Arch Enemy + No Return + Hackneyed + Titan's Eve

Date

21 Octobre 2012

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Et bien voilà, il suffisait d'être patient, pas loin d'un an et demi après la sortie de Khaos Legions, Arch Enemy vient enfin défendre son nouvel album sur les planches parisiennes. Allez, pour une fois que d'autres villes que la capitale ont eu la primeur des nouveaux titres sur scène (le groupe a effectué une petite tournée de quatre dates sur notre territoire en décembre dernier) soyons sport et ne nous plaignons pas trop. D'autant plus que les Suédois sont bien là en ce 21 octobre et qu'ils ne sont pas venus seuls : quatre groupes, mesdames et messieurs, pas moins ! Vous souvenez-vous du temps où il y avait une seule première partie ? Un temps bien révolu (ou qui refait rarement surface)... 

Je ne vous dirai malheureusement rien sur le groupe Titan's Eve étant donné que j'étais en pleine interview avec Sharlee D'Angelo lors de son set. Passons directement aux gars de Hackneyed auxquels on a envie de demander s'ils ont passé leur bac ou s'ils ont le droit de conduire quand on les voit débarquer sur scène. Oui, vous l'aurez compris : ils sont jeunes ! Une sorte de nouveau phénomène à la Children Of Bodom (ils n'étaient pas bien vieux quand ils ont commencé, souvenez-vous) version 2012 en quelque sorte... et comme les Children Of Bodom (mais dans un style différent, plus brutal, moins mélodique) à leurs débuts, ça envoie !!

                   

Difficile pour moi de faire l'éloge de compos qui s'éloignent un peu trop de mes goûts habituels (comprendre : c'est trop bourrin pour mes petites oreilles fragiles), mais le groupe est bien en place, se dépense sans compter et headbangue à s'en déplacer les vertèbres. Le son est costaud mais manque un peu de clarté. Disons que pour se prendre les grosses rythmiques syncopées de Hackneyed en pleine face, ce n'est pas bien gênant. On ne se plaindra pas non plus de ne pas bien percevoir les mélodies et nuances des lignes de chant : il n'y en a pas. Le bougre hurle comme un damné !

En tout cas, l'accueil est plutôt bon... pour un groupe de première partie de soirée, le public se montre assez chaleureux, convaincu par l'énergie du quintet. Le chanteur n'aura d'ailleurs de cesse de répéter "Paris, you are amazing!". Et comme il est poli, il n'oubliera pas non plus de remercier tous les autres groupes de l'affiche. On retiendra alors que non seulement Paris est "amazing", mais que la tournée aussi est "amazing", et surtout que Arch Enemy... bah, c'est "amazing" ! Un peu de bonne humeur et d'enthousiasme ne fait jamais de mal. 

                   

Setlist de Hackneyed :

01. Raze The Curtain
02. Bugging For Mercy
03. Coulrophobia
04. Maculate Conception
05. Axe Splatter
06. Feed The Lions
07. Deatholution
08. Damn (You're Dead Again)
09. Extra Terroistical
10. Gut Candy

 

Avec le thrash/death de No Return, la température (déjà honorable) monte d'un cran au Bataclan. Là encore, ça envoie ! Certes, c'est un peu plus mélodique que Hackneyed mais ça défouraille bien dans les règles de l'art quand même !

                   

Le son est plus fort et on regrettera juste de ne pas mieux entendre la guitare du soliste pendant ses interventions masquées par le mur du son créé par une section rythmique (guitare comprise) franchement mise en avant. 

Ce soir, les Français ont décidé de mettre leur petit dernier, Inner Madness, à l'honneur. Sur huit titres joués, cinq proviennent de cette galette. Ceux qui espéraient que le groupe mette en avant ses vingt-trois ans de carrière ont dû se faire une raison. En même temps, vu la durée du set (une quarantaine de minutes), il n'était pas bien raisonnable d'en attendre plus, la frustration devait forcément être de la partie.

Niveau jeu de scène, les musiciens sont un peu statiques, chacun reste de son côté. Mais ça joue très bien, et le chanteur L. Chuck D. fait bien le boulot de frontman. Il sait réveiller la salle, hésitant entre le tutoiement et le vouvoiement avec un petit "Vous êtes combien ? 1500 ? Et je gueule plus fort que toi !"... pour finalement reconnaître un peu plus tard que, finalement, on gueule plus fort que lui. Il pose aussi des questions cruciales telles que "Si tu avais à choisir entre porter la mort et donner la mort, que choisirais-tu ?"... Voilà en effet une bien bonne question sur laquelle on ne s'attardera pas trop, satisfait de se prendre un The Dead Inside bien costaud dans les oreilles. Le frontman fera également bien scander par un public conquis Vision of Decadence avant de balancer la fameuse chanson en guise de final. Vu la réaction enthousiaste des personnes présentes ce soir-là, on peut affirmer sans prendre trop de risques que No Return a convaincu.

