Trans-Siberian Orchestra

Date

14 Janvier 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Trans-Siberian Orchestra à Paris : un pari risqué, une réussite partielle... mais il fallait y être. Et donc j'y étais. Verdict : un peu de frustration, un peu de magie, un peu de déception, de la classe, du kitsch aussi... Mais j'ai bien fait. Je ne regrette pas de m'être déplacé. D'autant plus qu'il n'est pas certain qu'un tel événement se reproduise de sitôt.

Commençons par le commencement... et le contexte. Trans-Siberian Orchestra à Paris ?! Voilà bien quelque chose que je ne pensais jamais voir. On ne peut pas dire qu'un travail de promo très important ait été fait sur ce projet (créé par Paul O'Neill et Jon Oliva de Savatage, rappelons-le) en France depuis des années. TSO, ça cartonne aux USA, principalement. Et tout d'un coup, on nous annonce une date chez nous... et à l'Olympia qui plus est ! C'est une vraie surprise. Et quand j'apprends la nouvelle, je me réjouis... Pas vraiment parce que je suis fan de TSO (car, en toute honnêteté, même si je possède trois de leurs disques et que j'apprécie beaucoup certains de leurs morceaux, je ne le suis pas) mais plutôt parce que je suis un inconditionnel de Savatage, et la perspective de revoir sur scène beaucoup de musiciens de ce groupe mythique, tout en sachant (ou espérant) qu'ils joueront quelques-uns de leurs classiques sur une scène aussi belle que celle de l'Olympia est quelque chose que je ne veux pas louper. D'autant plus qu'on sait bien qu'avec TSO, c'est la grosse artillerie : il y a le groupe bien sûr, mais également les choristes, les violonistes, un light-show somptueux... Bref, le spectacle devrait être au rendez-vous. Sauf que voilà, en même temps que je me réjouis, j'ai peur. Vu la popularité somme toute assez relative de TSO (et de Savatage) chez nous et le prix élevé des places (jusqu'à soixante-deux euros !), je me dis qu'il va y avoir un malaise... si ce n'est une annulation. Et non, le concert ne sera pas annulé. En revanche, il y aura beaucoup d'invitations pour remplir la salle ainsi qu'une opération "soldes hivernales" comme on en a rarement vu (des billets à dix-huit euros au lieu de soixante-deux !). Du coup, en ce soir du 14 janvier, la salle de l'Olympia est correctement remplie, à défaut d'être comble. Tant mieux.

                  

Passons maintenant au show. Il commence à 20h30... Mais il me faudra bien du temps pour réussir à rentrer dedans et pleinement en profiter. Pourquoi ? C'est assez simple : comme j'ai un pass photo, on me fait rentrer (ainsi que les autres photographes) quelques instants avant que le spectacle ne commence, mais comme il n'y a pas de fosse pour photographe ce soir (l'Olympia est en configuration assise), on nous place tout en haut de la salle, derrière la console. Et là, nous avons trois chansons pour essayer de prendre un maximum de clichés sachant que nous sommes loin de la scène, que le show débute avec beaucoup de fumée... Bref, les conditions ne sont pas idéales. Et puis, surtout, au bout de quelques titres, on nous fait sortir de la salle (en plein milieu d'une chanson de Savatage, Handful of Rain, aaarrrgghhh...) pour aller déposer notre matériel en consigne. Quelques minutes plus tard, on peut réintégrer la salle et s'asseoir là où il reste des places. Voilà. C'est bien beau tout ça mais pas forcément très intéressant pour vous qui vous demandez ce que valait le concert de TSO. J'y viens. Les conditions que je viens de décrire ne suffisent pas à expliquer pourquoi je n'ai pas réussi à immédiatement accrocher au show des Américains.

C'est vrai, la configuration assise n'aide pas. On sait qu'il ne s'agit pas d'un concert de metal mais quand même, c'est de l'opera rock... et ça fait bizarre. Sur scène, il y a des moyens et des musiciens sacrément compétents. Les guitaristes de Savatage, Al Pitrelli et Chris Caffery, sont là. Le bassiste Johnny Lee Middleton et le batteur Jeff Plate (qui proviennent du même illustre groupe) aussi. Aux claviers, on retrouve un certain Vitalij Kuprij (Artension, Ring of Fire). Au chant, il y a du monde : des chanteurs et chanteuses pas forcément très connus du public metal, le grand Jeff Scott Soto mis à part. Tous sont globalement assez excellents dans leur registre, on y reviendra. Visuellement et auditivement, c'est parfois très beau, mais tout cela est réglé au millimètre près, c'est chorégraphié, scénarisé (il y a même un narrateur qui vient de temps en temps faire le lien entre deux morceaux) et, par conséquent, on perd de la spontanéité et de la folie propres à un concert de metal (ou de rock, tout simplement).

