Ugly Kid Joe + Skid Row + Dead City Ruins

Date

23 Novembre 2013

Lieu

Vauréal - Le Forum

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Deux groupes de Hard Rock made in USA, populaires au début des années 90 et bien moins depuis cette époque mais qui connaissent un regain d'attention et de succès ces derniers temps, passaient par la très sympathique salle du Forum à Vauréal en cette fin du mois de novembre : Ugly Kid Joe (fraichement reformés depuis 2010) et Skid Row. Le concert affichait complet depuis le milieu de l'été et cette soirée s'annonçait chaude. Elle le fut. 

Avant que déboule sur scène cette co-tête d'affiche pour grands nostalgiques, les jeunes Australiens de Dead City Ruins ont eu pour mission de chauffer la salle. Mission accomplie à l'aide d'un hard rock mélodique bien fédérateur. On sent chez ce groupe un amour sincère des années 70 et 80, il y a également de l'envie, de la fougue, de la bonne humeur, et les bons gros riffs nécessaires à une adhésion quasi-immédiate de la part du public.

Certes, les Dead City Ruins n'ont pas réinventé la roue mais leur musique, très accessible, et leur démarche passent bien. Leur Hard Rock aux influences diverses s'avère efficace et vraiment facile à appréhender dans des conditions live pour ceux qui ne connaissent pas le groupe (ce qui doit être le cas d'à peu près tout le monde ce soir). On pense parfois à du Black Sabbath (la chanson 'Til Death) et même à du Iron Maiden (les harmonies de guitares sur Happenzella) et globalement toutes les compos présentées passent sans problème. Mention spéciale à l'enlevée Broken Bones au riff bien heavy, particulièrement convaincante.

Le gimmick du chanteur, c'est d'adopter un regard de fou. Certaines de ses attitudes (et même quelques-unes de ses lignes de chant) rappellent parfois un certain Ozzy Osbourne... On se dit que le vocaliste doit certainement compter le "Madman" parmi ses héros (Dio en fait également partie, une chanson lui est consacrée et porte d'ailleurs son nom sur l'album). Et bingo ! Vers la fin du concert, le doute n'est plus permis, le monsieur fait tomber la chemise et qu'aperçoit-on ? Un tatouage de la pochette du disque Tribute d'Ozzy.

La salle a été très convenablement chauffée sans que ce soit l'émeute non plus et une bonne partie de l'assistance a le sourire. D'ailleurs, on retrouvera les Dead City Ruins un peu plus tard au stand merchandising, en train d'écouler pas mal de copies de leur album (dédicacé et vendu à un prix très raisonnable). En discutant avec eux, on apprendra que ces ventes leur permettent de financer une partie de leur participation à cette tournée (la location de leur van, l'essence, etc.). Des gars bien sympas qu'on a envie de souvenir. Allez, un CD pour bibi ! 

 

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, c'est au tour de Skid Row de fouler les planches du Forum. La montée sur scène est précédée de Blitzkrieg Bop des Ramones que les enceintes de la salle crachent sur un public qui a l'air bien chaud. Les "Hey Ho, Let's Go!" sont repris comme il se doit... et, on voit ce qu'est une setlist ingénieusement construite, c'est parfait parce que quand les Américains débarquent, c'est pour balancer un Let's Go extrait de leur dernier EP. Début énergique... bien vu !

La sauce prend rapidement mais ce n'est rien comparé à ce qui va suivre : quand les premiers accords de Big Guns retentissent, la fosse se met en mouvement et l'ambiance monte d'un cran. On peut en dire autant de la température. C'est là qu'un constat (loin d'être nouveau) s'impose à nous : bien que Skid Row soit encore capable de pondre des titres bien sympas, les classiques composés par le groupe il y a bien longtemps sont hors d'atteinte et ce sont ces derniers qui déchaînent les fans. Et le groupe en est bien conscient, la preuve : la setlist fait la part belle aux titres des deux premiers albums. On peut faire le compte, ce constat n'en sera que plus incontestable : seize chansons jouées, sept proviennent du premier album, quatre de Slave To The Grind... ce qui laisse cinq places pour tout le reste de la discographie !! 

