Artiste/Groupe:

Acrimonious

CD:

Eleven Dragons

Date de sortie:

Mars 2017

Label:

W.T.C.Productions

Style:

Black Orthodoxe Mélodique

Chroniqueur:

Azagtoth

Note:

15/20

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Voici le troisième album de cette formation grecque, qui appartient à cette scène black « néo-orthodoxe », proche des Acherontas, Nightbringer, Serpent Noir, Thy Darkened Shade ; autant pour l'approche musicale qu'au sens propre, puisque le line-up du groupe a vu passer du monde, notamment des membres des groupes précités.
J'ai envie de dire qu'Acrimonious commence avec cet Eleven Dragons à sérieusement se démarquer.

A l'écoute du précédent, album à la couverture qui interpelle (même artiste que pour celle-ci, aussi surprenant que ça puisse paraître) avec ses couleurs vives et qui annonçait un style psychédélique, je me suis dit que le groupe avait du potentiel, au bout duquel il n'était pas allé avec Sunyata : le son est brouillon, les compos sont longues et parfois poussives, mais l'ensemble témoigne d'un certain travail au niveau mélodies et arrangements.

Tout cela a été retravaillé pour Eleven Dragons : le son, à défaut d'être massif, est propre et net, au niveau du standard dans le style et même au-delà. C'est un détail très important quand on fait du black orthodoxe avec une vocation mélodique, d'autant que les lignes de basse sont élaborées et ne sont pas toujours qu'une assise banale pour les riffs de guitare.

Certes, l'album est encore très long (soixante-six minutes, avec des compos qui peuvent dépasser les huit minutes), mais j'ai envie de dire que ça ne se sent pas ; du moins, pas autant que sur le précédent. Prenons pour exemple le premier morceau, dont la durée dépasse les neuf minutes : après une intro de presque quatre minutes en mid tempo arrive la partie vocale, secondée par un riff digne d'un Deathspell Omega, sombre et dissonant ; et c'est à grand renfort de variations rythmiques, vocales et riffiques que le titre tient ses promesses sur la durée, donnant un morceau passionnant de bout en bout sans que la lassitude ait eu le loisir de poindre son nez.
L'ensemble de l'album est construit sur ce même modèle ; en tout cas, c'est l'impression qu'il donne, puisque les longueurs ne se ressentent pas.

A défaut de proposer une lecture complètement personnelle du style orthodoxe moderne, Acrimonious possède néanmoins sa propre sensibilité mélodique, avec quelques passages gracieux, et même à couper le souffle ; le meilleur exemple est, pour ma part, la fin de Satariel's Grail : le feeling global du titre rappelle le black hellène classique du début des années 90, avec ces lignes de guitare mélodieuses et aériennes, un bon compromis entre tradition et modernité, et le titre culmine sur cette fabuleuse montée en fin de morceau. Ce sera assurément un de mes titres marquants de l'année.

Le niveau d'écriture est sensiblement le même sur le restant de l'album. Je ne pense pas qu'il y ait un énorme fossé par rapport à l'album précédent ; c'est juste que la production met les compositions bien plus en valeur. L'accroche s'en ressent d'autant plus.

Malgré un certain nombre de stéréotypes néo-orthodoxes, Acrimonious tire largement son épingle du jeu avec cet Eleven Dragons, qu'on peut sans problème distinguer de la masse de sorties du même type grâce à un sens aiguisé de la composition, ses quelques passages épiques et particulièrement inspirés et sa sensibilité mélodique toute particulière. Un grand pas en avant pour la formation grecque.

 

Tracklist d'Eleven Dragons :

01. Incineration Initiator
02. The Northern Portal
03. Damnation's Bells
04. Satariel's Grail
05. Elder Of The Nashiym
06. Kaivalya
07. Qayin Rex Mortis
08. Ominous Visions Of Nod
09. Stirring The Ancient Waters
10. Litany Of Moloch's Feast
11. Thaumitan Crown