Grave Digger + Orden Ogan

Date

11 avril 2011

Lieu

Le Divan Du Monde (Paris)

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Ce n'est pas tous les jours que les Allemands de Grave Digger viennent nous rendre visite... qui plus est en tête d'affiche. Deux dates en France, une à Paris et l'autre à Lyon, pour cette affiche modifiée (au départ Grand Magus et Sister Sin devaient faire partie de la fête mais, suite à leur désistement, c'est Orden Ogan qui a assuré la relève au pied levé) mais néanmoins intéressante... pour une fois, nous ne nous plaindrons pas et cesserons donc d'envier des voisins parfois mieux lotis que nous en termes de concerts. En plus, succès plus ou moins confidentiel oblige, le show parisien a lieu dans une salle chaleureuse et intime puisqu'il s'agit du Divan du Monde. Cool. Une autre raison de ne pas laisser passer cette occasion, donc.

A 19h15, les jeunes Allemands d'Orden Ogan investissent la scène avec le sourire et l'intention de laisser parler le Metal. Et, ma foi, ils y parviennent plutôt bien, malgré un son un peu brouillon avec des guitares et claviers trop en retrait par rapport à la section rythmique. Le public, peu nombreux à cette heure de la soirée et un peu timide (probablement de par sa méconnaissance du groupe en face de lui), va tout de même se laisser conquérir par les arguments du quintet dont le style est souvent (et un peu hâtivement, je trouve) assimilé à un Power Metal très inspiré de formations comme Blind Guardian ou Running Wild.

                                                            

Alors que la logique aurait voulu que le groupe nous assène une de ses toutes nouvelles compos issue de l'album Easton Hope, c'est une chanson extraite du disque Vale qui ouvre le bal. Excellent choix tant To New Shores Of Madness s'avère redoutable. Riff acéré, double grosse caisse qui n'est pas là pour faire jolie, refrain à la mélodie imparable... ça commence plutôt bien. Bon, comme je l'ai dit un peu plus haut, on aimerait distinguer un peu mieux les guitares et claviers, mais l'ensemble reste audible et efficace. En tout cas, les gars d'Orden Ogan ont l'air de se faire plaisir et leur entrain est assez communicatif. Seul petit bémol, sur la fin du premier morceau, on distingue quelques choeurs normalement chantés par les membres du groupe, mais là, ils sont tous bien occupés à headbanger loin de leurs micros. C'est sans doute un détail, mais je trouve dommage de recourir à des samples alors qu'il était très faisable de réellement se charger de ces lignes de chant (pas extrêmement complexes en plus). Au moins, ces messieurs ne font pas semblant de chanter par dessus les samples... ce qui n'est pas le cas de nombreux groupes. J'ai bien des noms, mais ce n'est ni le lieu, ni le moment... Si ? Bon, allez, d'accord : Kamelot, Rhapsody of Fire, et même les excellents Symphony X (oui, la partie chorale de Of Sins And Shadows juste avant le solo... ce n'est jamais eux qui la chantent vraiment) pour n'en citer que quelques-uns.

Au rayon des surprises, on constate (enfin ceux qui connaissent le groupe constatent) que le batteur et le bassiste ne sont pas les membres habituels du combo. En effet, la proposition de la tournée a été faite tard (après le désistement de Grand Magus et Sister Sin), et il a fallu être réactif... mais tous n'étaient pas disponibles. Du coup la bande à Seeb (sympathique leader de la troupe) s'est offert les services d'un autre bassiste, que je ne connais pas, et d'un batteur plutôt impressionnant en la personne de Bastian Emig, du groupe Van Canto. Le bougre martèle ses fûts avec force et conviction... le moins que l'on puisse dire à son sujet est qu'il fait bien le show !

Les titres s'enchaînent et permettent d'aborder les différentes facettes du groupe. Du mid-tempo et mélodique Farewell, en passant par le plus heavy et sombre Welcome Liberty, sans oublier le speed et fédérateur We Are Pirates, hymne hommage à Running Wild, bien efficace sur album comme sur scène. On passe un bon moment à voir ces messieurs se démener... et manquer de place (et oui, la scène est petite, et tenir à cinq, avec la batterie de Grave Digger camouflée juste derrière, ne permet pas une grande liberté de mouvement). Bonne humeur (le chanteur rira plusieurs fois face à l'insistance de l'ingé son à lui mettre un gros delay lors de ses discours) et musique efficace aux mélodies travaillées, tels furent les ingrédients de ce début de soirée fort sympathique. Groupe à suivre, assurément.

