Artiste/Groupe:

Arcturus

CD:

Arcturian

Date de sortie:

Mai 2015

Label:

Prophecy Productions

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

El Piotr

Note:

17/20

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Un groupe peut-il effectuer un revirement stylistique significatif et pour autant conserver son identité musicale ? Voilà une manière bien agressive de débuter une chronique, je le concède. Cette question s’avère pourtant être bigrement de circonstance lorsque la chronique en question porte sur Arcturian, le dernier-né d’Arcturus.

Car le légendaire combo norvégien nous place devant le fait accompli : l’époque de The Sham Mirrors ou de La Masquerade Infernale est bien révolu. Plus grand-chose ne subsiste des ressorts musicaux mis en place par le groupe alors, ce dernier nous offrant davantage un héritier mature de Sideshow Symphonies que le retour aux sources qu’aurait pu suggérer le titre de l’album.

Dès lors, les questionnements affluent. Arcturus sans l’expérimentation, est-ce véritablement digeste ? Moins de "What The Fuck?!" pour plus d’atmosphérique, cela correspond-il à la mort d’une identité ? Ces questions qui, pour beaucoup d’entre nous (dont je ne fais pas entièrement partie), avaient obtenu des réponses décevantes avec Sideshow Symphonies. Qu’en est-il ici ?

Ne lambinons pas davantage : Arcturian est un bon album. Véritablement. Il souffre de la comparaison d’avec ses grands frères car il ne lutte pas du tout avec les mêmes armes. Pour autant, le résultat est d’une richesse indéniable. 

La danse est menée d’un bout à l’autre de l’album par le chant d’ICS Vortex, qui affiche avec un brio consommé l’étendue de son talent. Sa palette s’est par ailleurs considérablement étoffée, et nous donne à entendre de nombreuses sonorités absentes du dernier opus. Vortex navigue ainsi dans de nouvelles eaux, glissant, au gré du courant, d’un cri hystérique à une de ses envolées habituelles, de hurlements hargneux à la douceur loufoque de son ton haut perché. Game Over illustre parfaitement la variété présentée par le chant du norvégien. Et cette voix rauque, concluant le titre, ne vous laissera assurément pas de marbre.

Arcturus déploie tout au long de l’album une atmosphère cosmique qui s’avère primordiale, notamment parce qu'elle confère une certaine homogénéité à l’album. Cette patte se retrouve sur l’ensemble des titres, distillée par le tuba, qui approfondit le son, ou les orchestrations, qui l’élargissent et semblent invoquer des espaces infinis, ou encore par les bruits robotiques qui parsèment l’album. Le recours à ces bruits pose question, car s’ils participent activement à la mise en place de l’univers d’Arcturus, à sa contextualisation en quelque sorte, ils n’en demeurent pas moins assez cheap dans le rendu final, et paraissent déposés çà et là de manière plus ou moins heureuse selon la situation. 

L’écoute de cet album s’avère donc être une expérience musicale appréciable. Cependant, le groupe ne s’adresse plus réellement au même public. Car si les qualités d’Arcturian sont indéniables, condensées pour la plupart dans le génial Game Over, celles-ci n’ont plus grand-chose en commun avec le percutant et la folie des compositions présentes sur The Sham Mirrors par exemple. Cet album est parfait pour effectuer notre deuil, nous amenant à apprécier la musique d’Arcturus d’une autre manière. Le Roi est mort, vive le Roi ?

Tracklist de Arcturian

01. The Arcturian Sign
02. Crashland
03. Angst
04. Warp
05. Game Over
06. Demon
07. Pale
08. The Journey
09. Archer
10. Bane