WITHIN TEMPTATION AU ZENITH DE PARIS LE 08 OCTOBRE 2007

REMERCIEMENTS A THIBAULT ROUQUET ET A ROADRUNNER

PHOTOS PAR THIBAULT ROUQUET

LIVE REPORT (par DAMIEN)

Un concert de Within Temptation à Paris, avec Delain en première partie, ça ne se loupe sous aucun prétexte. Après l'attente au milieu des fans de la belle Sharon, les gens de la sécurité du Zénith me dépouillent de mon appareil photo que je dois laisser à la consigne, gardée par un homme, disons quelque peu imbibé. Et on serre les dents pour l'avenir de ce petit appareil photo qui n'a rien fait à personne. Après cette petite déconvenue, course effrénée pour récupérer au final le premier rang des gradins sur la droite de la scène, point de vue idéal sur les artistes et la fosse.

20 heures
Les lumières s'éteignent et les lourdes guitares de Delain ouvre la soirée. Les membres entrent en piste et lancent Silhouette Of A Dancer. Le son est quelque peu brouillon mais la puissance est bien là. Charlotte assure son chant et nous prouve que, malgré son statut de débutante, elle dispose de capacités vocales prometteuses. Le temps d'enchaîner Frozen et le public finit de rentrer dans l'univers du groupe, mi-pop gothique mi-métal lourd. Un bien bel accueil. Le groupe fait résonner les premiers accords de No Compliance, en duo sur l'album avec Sharon Den Adel, magnifique chanteuse dudit Within. De là à imaginer qu'elle se joigne à Charlotte pour un Guest mémorable, l'imagination franchit allégrement le pas. Mais la déception se fait poindre lorsque Charlotte démarre le couplet normalement chanté par la grande prêtresse du soir. Mais au grand soulagement, comme me l'avait indiqué Martijn quelques heures auparavant, Sharon débarque sur le premier refrain pour un moment d'anthologie. Aucune des deux n'éclipse l'autre, la foule est en délire En plus le son s'éclaircit, alors comme le dit la formule c'est que du bonheur.

Suivront See Me In Shadows puis le formidable The Gathering (qui manque quand même de Marco Hietala !), fédérateur hymne en puissance, filmé pour l'occasion pour illustrer la sortie du single. Dernier morceau, Pristine nous signifie que le groupe va rendre l'antenne. Un morceau de bravoure épique qui clôt 30 minuscules minutes de bonheur intense, de bonne humeur partagée. Le groupe idéal pour ouvrir Within.

Mais. Mais entre Charlotte et Sharon, il y a Jyrki 69. Et Jyrki, c'est le leader des 69 Eyes. Et là est la grande enigme de la soirée : que vient faire ce groupe de rock gothique intercalé entre les deux ? Alors certes, le groupe d'Helsinki à plusieurs albums présumés sombre à son crédit, mais dès les premières secondes, on se doute que leur show va être mémorable : habillés à la mode Motley Crüe feat. The Misfits VS Frankie Goes To Hollywood. Années 70 au programme, le groupe annonce une attitude Thrash et il faut avouer que le lancement de leur set sur Devils est du meilleur effet. Mais ensuite... Ensuite, le groupe devient de plus en plus ridicule, le chanteur nous gratifie d'un trémoussage de fesses version Jennifer Lopez, se déhanche tel une pseudo star du Glam, puis ne veut plus lâcher son pied de micro. La palme est toutefois à partager avec le batteur Jussie 69 qui, en se prenant pour Tommy Lee dès le premier morceau, se targue du jeu de baguette le plus ridicule de la soirée. Il lance ses baguettes à l'envie mais il n'a pas l'air doué pour les rattraper (le groupe semble même avoir un stock de baguettes et une personne préposée au lançage de baguettes au batteur, c'est dire...). Côté setlist la part belle est faite aux derniers albums, avec un beau (musicalement s'entends) Dance D'amour, mais au-delà de cela, le vide. Le groupe semble avoir compté sur le Show pur, les déguisements et les gestes pour combler le manque d'ambition et de diversité de leur musique. Pourtant, en y prêtant mieux attention, en intégrant des titres plus entraînant (tel Forever More), le groupe peut tout à fait captiver sans se mettre dans la peau des Misfits en cent fois plus ridicules. Seul point positif, le groupe quitte la scène sur le riff d'Im Broken de Pantera, seul moment de bon goût de ce set qui aura eu le mérite de casser complètement la bonne humeur initiée par Delain.