                                          

Setlist Orden Ogan :

01. Intro (Rise And Ruin)
02. To New Shores Of Madness
03. Farewell
04. Welcome Liberty
05. Easton Hope
06. We Are Pirates
07. Angels War

 

Après cette agréable mise en bouche, il nous fallut attendre une petite demi-heure avant que Grave Digger ne débarque pour nous faire goûter de son Metal teuton. Entre temps, la salle a pu se remplir davantage, cependant force est de constater que l'affluence n'est quand même pas des plus impressionnantes (un peu plus de deux cents personnes alors que la salle peut en accueillir le double). Pas grave, quand les Allemands entrent sur scène, précédés du Grave Digger en personne (enfin du claviériste HP Katzenburg déguisé), une cornemuse entre les mains, l'ambiance et la chaleur gravissent quelques échelons ! 

                                                              

Une fois l'intro Days Of Revenge achevée, c'est Paid In Blood qui ouvre les hostilités. Premier constat : le son est excellent. Bien supérieur à celui de la première partie, il est à la fois puissant, assez fort sans être assourdissant, précis et clair.
La première partie du set est intégralement consacrée à l'histoire écossaise, c'est donc tout à fait logiquement que s'enchaînent des titres extraits des albums Tunes Of War et The Clans Will Rise Again... ce qui n'est pas pour déplaire aux fans. Tout cela se déroule dans une ambiance plutôt sympathique... mais un événement va venir semer le trouble au sein de cette petite sauterie métalleuse apparemment bien insouciante. En effet, quelques joyeux fêtards vraisemblablement heureux de pouvoir décompresser sur la fameuse The Dark Of The Sun eurent la "mauvaise" idée de se lancer dans un petit pogo des familles... ce qui, nous le savons maintenant, ne plaît pas du tout à Chris Boltendahl, chanteur et leader du groupe. Le bougre en perdit le sourire et annonça qu'il n'aimait pas les pogos ("We don't like moshpits" dans le texte)... perplexité voire incrédulité dans l'assistance. Je dois dire que c'est bien la première fois que j'entends ça à un concert de Heavy Metal ! Il ajouta même que si cela devait se reproduire, lui et ses compagnons interrompraient le concert. Sérieusement ? Heureusement, il n'en fut rien. Même si quelques pogos eurent lieu, et que Chris fit parfois les gros yeux (ou refusa d'accueillir sur scène quelques fans transportés par la foule)... Bizarre, bizarre...

 

Revenons plutôt à la musique. Le dernier album est dignement représenté par Hammer Of The Scots, Highland Farewell ou Whom The Gods Love Die Young alors que ce sont des morceaux comme The Bruce, The Ballad of Mary ou l'excellente (et rare) Killing Time qui se chargent de rappeler l'ère Tunes of War à notre mémoire.
Axel Ritt, guitariste récemment engagé par le groupe, s'acquitte de sa mission (à savoir : remplacer Manni Schmidt) avec les honneurs et semble y prendre beaucoup de plaisir. Plutôt calme, sans être aussi statique que son prédecesseur, il n'est pas rare de le voir fermer les yeux et prendre un air absorbé lors de divers soli.
Le reste du groupe est extrêmement pro. Il faut dire que la section rythmique, tenue par Stefan Arnold à la batterie et Jens Becker à la basse, a du métier et sillonne les routes depuis 1997... C'est solide, carré et sans bavure. HP Katzenburg (mais est-ce bien lui ? Comment en être sûr ?), toujours dissimulé sous son déguisement de fossoyeur, ne bouge pas de derrière ses claviers, alors que Chris Boltendahl se montre plutôt avenant et n'hésite pas solliciter le public.
La première partie de ce concert s'achève sur l'excellente Rebellion, reprise comme il se doit par l'assistance toute entière... il y a des hymnes qui ne déçoivent jamais.
C'est alors que le groupe quitte la scène pendant un court instant, histoire de signaler un changement de concept. La mort elle-même (mais non, n'ayez pas peur, c'est toujours ce bon vieux claviériste) revient sur scène une corde à la main alors que rententissent les premières notes de l'intro The Gallows Pole, allongée et différemment arrangée pour l'occasion. En toute logique, c'est le titre Ballad Of A Hangman qui devrait suivre, et c'est exactement ce qui se produit. La deuxième partie du show démarre donc comme la première, avec un titre bien speed, et ira puiser dans la discographie du groupe tout en écartant les albums traitant de l'Ecosse. 

