Les Zurichois de 69 Chambers viennent de sortir leur troisième album, Machine. Après un second disque, Torque, salué par la critique et les fans en 2012, le trio suisse revient sur les devants de la scène avec un disque solide, définitivement metal, mais aussi extrêmement varié. Machine regroupe en effet plusieurs variantes metal, allant d’un heavy rock FM très mélodique et teinté d’un soupçon de pop à un thrash sous influence nu-metal-grunge en passant par un doom gothique. Cette variété ne fait nullement renier leurs origines aux deux membres de Coroner. Bien au contraire, je dirais que l’influence de Nina Vetterli-Treml, la chanteuse bassiste, permet à Tommy Vetterli (autrement dit Tommy T. Baron à la guitare) et Diego Rapacchietti (batterie) d’explorer de nouvelles pistes sans compromettre leur histoire propre. Paradoxalement, les multiples influences rendent Machine apatride, ou tout au moins sans influences continentales. Le disque est donc très agréable à l’écoute et accessible pour une audience non spécialisée. La voix assez basse et chaude de Nina fait merveille et colle parfaitement avec l’image du groupe. Son coté crooner apporte du groove à des compositions déjà solides.
Le disque s’ouvre sur le tempo initialement oriental de Deceleration. Celui-ci ne fait que paver le chemin du rock lourd qui va suivre. Le titre agit comme un aimant bipolaire, à mi-chemin entre heavy et nu-metal. Une belle ouverture. F.Y.L. est plus rugueux, rapide et sombre. La batterie de Diego Rapacchietti y est très présente et rappelle le tempo de titres grunge punk. Violent. Machine fait un peu doom indus. Mais rien de négatif là-dedans. Un tempo lourd et un son sale juste illuminé par la voix de Nina. Personnellement, j’adhère. Si je me suis un peu attardé sur Nina Vetterli-Treml (sic…), je crois aussi qu’il est important de souligner la qualité intrinsèque des musiciens du groupe. La partie rythmique est sans défaut, mesurée et présente sans en faire trop. Quant à la guitare, que dire ? Elle est simplement parfaite. On connaissait les qualités de Tommy T. Baron, mais le Tommy Vetterli de 69 Chambers n’a rien à lui envier. Riffs tueurs, justesse dans les mélodies et finesse dans le jeu qui permet la cohésion avec le reste du groupe.
Cette finesse se retrouve justement dans l’ouverture de Little Bird of Death. La voix de Nina se fait plus fragile, rendant la balance entre heavy et ballade subtilement équilibrée. Le (faux) tempo doom de Who Am I tranche radicalement. Le titre se fait plus musical et plus entêtant en fin, pour atteindre une sorte d’apothéose. Happiness est un vrai titre Hard Rock. Les instruments poussent l’auditeur à suivre le rythme, jusqu’à un riff puissant de guitare. Facile. Métamorphose m’a initialement un peu déstabilisé. Est-ce les paroles en français ? Est-ce les ruptures rythmique ? Je ne sais pas, mais au final, plus les écoutes se multiplient, plus le titre monte dans la liste de mes favoris. La combinaison guitare-batterie est excellente. Un vrai hymne de salle (française), avec des relents de Mass Hysteria. Excellent. Loaded Gun est une ballade metal pur jus. C’est souple, musical et facile à retenir. Le plus thrash Chemical Poetry rappelle les origines musicales de Tommy et Diego. Définitivement pas mon titre préféré, mais intéressant tout de même par la combinaison corps-thrash et refrain-rock mélodique. Machine se clôt sur un duo à l’instrumentation plus lourde. Quantum Wave propose une approche heavy metal très joueuse. C’est ultra musical et probablement fait pour le live. Finalement Serpent of Hypocrisy permet de refermer l’album comme il avait été ouvert, avec un brin de nostalgie mais aussi et surtout avec le son thrash puissant de la guitare de Tommy.
Ceux qui ont besoin d’un fil rouge pour apprécier un album auront peut-être de la peine à se retrouver dans ce Machine. Je les encourage tout de même à se pencher sur ce très bon album. Pour les autres, je dis simplement : allez-y les yeux fermés et les oreilles ouvertes.
Tracklist de Machine :
01. Deceleration 02. F.Y.L. 03. Machine 04. Little Bird of Death 05. Who Am I 06. Happiness 07. Métamorphose 08. Loaded Gun 09. Chemical Poetry 10. Quantum Wave 11. Serpent of Hypocrisy