Les fans sont donc à la fête. Et ils auraient tort de se priver... d'autant plus que le groupe joue très bien et est visiblement content d'être sur scène. On pourra même dire qu'il est touché de l'accueil réservé par le public. A de nombreuses reprises, on verra les visages de Johnny Solinger (dont on reparlera dans un instant) ou Dave "The Snake" Sabo s'illuminer face à la ferveur de leurs supporters. Tout cela contribuera à faire de cette soirée un moment assez fort et spécial. Oui, on peut toujours trouver des choses à redire, évidemment. Le son est fort, puissant mais il n'est pas parfait, certains riffs sonnent un peu brouillon et la voix de Johnny a parfois du mal à ressortir du mix général. Parlons un peu de ce chanteur... Pas facile de succéder à Sebastian Bach... A peu près tout le monde s'accorde à dire que, depuis le départ de ce dernier, le groupe n'a rien proposé de transcendant et que l'absence de Bach est grandement responsable du fait que Skid Row soit vaguement tombé dans l'oubli. Et bien, il s'en sort plutôt pas mal le Johnny. Il n'a peut-être pas la voix monstrueuse ni le charisme de son prédécesseur mais il chante franchement bien et se révèle très sympathique sur scène. Souriant, chaleureux, sincère... et tout de même doté d'une bonne voix (ne l'oublions pas), Mr. Solinger fait le boulot et ne massacre pas les vieux morceaux (en tout cas, certainement pas plus que Bach lui-même depuis un certain temps).

Le reste du groupe n'est pas à la traîne. Rob Hammersmith s'anime derrière ses fûts consciencieusement, Dave Sabo sourit en dégainant les riffs qui ont fait les beaux jours de son groupe... Celui qui a pris un sacré coup de vieux, c'est Scotti Hill. Pâle, ridé et maquillé, il évoque une sorte de croisement entre Keith Richards et Iggy Pop. En tout cas, le monsieur est généreux, il sourit ou grimace face au public, joue le jeu des photographes et nous sert de très beaux solos. Bien sûr, il y a Rachel Bolan, habité par la musique, souvent en train de fermer les yeux, comme en train de planer... mais possédant toujours une belle énergie, donnant de la voix en participant régulièrement aux choeurs en compagnie de Sabo et prenant même le micro sur la fameuse Psycho Therapy, son petit moment punk à lui (rappelons que c'était déjà lui qui chantait cette chanson des Ramones sur le EP B-Side Ourselves en 1992).

Le set est énergique, la puissante Thick Is The Skin (seul morceau rescapé de l'album Thickskin) dépote, Riot Act est toujours aussi hargneuse, la nouvelle Kings Of Demolition est très efficace sur scène même si elle ne séduit pas autant l'assistance que les morceaux plus anciens... Mais Skid Row n'oublie pas de nous servir les ballades qui ont contribué à sa réputation : pas moins de trois classiques ce soir avec 18 And Life, In A Darkened Room et I Remember You... toutes reprises en choeur par le Forum comme il se doit. Au détour d'un rappel, les Américains se risqueront même à une quatrième ballade : la récente This Is Killing Me. Il faut dire qu'après les puissantes Monkey Business et Slave To The Grind, il fallait bien souffler quelques minutes ! Afin de ne pas endormir leur public (aucun risque, l'ambiance est électrique), ces messieurs choisissent de terminer leur set d'une heure et quart par Sweet Little Sister (belle surprise !) et l'incontournable Youth Gone Wild. Alors soit, Skid Row n'est sans doute plus le grand groupe qu'il fut jadis mais ce soir, il nous a offert un concert plus que réjouissant ! Si vous en doutez, jetez un oeil à leur prestation lors du prochain HellFest, vous pourriez être agréablement surpris. 

Setlist Skid Row :

01. Let's Go
02. Big Guns
03. Makin' A Mess
04. Piece Of Me
05. 18 And Life
06. Thick Is The Skin
07. Riot Act
08. In A Darkened Room
09. Kings Of Demolition
10. Psycho Therapy
(Ramones cover)
11. I Remember You
12. Monkey Business
13. Slave To The Grind
--------------------------------
14. This Is Killing Me
15. Sweet Little Sister
16. Youth Gone Wild

 

Encore une petite pause et c'est l'heure d'accueillir les affreux sales gosses d'Ugly Kid Joe. L'ambiance est tout de suite moins cuir et jeans... C'est plus bermuda et baskets ! Voire slip rouge pour le batteur... ou t-shirt décalé très sympa, porté par le guitariste Klaus Eichstadt, parodiant la pochette au pentacle de Shout At The Devil de Mötley Crüe, remplaçant le nom du groupe par celui de Mariah Carey. Fun.