 

C'est une setlist très axée autour des années 90 et 2000 qui nous est offerte. La période 80's du groupe n'étant représentée que lors du rappel. Petite surprise, le groupe se souvient brièvement qu'il a sorti des albums avant Tunes Of War le temps d'un petit medley comprenant deux extraits de l'opus Heart Of Darkness. En effet, juste après nous avoir envoyé un bon petit Morgane Lefay dans les dents, ces messieurs redémarrent sur Twilight Of The Gods mais juste après le refrain, c'est The Circle Of Witches qui prend la relève, avant d'être elle-même interrrompue par The Grave Dancer... Très sympa ! S'en suit un joli enchaînement de classiques qui portent des noms d'albums : The Last Supper, dont la pesanteur et le refrain fonctionnent toujours aussi bien en concert, Excalibur qui réinjecte un peu de vitesse dans le set, et enfin, l'excellente et terrassante Knights Of The Cross qui vient conclure la deuxième partie du show bien rodé des Allemands... avant le rappel.
Le retour sur scène se fait par le biais de Yesterday, ballade extraite du tout premier album du groupe (Heavy Metal Breakdown, sorti en 1983). Ce titre a la particularité de posséder un excellent solo de guitare (sur lequel Axel brille) qui rappelle beaucoup celui de Mr. Crowley, d'Ozzy Osbourne. On revient à davantage de lourdeur et de refrains fédérateurs avec le classique The Round Table, mais c'est véritablement avec le très attendu Heavy Metal Breakdown que la fête bat son plein à nouveau. Cet hymne, qui clôt traditionnellement tous les concerts de Grave Digger, est d'une efficacité incontestable !

Et voilà, après une heure et quarante minutes d'un show très carré, servi par un son puissant et un light show irréprochable, ces vétérans du metal (trente ans de carrière tout de même !) viennent saluer leurs fans avec le sourire aux lèvres... probablement la satisfaction du devoir accompli. Dans la foule, certains entonnent Scotland The Brave, hymne militaire écossais, pour le plus grand plaisir de ces messieurs de Grave Digger. Une soirée sympathique donc, sans grande surprise, mais placé sous le signe de l'efficacité et de la bonne humeur... même s'il faut reconnaître que l'aversion du groupe pour les pogos et la division au sein de la fosse (partagée entre mollesse et agitation) contribuèrent à créer une ambiance un peu étrange. En tout cas, une chose est sûre : il fallait mieux répondre présent à l'appel du groupe si vous l'appréciez. Le nombre de fans présents ce soir-là n'étant pas très impressionnant, il n'est pas dit que Grave Digger repasse très régulièrement par chez nous en tant que tête d'affiche... j'espère me tromper.  

                                                            

 

Setlist Grave Digger :

01. Intro (Days Of Revenge)
02. Paid In Blood
03. The Dark Of The Sun
04. Hammer Of The Scots
05. The Bruce (The Lion King)
06. The Ballad Of Mary (Queen Of Scots)
07. Highland Farewell
08. Killing Time
09. Whom The Gods Love Die Young
10. Rebellion (The Clans Are Marching)
11. Intro (The Gallows Pole)
12. Ballad Of A Hangman
13. Morgane Lefay
14. Medley: Twilight Of The Gods/Circle Of Witches/The Grave Dancer/Twilight Of The Gods
15. The Last Supper
16. Excalibur
17. Knights Of The Cross
---------------------------------------------
18. Yesterday
19. The Round Table (Forever)
20. Heavy Metal Breakdown

 

 

Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum !