Autant les albums conceptuels en français, on les comprend, en anglais pareil, en espagnol et allemand, tout dépendra de vos vieux cours de lycée, mais en islandais, putain les mecs… Je dis ça, mais tout dépend de votre degré d’investissement dans l’écoute d’un album. Árstíðir Lífsins nous avait fait le coup en 2012 avec le très bon Vápna Lækjar Eldr. Je m’y étais plongé corps et âme, prêt à tout pour surmonter les différences culturelles et autres barrières de la langue (car ils ne chantent pas en islandais actuel, mais en vieil islandais les messieurs !). Et vous me connaissez, j’aime les défis, j’aime les albums conceptuels, j’aime tout ce qui pousse à réfléchir, à critiquer, à (dé)-construire. Le Vápna Lækjar Eldr je l’avais donc pas mal décortiqué (enfin dans la limite de ce qui m’était possible de faire en tant que « petit français »).

Après, d’autres chroniqueurs vont vous faire croire qu’ils ont pigé réellement le truc, mais je vous le dis entre nous, ils ont juste lu le communiqué de presse du label, point final. Je pourrais vous sortir les mêmes phrases. Donc le problème, quand on se retrouve avec un album comme ça, que l’on se sente investi ou pas pour comprendre le concept, c’est comme tenté de battre le record du monde de rubik's cube, un vrai challenge !

Dans le cas où vous n’auriez pas la foi, ils vous restent à vous accrocher à la musique. Aldafǫðr Ok Munka Dróttinn reste en grande partie dans les clous du précédent opus. Du bon Black Viking paganiste, des sagas islandaises racontées par les fameux « storytellers » (je préfère personnellement le terme d’aèdes mais bon), des voix graves, des cris hargneux blackeux, des blasts à répétitions suivis d’instants folkloriques. Je pense que le résumé est plus ou moins clair.

Aldafǫðr Ok Munka Dróttinn est un bon album, il faut se le dire, mais comme toujours chez Árstíðir Lífsins, il n’est pas non plus à la portée de tous. Barrière culturelle et linguistique, certes, mais aussi au niveau musical. Le temps est encore long, et cette fois l’album est un peu moins diversifié que le précédent. Donc plus difficile d’accrocher dans la longueur. Les instants chants vikings s’alternent à des passages narratifs puis folkloriques, où le Black Metal n’est finalement jamais loin. Aldafǫðr Ok Munka Dróttinn est d’ailleurs plus sombre que le précédent.

Árstíðir Lífsins joue dans un créneau Black Metal très étroit, très resserré, entre album conceptuel islandais et Black Viking épique. Difficile de leur reprocher quoique ce soit, si ce n’est ce que j’ai évoqué plus haut. Un bon album, pour un groupe original, qui possède un décor et un son unique.

Tracklist de Aldafǫðr Ok Munka Dróttinn :

Disque 1 :

01. Kastar Heljar Brenna Fjarri Ofan Ǫnundarfirðinum
02. Knǫrr Siglandi Birtisk A Löngu Bláu Yfirborði
03. Þeir Heilags Dóms Hirðar
04. Úlfs Veðrit Er Ið CMXCIX
05. Máni, Bróðir Sólar Ok Mundilfara

Disque 2 :

01. Tími Er Kominn At Kveða Fyrir þér
02. Norðsæta Gætis, Herforingja Ormsins Langa
03. Bituls Skokra Benvargs Hreggjar A Sér Stað
04. Sem Lengsk Vánar Lopts Ljósgimu Hvarfs Dregr Nærri