C H R O N I Q U E

Waouh ! Alors, ça ne m'arrive pas tous les jours mais cette fois-ci je ne vais pas avoir le choix, je vais être obligé de m'emballer. Les Américains d'Alter Bridge, dont le succès n'a cessé de croître depuis 2004, reviennent en force avec ce quatrième opus nommé Fortress. Je précise tout de suite que je ne suis pas un inconditionnel du groupe, non pas que je leur trouve des défauts particuliers, c'est juste que je ne les connais pas depuis longtemps. C'est en fait grâce à un ami qui m'a offert le blu-ray de leur concert à Wembley l'année dernière que j'ai découvert Alter Bridge. Qu'il en soit remercié car sans lui, je ne serais probablement pas en train de rédiger cette chronique. Jusqu'à la semaine dernière, j'étais séduit par Myles Kennedy (aussi connu pour donner de la voix sur les albums ou les tournées de Slash) et ses compagnons (le guitariste Mark Tremonti, le bassiste Brian Marshall et le batteur Scott Phillips, tous membres de Creed), ayant surmonté mes doutes initiaux - le gros rock metal ricain vaguement post-grunge n'étant pas forcément ma tasse de thé - sans être totalement acquis à leur cause non plus. Mais ça, c'était avant que n'arrive sur mon bureau la nouvelle galette du quatuor. Mesdames et messieurs, préparez-vous : avec Fortress, c'est l'heure de la claque !

Et on peut dire que ça commence fort avec Cry Of Achilles. Epique est le premier mot qui me vient à l'esprit quand je pense à ce titre. Une belle intro acoustique d'une trentaine de secondes et c'est parti pour une charge heavy aux mélodies impeccables. Ce morceau de plus de six minutes constitue une entrée aussi classieuse que puissante. L'énergique single Addicted To Pain, armé d'un riff metal exemplaire et de mélodies qui font mouche sans qu'elles n'empiètent sur la virilité du propos, est d'une efficacité telle que le mot imparable semble avoir été inventé pour ce type de compos. Au passage, ceux qui trouvaient que le disque précédent, AB III, était un peu mou du genou seront conquis par ce début d'album. Et pas que par le début d'ailleurs... car Fortress est heavy en diable ! C'est simple, vous prenez Alter Bridge avec toutes les qualités que vous lui connaissiez, et vous y ajoutez des riffs plus heavy et accrocheurs, des lignes de basse encore plus pénétrantes, un peu plus de double pédale à la batterie, un son encore plus massif... et voilà, le tour est joué ! Les accalmies sont moins nombreuses mais très réussies et parfaitement intégrées à l'album. En effet, la sombre et pesante ballade Lover ou la plus légère et optimiste All Ends Well évitent les écueils de la chanson gnan-gnan qui fait grincer les dents. L'émotion est là, c'est sobre et ça sonne juste. A part cela, Fortress fait plutôt dans le percutant et si vous avez aimé Addicted To Pain, vous devriez vous régaler avec des titres bien balancés comme Bleed It Dry (à l'intro très rentre-dedans) ou Cry A River. Du groove, du riff, de la patate... On trouve de tout cela sur ce disque, et même de grands moments de grâce comme sur l'excellente et épique Calm The Fire, probablement une des meilleures chansons de ce cru 2013 ou sur la chanson titre qui clôt l'écoute de bien belle façon en jouant la carte de la versatilité (calme, apaisée, inquiétante, rythmée avec un super break qui accélère le tempo). La prestation de Myles Kennedy est superbe de bout en bout (avec quelques variations bienvenues, notamment sur l'intro de Calm The Fire ou sur le couplet de Lover), Mark Tremonti signe une série de riffs et soli inspirés, la section rythmique est au diapason et le son est énorme. C'est ce qu'on appelle un sans faute. 

Voilà donc un album qui porte terriblement bien son nom tant cette galette est un condensé de solidité et de puissance. Fortress, c'est un peu Alter Bridge updated ou upgraded. Pour les non-anglophones, cela veut dire que le groupe s'est mis à jour et a passé la vitesse supérieure. Incroyablement constant et homogène sans jamais être redondant ou rébarbatif, ce quatrième effort est si réussi qu'on l'imagine bien devenir LA référence du groupe pour les années à venir. La conclusion est aussi évidente qu'indiscutable : Fortress est l'un des grands incontournables de 2013. Il faudra encore attendre quelques années afin de déterminer si l'on peut reprendre la phrase précédente et remplacer "2013" par "la décennie", mais au vu des qualités de ce disque, cela ne m'étonnerait pas. Rendez-vous fin 2019 pour faire le point. 

Tracklist de Fortress :

01. Cry Of Achilles
02. Addicted To Pain
03. Bleed It Dry
04. Lover
05. The Uninvited
06. Peace Is Broken
07. Calm The Fire
08. Waters Rising
09. Farther Than The Sun
10. Cry A River
11. All Ends Well
12. Fortress

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