Pendant la majeure partie du show, il n'y a quasiment aucune communication avec le public. Ce n'est pas franchement interactif, on pouvait s'y attendre. Mais dans le courant de la soirée, les choses évoluent un peu. Et c'est là qu'il faut remercier Chris Caffery. Car le guitariste ne se contente pas de jouer sa partition. Il apporte de sa bonne humeur (il sourit constamment), communique un peu avec les fans, et a une attitude un peu plus hard rock que la plupart des personnes présentes sur scène. A un peu plus de 22 heures, une chose "extraordinaire" va même se produire : le public va se mettre debout le temps d'un instrumental bien mené ! Encouragé par Mr. Caffery justement, l'Olympia se lève de son fauteuil et tape dans ses mains en rythme. C'est sympa, je respire un peu. Et ça se reproduira quelques fois, notamment sur la fin du concert. 

Tout cela mis à part, il y a du talent et de très belles choses ce soir, sur scène. Mais pas que... Pour ne pas vous donner l'impression que je ne fais que râler, je vais commencer par le positif. Le son est très bon. Le show est bien voire trop bien (arh, j'avais dit "positif") rodé. Les lumières sont assez somptueuses, la scène est plutôt belle à regarder. Il y a des moments de grâce. Les chansons de Savatage bien sûr... Que voulez-vous, on ne se refait pas. Oui, entendre des compos comme This is the Time, Gutter Ballet, The Hourglass ou Believe jouées par un tel groupe, avec des vocalistes impressionnants, des violons, des choeurs... ça le fait carrément ! Et je ne boude pas mon plaisir. Mais il n'y a pas que ces compos que j'aime tant qui tirent leur épingle du jeu. Certains morceaux de Trans-Siberian Orchestra sont prenants et assez beaux. Pas tous, et certainement pas les petits instrumentaux qui reprennent des airs connus de musique classique façon "opera rock pour toute la famille" et ont souvent un petit côté kitsch. Mais certaines chansons ont provoqué l'acclamation du public, et à juste titre. Je pense notamment au très bon Mephistopheles' Return ou à l'épique Epiphany (morceau d'une dizaine de minutes) sur lesquels le chanteur Rob Evan impressionne. Kayla Reeves sort ses tripes sur le refrain de Someday, et c'est beau (la formulation est plus ou moins adroite mais vous me comprenez). Chaque chanteur a son moment de gloire, son morceau de bravoure et il faut reconnaître que TSO n'embauche pas n'importe qui. Petite particularité qui ne gâche rien : les choristes, en plus de très bien chanter, sont assez jolies. Aaahhh... ils sont forts, ces Américains !

                  

La fin du spectacle se laisse mieux apprécier que le début, nous nous sommes finalement acclimatés aux conditions, l'ambiance s'est un peu déridée, les morceaux convaincants s'enchaînent (même le traitement TSO de Carmina Burana m'impressionne), la salle se lève de plus en plus régulièrement pour acclamer les musiciens, la prestation est de qualité... et tout cela se termine avec l'instrumental par lequel tout a commencé : le fameux Christmas Eve (qui provient, à l'origine, de l'album Dead Winter Dead de Savatage). Grâce à une deuxième moitié de concert plus prenante que la première, grâce également à la bonne idée d'avoir incorporer pas moins de sept chansons de Savatage dans la setlist (et même huit si l'on compte The Mountain qui n'est rien de plus qu'une version légèrement rallongée de l'instrumental Prelude To Madness sur l'album Hall Of The Mountain King) et à de très beaux moments mettant en valeur les talents de musiciens de la troupe, je me dis qu'il fallait (au moins une fois) voir Trans-Siberian Orchestra sur scène. Maintenant, vous l'aurez compris, malgré de vraies qualités, l'ensemble demeure imparfait (la narration en anglais a déstabilisé une bonne partie du public, certaines relectures néo-classiques faisaient plus penser à du André Rieux qu'à du metal symphonique, et le show possède un côté trop propret, lisse et consensuel qui peut frustrer).  Du bon et du moins bon, donc... mais ça change de ce qu'on a l'habitude de voir, ce n'est quand même pas tous les jours qu'un tel spectacle nous est proposé. Alors même si la magie ne fonctionne pas toujours à plein régime, je me dis que ce concert était, au final, pas mal du tout. Et puis, vu la confidentialité dans laquelle le groupe évolue chez nous (rappelons qu'aux USA, ce sont de vraies superstars), TSO repassera-t-il prochainement ? Pas sûr... 

Merci à Olivier Garnier et Roger Wessier pour l'invitation. Merci également à Ninon de LiveNation pour l'accueil souriant. 

Setlist Trans-Siberian Orchestra :

01. Time and Distance
02. Winter Palace
03. This is the Time
04. Christmas Jam
05. Handful of Rain
06. A Last Illusion
07. Gutter Ballet
08. Misery
09. Mephistopheles' Return
10. Mozart
11. Sparks
12. The Hourglass
13. Someday
14. Child Unseen
15. Believe
16. Wish Liszt
17. After The Fall
18. Wizards in Winter
19. All That I Bleed
20. Dreams Of Fireflies
21. Carmina Burana
22. Epiphany
23. The Mountain
24. Piano Solo (+ La Marseillaise)
25. Beethoven
26. Requiem
27. Christmas Eve

 

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