Artiste/Groupe:

anasazi

CD:

ask the dust

Date de sortie:

Mai 2018

Label:

Indé

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Didier

Note:

15.5/20

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Le groupe anasazi nous vient de Grenoble, il œuvre assez discrètement dans le style rock ou metal progressif depuis 2004. Le groupe est mené de main de maître par son leader/fondateur Mathieu Madani qui, en plus des compositions, joue de la guitare rythmique, des claviers et chante. Dans le line-up actuel, il est accompagné de Christophe Blanc-Tailleur à la basse (depuis un bon bout de temps), de Bruno Saget à la lead guitare et d’Anthony Barruel à la batterie. anasazi évolue en équipe réduite et on retrouve par exemple Julie Barruel aux chœurs sur un certain nombre de morceaux, et c’est Christophe qui est responsable du mixage (excellent d’ailleurs). Ce line-up s’est stabilisé depuis 2015 et donc ask the dust (Mathieu est fâché avec les majuscules) est le premier album délivré par cette équipe, le précédent album, 1000 yard stare datant de mars 2014. La très jolie pochette qui rappelle un peu l’univers du Château dans le Ciel de Hayao Miyazaki est signée Grégory Migeon. Voilà pour les présentations !

Pour le son, nous voilà parti pour une bonne heure de musique qui, comme souvent dans le prog, nécessite plusieurs écoutes pour bien comprendre et apprécier la démarche artistique. L’auditeur se verra alors récompensé de sa curiosité et trouvera dans la première grosse moitié de l’album de quoi se réjouir. L’album contient dix morceaux, dont un instrumental, plus un morceau caché à la fin qui porte le nom de l’album. Les morceaux sont de durée moyenne, entre quatre (miles away) et huit minutes (and the grudge (still here)) et sont tous chantés en Anglais.

staring at the sun, donne parfaitement le ton de cet album : puissant, racé, travaillé, inspiré de certains maîtres du genre (Porcupine Tree, Dream Theater, …), j’aime beaucoup son long break qui illustre parfaitement l’étiquette progressive du groupe, j’aime aussi beaucoup la voix posée et mélodieuse de Mathieu, qui a fait d’énorme progrès sur son anglais (quand je réécoute origin(s) ça me saute aux oreilles). miles away est bâti autour d’un arpège très mélodieux (de Bruno), là encore j’aime la voix de Mathieu, la bonne basse de Christophe et le solo très inspiré de Bruno. Si vous êtes curieux et lisez l’interview de Mathieu, vous verrez aussi que les thèmes abordés sont sérieux (la religion), durs (la dépression, la prostitution), souvent bien tristes (Alzheimer, la mort). Ambiances mélancoliques donc, et c’est l’ami Mathieu qui a bossé sur les paroles de cet album dont le morceau éponyme, ask the dust, traite d’écologie et de la merde qu’on est en train de léguer à nos enfants. feeling nothing est un de mes préférés, et pas uniquement pour les petits effets de basse de Christophe, mais parce que tout y est réussi, l’émotion transmise par le morceau est impressionnante. drift away me semble un peu plus pop (chant, chœurs, refrain), tout en restant avec un petit côté progressif (break, solo), le tout est une réussite. falling est plus agressive (chant, batterie) et montre une autre facette du groupe, le couplet est plus syncopé, les nappes de claviers plus présentes sur le refrain. Mathieu chante avec un effet « radio » sur sa voix, Bruno plaque encore un très bon solo, fin et technique. Personnellement je trouve les cymbales un poil trop encombrantes dans le mix. Le groupe prend encore de gros risques avec the second before, avec une partie chantée presque a capella, sur fond de percussions. La composition est de haut vol, la prestation de Mathieu au chant aussi. Les guitares et les violons nous font virevolter sur un tempo atypique à trois temps, sorte de valse des temps modernes. Mathieu retrouve sa talk box pour still I can hide, un morceau plus calme qui fleure bon la finesse de Pink Floyd alors que le break prend tout le monde à contrepied par sa lourdeur, et ses nappes de claviers. Dans and the grudge (still here), le morceau le plus long de cet album, les amateurs de metal prog vont être ravis. On pense à Riverside pour la musique, à James LaBrie pour le chant (le morceau fait penser à l’ambiance épique de The Astonishing). C’est encore un de mes morceaux préférés avec feeling nothing. L’effet Dream Theater est renforcé par le solo de Bruno très Petrucci dans le style. Le morceau se termine en apothéose, avec de nombreux changements, j’adore.

Mais voilà, forcément après toutes ces bonnes choses, ce quasi-sans faute, je trouve les quelques morceaux qui suivent un peu en dedans, c’est le cas de into the floor, très lent, style certains passages mous de Dream Theater dans The Astonishing. Même si le solo est réussi, il reste sur un tempo super lent, un poil soporifique. Il faut attendre la dernière minute du morceau pour sortir de notre torpeur. Je ne suis pas non plus convaincu par le morceau instrumental qui clôture (officiellement) l’album : once dead. Le style est carrément post rock planant, un peu trop à mon goût, d’autant que le morceau dure presque cinq minutes, puis enchaîne sur deux minutes de… blanc. Plus blanc que blanc même ! Les plus impatients ne pourront résister à l’envie de passer ce morceau caché (golden egg), qui porte donc le nom de l’album ask the dust. Là encore ça démarre très lentement, avec la belle voix de Mathieu sur fond de guitare acoustique et de piano. Ca démarre et ça reste très calme, trop à mon gout. 

Au final, je trouve que la fin de l’album est un peu en dessous du reste qui avait, certes, mis la barre très haut. C’est dommage car c’est l’impression finale qu'on garde souvent. Après de nombreuses hésitations, je ne vais pas accrocher la fameuse breloque « coup de cœur » à l’album, même si je le recommande chaudement à tous les amateurs de rock progressif, de musique recherchée, de compositions subtiles et de musiciens à la recherche permanente de l’émotion avec un grand E.

Tracklist de ask the dust :

01. staring at the sun 
02. miles away
03. feeling nothing
04. drift away
05. falling
06. the second before
07. still I can hide
08. and the grudge (still here)
09. Iinto the void
10. once dead
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11. ask the dust (morceau caché)

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