C H R O N I Q U E

La Singulière Noirceur D’un Astre est le troisième opus d’Ars Moriendi, one man band auvergnat de Black atmosphérique. L’avantage avec les groupes de Metal français c’est que quand tu crois tous les connaître, il y en a toujours un qui surgit pour te rappeler à l’ordre. Enfin, tout ça pour dire que je ne connaissais pas du tout Ars Moriendi jusqu’à aujourd’hui. Grande fut mon erreur, et encore plus belle fut la surprise.

Dès la première écoute, il ne fait aucun doute qu’Arsonist détient quelque chose de « singulier » dans son appropriation du Black atmosphérique, nous plongeant dans une espèce d’imaginaire médiéval noir, châteaux cathares perchés sur de sombres roches inatteignables, esprits malingres torturés, derniers chevaliers décadents d’une noblesse qui ne l’est pas moins. Le tableau est historique, un peu fantastique et toujours au bord de l’étrange.

La singularité d’Ars Moriendi pourrait tout aussi bien résider dans le chant, voix graveleuse tout droit sortie du fond d’un donjon en « terra incognita », paroles dans la belle et ancienne langue de Villon. La musique quant à elle est facilement accessible, pas du Black « raw » mais plutôt du progressif, avec de longues plages qui s’étalent sur un minimum de huit minutes chacune, en se laissant quelques soli typés heavy, un piano en toile de fond et une batterie martelant l’ambiance dark médiévale. L’atmosphère générale me fait d’ailleurs parfois penser à Darkenhöld bien que la tonalité du chant ne soit pas la même, ou aux débuts d’Elend (Les Ténèbres Du Dehors). Enfin, il y a quelque chose de manifestement intéressant dans ce dernier Ars Moriendi. Les écoutes doivent nécessairement se faire nombreuses, il en est souvent ainsi en Black atmosphérique. Il faut pouvoir saisir toutes les aspérités et subtilités de la musique, comme cette voix susurrante sur De Ma Dague entonnant « tu reviendras d’entre les morts, s’ils te font périr par les flammes », sur fond d’ambiance inquiétante et très travaillée.

La Singulière Noirceur D’un Astre résonne aussi avec de bonnes références littéraires, d’un Huysmans et son sordide Là-Bas à Michelet et son fantastico-historique La Sorcière. En d’autres termes l’album est une réussite, quand l’imaginaire s’épanouit en divers lignes de fuites, qu'elles soient personnelles ou non, c’est souvent très bon signe. Et il faut donc reconnaître qu’Ars Moriendi a bien joué son coup, on ne se lasse pas si facilement de La Singulière Noirceur D’un Astre, bien au contraire, on l’écoute pour le découvrir, le réécoute pour l’apprécier et le laisse tourner dans le lecteur pour l’adorer. Et puis il faut le dire, le choix des titres des pistes et des paroles est aussi très réussi, très proche à ce propos du Metal Noir québécois, et c’est un beau compliment !

Tracklist de La Singulière Noirceur D’un Astre :

01. De L’intouchable Mort
02. Vanité
03. De Ma Dague…
04. Ars Moriendi
05. La Singulière Noirceur D’un Astre

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