Cela dit, on aurait tort de penser que les Ugly Kid Joe ne sont que des rigolos. Car ça joue, et pas qu'un peu ! Le début du concert ressemble beaucoup à celui donné en juin 2012 dans cette même salle puisque le groupe attaque son set avec les même titres, à savoir l'intro de Menace To Sobriety et V.I.P. Pas de God cette fois-ci mais un Dialogue en troisième position, seul rescapé du boudé Motel California (à raison, si vous me demandez mon avis)... Et comme ce fut le cas il y a près d'un an et demie, c'est avec l'arrivée de Neighbor que l'ambiance, déjà très bonne sur les premiers titres proposés, décolle véritablement. Aucun doute n'est permis, l'album chouchou des fans est et restera (probablement à jamais) America's Least Wanted !

Les titres s'enchaînent et le groupe se montre en grande forme. Sonny Mayo avec son t-shirt rouge, sa boule à zéro et une belle énergie capte bien les regards, Cordell Crockett et son jeu de basse impressionnant aussi, le nouveau batteur Zac Morris se dépense sans compter et défonce bien sa batterie... mais celui qui attire le plus l'attention est évidemment Whitfield Crane. Le chanteur a toujours un beau jeu de jambe et ne se prive pas de communiquer avec le public. Il nous fait chanter, descend de la scène pour se rapprocher des premiers rangs, lance assez régulièrement un petit "Jump when I jump" histoire de bien nous mettre à contribution sur les morceaux les plus énergiques au cas où l'idée de somnoler nous aurait traversé l'esprit, demande à un fan du public de refaire l'énorme beuglement qu'il venait de produire quelques secondes auparavant... Bref, il incarne son rôle de frontman à 100% et avec assurance mais à sa façon, avec un air nonchalant et décalé. 

Le son est bon, un peu meilleur que celui de Skid Row, et l'ensemble est aussi puissant qu'énergique... mais puisque je me dois d'être tout à fait honnête, je vais (très légèrement) râler : le show ressemble beaucoup à celui de l'année dernière. "Et alors ??" me direz-vous, c'est le même groupe et il n'y a pas eu de nouvel album depuis. Quoi de plus normal dans ce cas ? Oui, ce n'est pas faux mais j'aurais bien aimé une ou deux petites surprises. Bon, j'exagère, ils ont joué So Damn Cool et Jesus Rode A Harley, deux chansons qui ne figuraient pas dans la setlist de 2012. Malgré cela, je ressens une (toute) petite frustration. 

A part ça, les nouveaux titres passent bien... sans déclencher la folie non plus (un point commun avec Skid Row), mention spéciale à Devil's Paradise dont l'aspect heavy rend particulièrement bien en live. Mais quand le groupe balance un Panhandlin' Prince, un Milkman's Son ou un bon vieux Goddam Devil, c'est quand même autre chose. 
Au moment du rappel, les Ugly Kid Joe nous proposent quelque chose d'assez original en terme de mise en scène : plutôt que de s'en aller et revenir, ils s'immobilisent (et ils le font très bien, on se croirait presque au musée Grévin) en pleine action et attendent que les cris de la foule soient suffisamment assourdissants pour "revenir à la vie". Les trois clichés ci-dessous illustrent d'ailleurs ce petit moment particulier.

Minuit approche déjà, c'est l'heure de conclure, et c'est évidemment Everything About You qui se charge de sonner la reprise des hostilités pour ce rappel. Efficacité et fun garantis. Petite surprise (alors, qu'est-ce qui m'a pris de râler, franchement ?) : le show se conclut sur un Ace of Spades (oui, la chanson de Motörhead) bien puissant et qui achève une partie de l'assistance. Oh ça va, pas de moqueries, il est tard et certains d'entre-nous n'ont plus vingt ans, OK ?

Setlist Ugly Kid Joe :

01. Intro
02. V.I.P.
03. Dialogue
04. Neighbor
05. C.U.S.T.
06. Jesus Rode A Harley
07. Panhandlin' Prince
08. So Damn Cool
09. No One Survives
10. Devil's Paradise
11. Cat's In The Cradle
(Harry Chapin cover)
12. I'm Alright
13. Tomorrow's World
14. Milkman's Son
15. Goddamn Devil
16. Everything About You
17. Ace Of Spades (Motörhead cover)

Merci aux groupes de ne pas avoir ignoré la France sur cette tournée européenne. Merci pour le fun, la générosité et la réactivation de certaines sensations remontant à mon adolescence. Puisqu'on en est aux remerciements, j'en profite pour ne pas oublier le personnel de la salle du Forum, toujours aussi accueillant, et plus particulièrement Aurélie pour l'invitation et l'obtention des interviews.

Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum !