qui ne sont pas de mauvais morceaux mais qui me semblent extrêmement standards et n'offent pas grand-chose de mémorable (ils restent agréables car pourvus de refrains efficaces, le savoir-faire de Sammet en la matière n'étant plus à prouver). De même, la fin de l'album n'est pas tout à fait la conclusion digne d'un final de feu d'artifice à laquelle on pourrait s'attendre. Plutôt qu'achever l'auditeur avec une belle compo qui tue, Moonglow se conclue sur la reprise de Maniac. Alors, attention, je ne dis pas que c'est raté. La chanson est bien interprétée (même si la relecture Avantasienne est sage et n'offre pas quelque chose de très éloigné de l'originale), enlevée, avec un duo Tobias / Eric Martin sympa... c'est plaisant mais ça dénote un peu du reste du disque. Et si vous vous procurez l'édition limitée, vous aurez le droit à une piste bonus nommée Heart : même topo, il s'agit d'un morceau (chanté par Sammet) rock mélodique pas désagréable mais pas scotchant non plus. Heureusement, un peu plus tôt, il y a eu quelques chansons qui valaient le détour parmi lesquelles je retiendrai surtout Alchemy, un titre heavy à l'ambiance proche d'un Twisted Mind, avec une belle prestation de Geoff Tate (qu'on aimerait entendre chanter aussi bien et sur des compos de ce calibre plus souvent), et The Piper At The Gates Of Dawn, un morceau rapide, entraînant, enjoué et servi par une ribambelle d'invités (Atkins, Lande, Catley, Tate et Martin) qui donnent de la voix sur des mélodies accrocheuses (et notamment un super refrain). 

Alors, l'album parfait d'Avantasia ? Ce n'est pas encore pour cette fois, en ce qui me concerne. La formule du père Sammet est très familière, les surprises se font de plus en plus rares, et tout ne me semble pas du même niveau... on n'évite pas totalement l'écueil de l'album un peu trop rempli qui contient fatalement des chansons qui marquent moins. Pour autant, on aurait tort de trop se plaindre et oublier les talents de compositeur hors-pair de Tobias. J'ai beau lui trouver quelques failles, ce Moonglow ne manque ni de panache ni d'excellents moments et je prends du plaisir à son écoute. Je le rapprocherais donc plus de la meilleure moitié de la discographie du groupe (composée, selon mes goûts, du premier Metal Opera, Wicked Symphony et Ghostlights). On peut faire la fine bouche tant qu'on veut, on n'entend pas une collection d'hymnes aussi accrocheurs tous les quatre matins non plus. L'ensemble est évidemment pro et contient son lot de mélodies enthousiasmantes qui cartonneront lors de la prochaine tournée du groupe. Rendez-vous à Paris le 10 avril prochain pour s'en assurer !

Tracklist de Moonglow :

01. Ghost In The Moon
02. Book Of Shallows
03. Moonlight
04. The Raven Child
05. Starlight
06. Invincible
07. Alchemy
08. The Piper At The Gates Of Dawn
09. Lavender
10. Requiem For A Dream
11. Maniac
12. Heart (bonus track)

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