L I V E R E P O R T

A peine rentré du Hellfest, après trois jours de folie caniculaire et onze heures de route le lundi, j'avais rendez-vous le mardi soir pour voir Joe Bonamassa au Nikaïa, notre Zénith niçois. J'adore ce guitariste et je ne pouvais pas rater ça. Hellfest ou pas Hellfest. En plus, j'avais organisé ça avec mes parents. Oui je sais c'est pas courant d'aller à un concert de rock avec son papa et sa maman, surtout quand on a cinquante ans, mais que voulez vous c'est comme ça dans les familles de mélomanes. En plus, ma mère avait préparé des Pan Bagnats, ça ne se refuse pas. Nous arrivons sur le parking quasi vide, une heure environ avant le concert, ce qui nous permet de nous garer tout près de la salle. Un premier choc comparé aux quinze minutes de marche pour atteindre le coeur du Hellfest. Une fois dans la salle, une hôtesse nous montre nos chaises. Une hôtesse ! Des chaises ! Houaaaa, qu'est ce que c'est que ce binz ? Des sièges confortables et une salle climatisée. Quel choc ! Franchement, c'est bien agréable après ces trois jours à la fête de l'enfer. J'arrive à acheter une bière pour accompagner mon Pan Bagnat, sans même avoir à faire la queue, on croit rêver. Un rapide coup d'œil autour de moi me permet de voir que malgré mon grand âge, je fais encore baisser la moyenne d'âge des spectateurs. C'est dire ! Plutôt chicos le concert, 100% numéroté, 100% assis, mais il faut dire que le prix des places n'aidait pas, merci Drouot.

J'avais reçu in extremis, un pass photo, et là aussi c'est un peu étrange. Pas de pit photo, pas le droit de se mettre devant les gens assis au parterre. Il restait donc les allées, donc à une bonne dizaine de mètres de la scène : gros zoom obligatoire. Je m'acquitte de ma tache tant bien que mal, et retrouve mes parents pour le reste du concert. Je me fais haïr de mes voisins car je dois faire lever la rangée pour rejoindre mon siège: oups !

A 20 heures pétantes, les lumières s'éteignent et Joe attaque un petit solo ambiant, dans le noir complet. Pas de première partie, on s'attend donc à une longue soirée dont Joe a le secret. Quand le morceau (Dust Bowl) commence enfin, les lumières s'allument et c'est un sacré spectacle ! Joe est habillé comme à son habitude d'un costume bleu et de ses lunettes de soleil. La classe. Il est accompagné d'un groupe tout aussi classieux qu'il présentera vers la fin du set, jugez plutôt : A la batterie, Tal Bergman qui a joué avec, entre autres, Rod Stewart, Simple Minds et Billy Idol. Aux percussions, un véritable spectacle à lui tout seul, Lenny Castro. Il a joué avec les plus grands : Eric Clapton, Stevie Wonder, les Red Hot Chili Peppers, Fleetwood Mac et les Rolling Stones. A la basse, on retrouve son bassiste depuis pas mal de temps, Carmine Rojas, qui a longtemps joué pour David Bowie, Tina Turner, Santana, Stevie Ray Vaughan et B.B. King. Enfin, et je l'avais de suite reconnu, c'est Derek Sherinian, ex Dream Theater et Black Country Communion qui est aux claviers. Je réalise que dans le divorce Black Country Communion, Joe Bonamassa a gardé Derek, alors que Glenn Hughes est parti avec Jason Bonham. Quelle tristesse ! Bref tout ce beau monde est devant moi ce soir, je suis d'ailleurs super bien placé, et nous livre un son et lumière de grande qualité. Le son est parfait, là encore ça nous change du Hellfest.

Ce premier morceau est une tuerie, en version live, il est super rallongée. Ca sera en fait le cas de tous les morceaux, qui sont, en live, sacrément étirés avec souvent des solos de Joe, mais pas toujours, puisque les autres musiciens interviennent aussi régulièrement dans des petits breaks. Par exemple sur une des fins, ils enchainent sur le riff de Won't Get Fooled Again des Who. Marrant.

Il faudra attendre trois morceaux avant que Joe ne nous adresse la parole. Là il nous explique qu'il est content d'être à Nice et de, cette fois, pouvoir chanter. Pour comprendre son message, il fallait avoir assisté au Jazz à Cimiez en 2009. Cet été là, Joe passait en première partie de B.B. King, et j'y étais allé pour voir le phénomène Joe Bonamassa plus que B.B. King. Au final Joe était monté sur scène pour expliquer qu'il avait une infection à la gorge et ne pouvait pas chanter. Mais qu'il pouvait jouer de la guitare (tu parles Charles) et que donc, plutôt que d'annuler, il avait appelé des potes pour venir chanter. Ca avait été une super soirée.

Cette fois-ci Joe chante, et il chante bien. Ses doigts glissent sur les frets, ses lunettes glissent sur son nez. Il nous regarde par dessus ses lunettes, ça lui donne un air marrant avec son costard. C'est plutôt une setlist de blues lents, pas super rock. Par moment il joue très doucement, on entendrait des mouches voler. Le public écoute sans un bruit, quasi religieusement. L'ambiance est plutôt au concert de jazz d'ailleurs, certains petits solos des différents musiciens sont applaudis par le public connaisseur. Le groove du père Carmine est juste incroyable, par moment sur des lignes de basses relativement simples. Impressionnant ! Nous avons droit un excellent duo batterie / percussions, pendant lequel les autres musiciens ont déserté la scène. Joe manie avec brio le style violin (institué par l'autre maestro qu'est Jeff Beck), qui consiste à faire chanter sa guitare comme un violon (ou une baleine), en utilisant le potard de volume du micro. A propos de Jeff Beck, Joe reprend aussi un morceau de Jeff Beck (Blues Deluxe), tant qu'à faire ! Le groupe parait très soudé, Carmine est littéralement calé sur ce que fait Joe, il ne le quitte pas des yeux. Ils s'interpellent par moment. Par exemple dans un des blues lents, Joe chante "You know what?" et Lenny (non pas Lemmy !) gueule "what?". C'était marrant sur le coup, mais pas facile à expliquer je vous l'accorde. Il se marre pas mal aussi, par exemple pendant un des solos démoniaques de maitre Joe, Carmine utilise sa serviette pour lui faire de l'air sur les mains, genre il y a le feu. Je parlais d'un excellent jeu de lumière, c'est encore plus flagrant sur l'intro de Slow Train, puisque les lumières accompagnent la musique qui imite un train à vapeur. On s'y croirait vraiment ! J'attendais aussi The Ballad of John Henry, qui est à mon avis un des meilleurs de Joe, mais je reste un peu sur ma faim tant le morceau est réarrangé par rapport à l'album. Ils jouent aussi un morceau de Black Country Communion (Song of Yesterday) sur laquel Derek pose un bon petit solo.

Ils saluent et quittent la scène à 21h30. c'est un peu le choc. On a tellement l'habitude des nombreux DVD de Joe qui durent tous au moins deux heures. On tape des mains et heureusement il revient. Mais seulement pour une quinzaine de minutes, avant de disparaitre à nouveau, définitivement cette fois. Au final il n'aura joué qu'une heure quarante. C'est dommage, je suis un peu déçu. Ca fait cher le concert.

 
Setlist Joe Bonamassa:

Dust Bowl
Oh Beautiful
Who's Been Talking
Blues Deluxe
Song of Yesterday
Slow Train
Love Ain't a Love Song
Sloe Gin
The Ballad of John Henry
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Django / Mountain Time

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