Mr. Big

Date

21 septembre 2011

Lieu

Paris - Le Bataclan

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Deux ans après leur retour en grandes pompes, les quatre fantastiques du Hard Rock U.S. reviennent fouler les planches du Bataclan pour le plus grand plaisir de leurs fans. Il y a assurément de quoi se réjouir car, en plus, le dernier album de Mr. Big, What If, est tout bonnement excellent. Avec de nouveaux titres qui devraient briller sur scène, et le savoir-faire habituel de ces messieurs, on se dit que la soirée devrait être des plus agréables. Le sera-t-elle ou le quatuor va-t-il décevoir ? Réponse dans quelques instants... car d'abord, il y a une première partie.

                

C'est au guitariste français Yann Armellino, accompagné d'un bassiste et d'un batteur, que revient la tâche pas forcément aisée d'ouvrir le bal. En effet, à 19h, la salle est loin d'être pleine, mais le trio va assurer, tout en décontraction. Yann apparaît comme un type humble et cool, qui communique avec son public d'entrée de jeu afin d'établir une connivence. La réponse de la foule est réelle bien qu'un peu timide. Le set durera une demi-heure, et pendant cette trentaine de minutes Yann et ses acolytes proposeront un hard rock instrumental, sympathique et bien exécuté. Variant les ambiances et les références (tantôt bien rock ou légèrement bluesy, parfois plus hard ou Satrianien, sans oublier un petit détour par la Motown avec une reprise de I Heard It Through The Grapevine de Marvin Gaye), le guitariste nous sert des morceaux bien faits et sobres, loins des excès stylistiques de certains héros de la guitare. Pas de grimace, pas de démonstration, on n'en fait clairement pas des tonnes... Servi par des musiciens compétents, l'ensemble est juste cool, à défaut d'être toujours transcendant. Dommage que le son n'ait pas totalement été à la hauteur, la basse réglée un peu trop fort n'a pas laissé suffisamment de place à la guitare que l'on entendait tout de même assez bien lors des solos mais qu'il était plus difficile de distinguer sur les rythmiques.  

 

Une bonne demi-heure après la fin du set de Yann Armellino, les lumières s'éteignent à nouveau, et l'ambiance devient tout à coup nettement plus chaleureuse quand Mr. Big investit la scène. Le groupe est véritablement acclamé par son public et décide de démarrer les hostilités avec de bons vieux classiques. C'est donc un Daddy, Brother, Lover, Little Boy (on ne peut mieux choisi pour provoquer l'enthousiasme d'un Bataclan qui a eu le temps de se remplir depuis le début de la soirée) qui lance la soirée sur de bons rails. Eric Martin, arborant des lunettes de soleil, est tout sourire, Billy Sheehan et Paul Gilbert exécutent leur fameux solo à la perceuse pendant que Pat Torpey, les yeux clos (ils le resteront pendant la majeure partie du set) frappe ses fûts avec puissance et précision. On sent les messieurs en forme, et ils ne donnent pas l'impression de s'être déplacés pour faire les choses à moitié. On ne peut que jubiler face à un tel professionnalisme et une telle pêche.

                

Les Américains ont de l'expérience, ils connaissent bien leurs points forts et ont l'air de savoir quels sont leurs albums les plus appréciés. On ne s'étonnera pas alors de les voir débuter leur show avec trois extraits de leur classique Lean Into It (les trois premières chansons en fait). Et quand ils délaissent cet album c'est pour plonger directement dans leur récent What If... unaniment salué (aussi bien par la presse que par les fans) comme l'un de leurs tout meilleurs disques. Preuve de la popularité des deux albums évoqués ci-dessus: alors que Mr. Big, Bump Ahead et Hey Man totaliseront (à eux trois) six chansons, les deux autres en proposeront pas moins de treize !! J'en profite pour exprimer un (tout petit) regret: dommage que le groupe fasse l'impasse sur la période Ritchie Kotzen, il y aurait bien eu deux ou trois titres vraiment excellents à extraire des deux albums auxquels le guitariste a participé. Le groupe avait d'ailleurs dit, lors de leur reformation, qu'ils en inclueraient certainement quelques-unes lors des tournées suivantes... et ben, ce n'est pas pour cette fois-ci (ça me rappelle un peu Rob Halford qui avait dit qu'il chanterait bien quelques chansons de la période Tim Ripper Owens chez Judas Priest... mouais, ça pourrait être marrant de le voir essayer, remarquez).

