Artiste/Groupe:

Angra

CD:

Ømni

Date de sortie:

Février 2018

Label:

earMusic

Style:

Power Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

14/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Angra, enfin ce qu'il en reste, est de retour ! Trois ans après un Secret Garden, pas forcément parfait, mais qui avait tout de même ravivé mon intérêt pour ce groupe en perte de vitesse depuis un bon moment, les Brésiliens reviennent donc avec Ømni. Le seul membre d'origine rescapé de tous les changements de line-up qui ont rythmé la carrière d'Angra est désormais le guitariste Rafael Bittencourt, étant donné que Kiko Loureiro, l'autre (excellent) guitariste fondateur, est bien pris par son nouveau poste chez Megadeth depuis un peu plus de deux ans et demi. Ce dernier a été remplacé par Marcelo Barbosa (Almah, le groupe d'Edu Falaschi, ex-chanteur d'Angra... le monde est petit). A part ça, on retrouve les mêmes musiciens que la dernière fois, à savoir Fabio Lione au chant (ex-Rhapsody Of Fire), Felipe Andreoli à la basse (fidèle au poste depuis le début des années 2000) et le batteur Bruno Valverde. Après écoute de ce neuvième opus, la direction empruntée sur Secret Garden se confirme. Si vous n'avez pas accroché au cru 2015, soyez prévenus : on retrouve ici une formule assez proche que celle dévoilée sur l'album précédent, avec quelques clins d'oeil au passé mais surtout une approche assez variée et moderne.

De quoi est constituée l'identité d'Angra aujourd'hui ? Eh bien, d'un peu de tout ce que le groupe a construit depuis ses débuts jusqu'à Secret Garden, avec quelques nouveautés en plus, histoire de continuer à surprendre le fan. Vous trouverez donc du power avec des orchestrations symphoniques, des choeurs en latin, des refrains épiques, un peu de musique brésilienne (quelques percussions ou passages tribaux), des passages très progressifs et pas mal d'éléments ou sonorités modernes qui évoquent le courant Djent entre autres. Comme dans Secret Garden, le ton général est assez costaud, le propos est (encore plus) varié, l'expérimentation est de mise, Rafael Bittencourt vient parfois épauler Fabio Lione (et même chanter une chanson complète, la ballade The Bottom Of My Soul) et l'on retrouve des invités (une certaine Sandy, chanteuse brésilienne que votre serviteur avoue ne pas connaître, et Alissa White-Gluz d'Arch Enemy). Voilà pour les similitudes entre les deux disques.

Avec le premier morceau, Light Of Transcendence, on nage en plein speed épique et symphonique. Cette compo-là, efficace à défaut d’être surprenante, fait écho à des chansons plus anciennes comme Nova Era ou Spread The Fire. Elle est aussi l'occasion de se rendre compte que la production (confiée, comme la dernière fois, à Jens Bogren) est impeccable avec un son puissant et moderne. Travelers Of Time propose également un rythme endiablé et un refrain épique. La technique des musiciens est bluffante mais le morceau ne me touche pas spécialement. C'est très bien fichu mais je ne suis pas transporté. Même remarque pour une autre speederie qu'on retrouvera en milieu d'album : War Horns. L’énergie est là, les musiciens sont épatants, mais ça me laisse un peu froid… ça manque d'une mélodie qui tue (ou qui m'accroche davantage). Tout cela est peut-être également dû au fait que je ne suis pas un grand fan de Fabio Lione (qui fait tout de même du bon boulot sur l'ensemble de l'album). Avec un chanteur plus à mon goût, le plaisir aurait été décuplé. 

Alors oui, comme souvent avec Angra depuis longtemps, il y a des bémols, je n'adore pas tout. Les ballades ne sont pas désagréables mais ne me transcendent pas (l'interprétation de Lione sur Always More m'agace même un peu) et la dernière piste, Ømni - Infinite Nothing, n'est qu'un long instrumental symphonique compilant les mélodies des chansons qui ont précédé. Encore une fois, ce n'est pas mauvais mais je ne trouve pas là de quoi satisfaire mes envies de sensations fortes. Heureusement, ce nouvel opus contient aussi quelques surprises et moments très réussis qui le rendent plus enthousiasmant. Avec la troisième chanson, Black Widow's Web, l'album décolle. L'ambiance est sombre, menaçante, les deux invitées (Sandy et Alissa) apportent une dualité intéressante, les gros riffs modernes font penser à du Djent... c'est assez surprenant pour du Angra et ça me plaît. Insania est catchy, entêtante même (peut-être même un peu trop sur la fin) et possède un super refrain soutenu par de beaux choeurs. Et il y a deux morceaux plus complexes, riches, progressifs, qui me ravissent à chaque nouvelle écoute : Caveman (avec ses percussions et ses chants tribaux) et Ømni - Silence Inside qui contiennent des passages instrumentaux assez fabuleux. Les musiciens sont étourdissants... On parle souvent des guitaristes mais on ne saurait oublier les qualités exceptionnelles de la section rythmique : la basse d'Andreoli (bien audible, merci monsieur Bogren) nous régale et le jeu de batterie remarquable de Valverde allie puissance, technique et finesse. 

Tout comme son prédécesseur, Ømni ne me charme donc pas dans sa totalité... mais il demeure un disque intéressant de la part d'un groupe qui continue d'évoluer et a encore des choses à dire. Certains diront que tout cela, ça n'est plus vraiment Angra. Je comprends, le groupe a changé... mais, objectivement, les changements ont toujours fait partie de la carrière du combo. Prenez Angels Cry, Holy Land, Fireworks ou Temple Of Shadows, par exemple : aucun de ces disques ne ressemble à l'autre. D'une certaine façon, la tradition est donc respectée. Une fois encore, je ne peux crier au chef-d'oeuvre mais je prends. J'ajouterai même que, pour la première fois depuis des années, j'ai de nouveau envie de voir Angra sur scène... et ça tombe bien puisque les Brésiliens viendront au Forum de Vauréal le 24 mars prochain ! J'ai hâte de voir comment ce nouvel album va sonner en live. 

Tracklist de Ømni :

01. Light Of Transcendence
02. Travelers Of Time
03. Black Widow's Web
04. Insania
05. The Bottom Of My Soul
06. War Horns
07. Caveman
08. Magic Mirror
09. Always More
10. Ømni - Silence Inside
11. Ømni - Infinite Nothing