Après un entracte bien mérité, les lumières se ré éteignent pour la dernière fois. Le décor s'illumine, des gargouilles nous dominent. Et Our Solemn Hour lance le bal. Dans la fosse, c'est l'hystérie. Dans les gradins, les gens sont plus mous. Et la belle, la magnifique Sharon apparaît enfin, telle la grande déesse qu'elle est pour tous les fans de Within. Le son est fracassant, éminemment puissant, ravageur. Une entrée en matière réussit mais il manque quelque chose. Ah oui, la communication. Sharon et Robert haranguent les fans, ils leurs parlent. Et en face, ils sont aux anges.

The Howling débarque, assez redoutable en live. Puis Robert prend le micro pour introduire la première des trois chansons pour lesquelles les fans ont pu voter afin de les entendre ce soir. "Jane Doe ! Jane Doe !" scandent les fans, mais c'est étonnement Aquarius de The Silent Force qui déboule. Et elle permet au groupe de nous mettre la première grosse claque de la soirée : le morceau sonne incroyablement bien, Heavy à souhait. Enchaînement fracassant avec le dramaturgique Stand My Ground, puis le sautillant Forsaken. Le groupe a une emprise impensable sur ses fans, le Zénith vibre, les gradins commencent à se lâcher, la fosse en prend plein la tête. Et eux, là, sur scène, ils prennent leur pied. Ils nous assènent leurs tubes, chansons bien plus Metal et Roots sur scène que sur album, ils se parent de grands sourires, ils s'amusent. Merde, c'est si simple que ça d'être un grand groupe ?

The Cross s'avère également une sacrée surprise tant il sied à merveille à la setlist pour l'instant sans faute. Puis arrive le premier single de The Heart Of Everything. Keith Caputo, leader des Life Of Agony apparaît en video sur l'écran et What Have You Done résonne. Il y aura toujours des gens pour regretter ce procédé mais le public se charge de faire passer ce détail aux oubliettes en reprenant comme si sa vie en dépendait de tonitruants "What Have You Done ?". Pour le plus plaisir du groupe. La féerie s'installe pour de bon et le mythique Mother Earth nous fait planer. Les colonnes s'enflamment, l'intro de the Silent Force nous fait patienter et le groupe continue sur See Who I Am, véritable bombe. Et lorsque Angels nous atomise les neurones avec sa mélodie parfaite, la soirée vire dans la folie complète. Plus personne ne résiste, Within Temptation vient de laminer à grands coups de tubes intemporels la concurrence.

Hand Of Sorrow passe comme une lettre à la poste et le premier véritable moment d'émotion pure se présente à nous. Sharon se pare de sa plus belle voix, faisant preuve d'une technique, d'une puissance, d'une pureté, d'une grandeur digne des plus grandes chanteuses de tous les temps, nos poils se hérissent tant l'émotion est superbe. Et Robert, décalé sur le côté de la scène de regarder sa dulcinée avec un regard amoureux comme au premier jour. A en faire pleurer Jyrki ! Baisse de régime sur le moyen Final Destination (pourquoi ne pas avoir mis Frozen à la place ?) mais n'étant pas encore remis de la chair de poule filée par le morceau précédent, on ne reprend nos esprits que pour le redoutable The Truth Beneath The Rose. Et hop fin de la première partie du set.

Argh. Quelques minutes plus tard, le groupe revient pour nous asséner ni plus ni moins que Deceiver Of Fools (irréel de beauté quand placé en rappel), puis les deux morceaux pour lesquels les fans ont voté (enfin l'occasion d'entendre Jane Doe et de combler tout le monde pour l'occasion et It's The Fear, choix surprenant mais pas déplacé tellement cette chanson est bonne) et enfin le mémorable Ice Queen. Mémorable car le groupe achève littéralement les fans et les autres personnes présentent avec ce qui n'est rien de moins qu'une des meilleures chansons de l'histoire du Metal Gothique. Le groupe nous salue, encore et encore, respectant jusqu'au dernier de ses fans, avec un sourire aussi large que les pantalons de Dino Cazares, et lorsqu'il quitte définitivement la scène, on se prend à avoir la gorgé nouée. Une telle soirée malgré quelques défauts anecdotiques paraît magique. Une expérience à vivre.