                

Le son et les lumières sont impeccables même si la voix d'Eric Martin paraît légèrement en retrait. En tout cas, du haut de sa cinquantaine d'années le bonhomme assure et mène le show avec humour. Soit, sa voix est un peu abimée et on sent bien qu'il n'a plus toute la puissance dont il disposait dans les années 90, mais il a encore de beaux restes.
En tout cas, il n'est assurément pas le seul à assurer le spectacle. Billy Sheehan et Paul Gilbert savant se mettre en avant, et ils se rejoignent régulièrement au beau milieu de la scène pour se livrer à leurs prouesses acrobatiques. Ces deux virtuoses sont tout simplement incroyables d'aisance.
Mais voilà, Mr. Big est un peu au Hard U.S. ce que Die Hard est au cinéma d'action. Il y a forcément un moment où ça devient un peu "too much"...

En effet, tout comme un bon film de la franchise citée ci-dessus, le show bien rôdé de Mr. Big est fun, divertissant, efficace et spectaculaire... mais il y a la scène de trop. Vous savez, dans Die Hard 4 (long-métrage qui n'en finit pas de se terminer), la scène en trop est celle où Bruce Willis se bat contre... un avion de chasse ! Ouais (on attend avec impatience le cinquième épisode où il affrontera certainement un sous-marin à mains nues, ça manque un peu à la série je trouve...). Et bien, chez nos quatre Américains, cet excès de zèle se traduit par la présence de solos bien gonflants. Il y a un vrai progrès à souligner depuis le dernier passage du groupe: ces excès sont moins nombreux (pas de solo de batterie ce soir, ni de longs duos basse/guitare). Mais ce n'est pas encore parfait, Paul Gilbert et Billy Sheehan, qui sont évidemment des monstres dans leur domaine, ne peuvent s'empêcher de triturer leurs cordes très (mais vraiment très très) longuement lors d'un rituel qui ressemble bien plus à une longue et pénible démonstration de branlette qu'à quelque chose possédant le moindre intérêt musical. C'est bien dommage car ces gars-là sont de vrais tueurs et tout ce qu'ils font pendant leurs chansons ou lorsqu'ils se lancent dans un jam (comme sur The Price You Gotta Pay ce soir-là) relève de la magie pure. Mais sérieusement, il faut arrêter d'essayer de nous impressionner en nous balançant des milliers de notes à la seconde pendant dix minutes... nous ne sommes plus des adolescents (enfin, il doit bien y en avoir dans la salle quand même mais bref), et vous non plus messieurs, ce genre de dérive un peu facile n'est plus de votre âge. Il faut savoir rester raisonnable.

                

Mis à part ce (tout) petit point noir qui ne représente qu'une infime partie de la soirée, le reste du concert fut au dessus de tout reproche. C'est la claque, le bonheur... la jubilation. Le groupe est puissant, précis et joue sans cesse avec son public. De la générosité, on en trouve également dans le temps de présence sur scène: deux heures et une dizaine de minutes de concert, pas moins. Le set de ce soir est axé sur les compos les plus pêchues du groupe, on y trouve moins de ballades qu'à l'accoutumée (seulement Just Take My Heart et To Be With You) alors que toutes les chansons plus up-tempo du répertoire de Mr. Big y passent (Addicted To That Rush, Daddy, Brother, Lover, Little Boy, Colorado Bulldog, American Beauty, Still Ain't Enough et l'habituelle reprise de Shy Boy en rappel). Billy et ses amis nous surprennent en déterrant quelques chansons que nous n'avions pas entendues depuis très longtemps (A Little Too Loose et Road To Ruin), et échangent leurs instruments le temps d'un Smoke On The Water (de Deep Purple, mais faut-il vraiment le préciser ?) bien excellent.
A la fin du concert, on est ravi, on est rassasié... Les gars de Mr. Big ont encore le feu sacré et forment l'un des meilleurs groupes de Hard Rock encore en activité. Le programme fut complet: le hard rock qui balance bien, la classe, la décontraction, l'humour, la technique imparable... Rien à redire. Au sortir de la salle, Billy Sheehan est même venu signer quelques autographes devant le Bataclan, il s'est prêté au jeu des photos et nous a offert des barres chocolatées argumentant que le concert avait quand même été long... Ils sont forts ces Ricains !!

                

Setlist Mr. Big

01. Daddy, Brother, Lover, Little Boy
02. Alive and Kickin'
03. Green-Tinted Sixties Mind
04. Undertow
05. American Beauty
06. Take Cover
07. Just Take My Heart
08. Once Upon A Time
09. Hey You / How Down
10. A Little Too Loose
11. Road To Ruin
12. Temperamental
13. Guitar Solo
14. Still Ain't Enough
15. The Price You Gotta Pay
16. Take A Walk
17. Around The World
18. As Far As I Can See
19. Bass Solo
20. Addicted To That Rush
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21. To Be With You
22. Colorado Bulldog
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23. Smoke On The Water
24. Shy Boy

 

 

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