                   

Setlist de No Return :

01. Borderline
02. Rising
03. Inquisitive Hegemony (Seven)
04. News Item
05. N.I.L. 2
06. Backdoor
07. The Dead Inside
08. Vision of Decadence

 

Il est un peu moins de 21 heures quand les Suédois d'Arch Enemy investissent à leur tour la scène du Bataclan, sous les acclamations d'un public bien chauffé par les groupes précédents. Le groupe attaque avec l'intro du dernier album logiquement suivie de l'excellente Yesterday Is Dead And Gone. Mise en place exemplaire, light show de qualité (avec en plus des projections de vidéos sur le fond de la scène), gros son et public excité sont les ingrédients de ce début de concert.

                   

Angela est vraiment impressionnante. Je devrais m'y être fait depuis le temps, ça fait quand même plus de dix ans qu'elle a rejoint le groupe... Mais rien n'y fait, je suis toujours aussi étonné par sa puissance et de son agressivité. Le reste du groupe s'active comme il faut, Sharlee D'Angelo à la basse est toujours aussi massif et sait occuper le devant de la scène avec énergie. Michael Amott balance ses riffs et soli avec dextérité, épaulé par un Nick Cordle un peu plus discret (mais non moins efficace). 

Le début du set est placé sous le signe de l'énergie (pouvait-il en être autrement ?) avec quelques titres bien choisis comme Ravenous extrait de l'excellent Wages Of Sins, My Apocalypse ou la toute récente (et très véloce) Bloodstained Cross. Les morceaux sélectionnés par le groupe sont imparables et font fatalement mouche. Les fans sont conquis et saisissent toutes les occasions de communiquer leur enthousiasme. C'est ainsi que les thèmes mélodiques (à la guitare lead) d'Arch Enemy sont repris et transformés en "Oh Oh Oh Oh" (oui, comme dans un concert d'Iron Maiden) par un Bataclan survolté. 

Après un The Day You Died permettant de reprendre son souffle, car cette chanson reste un peu moins hostile que les compos précédentes, c'est l'heure d'un premier solo, avec Daniel Erlandsson exécutant une démonstration honorable (et heureusement pas trop longue) à la batterie. Under Black Flags We March permettra à Angela d'arpenter la scène avec un drapeau (noir, forcément... c'est bien fichu quand même !!) alors que Dead Eyes See No Future permettra au tempo de regagner un peu de vitesse et fera plaisir aux fans de l'album Anthems Of Rebellion. Le groupe ne fait pas que privilégier leur dernière offrande mais veille consciencieusement à extraire deux ou trois extraits des opus sortis entre 2001 et 2008. En revanche, comme l'on pouvait s'y attendre, les premières heures des Suédois (les disques sortis pendant les années 90) ne sont toujours pas représentées. 

Je n'ai pas vraiment de remarques négatives à formuler quant au choix des titres joués ce soir... à un ou deux détails près. D'abord, une fois qu'on enlève l'intro de rigueur, les différents solos (chaque guitariste aura le droit à son aparté) ou les courtes intrumentales (la belle Snowbound jouée en début de rappel, par exemple), la setlist, en termes de "vraies chansons", ne paraît plus si fournie que cela. Pour être plus précis, il en reste douze. Forcément, vu l'ampleur du catalogue d'Arch Enemy, ça peut créer quelques frustrations. Et puis, mais là c'est plus personnel, je n'aurais pas craché sur quelques compos plus speed (un petit Blood On My Hands à la place d'un Revolution Begins, par exemple... la présence d'un petit Silent Wars m'aurait bien satisfait également). A part cela rien à redire, c'est du tout bon. Le show est bien rôdé, l'ambiance au sein du groupe est au beau fixe, l'énergie est aussi forte sur les planches que dans la fosse. Pas de grand discours, mais une petite minute Brigitte Bardot avec l'intervention d'Angela qui dédiera la chanson Cruelty Without Beauty à tous ceux qui se soucient autant des animaux que des êtres humains. 

                   

We Will Rise clôt le set avec brio avant que le groupe ne revienne pour le rappel pour balance un Nemesis surpuissant (précédé de l'instrumental Snowbound) qui permettra aux plus énergiques d'entre-nous de se déchaîner une dernière fois avant de reprendre en choeur la mélodie de la conclusion traditionnelle : Fields Of Desolation

Il y avait du monde ce soir pour le retour parisien d'Arch Enemy et la soirée fut très réussie. Le groupe maîtrise son propos et sa chanteuse est toujours aussi charismatique. L'ensemble est énergique, virtuose et très professionnel. Manque peut-être la petite touche de folie ou de surprise qui rend un concert inoubliable... une prochaine fois, peut-être ? Réponse en 2014 !

Setlist d'Arch Enemy :

01. Intro (Khaos Overture)
02. Yesterday Is Dead And Gone
03. Ravenous
04. My Apocalypse
05. Bloodstained Cross
06. The Day You Died
07. Drums solo
08. Under Black Flags We March
09. Dead Eyes See No Future
10. Revolution Begins
11. Guitar Solo (Nick) 
/ Intermezzo Liberté
12. Guitar Solo (Michael)
13. Dead Bury Their Dead
14. Cruelty Without Beauty
15. We Will Rise
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16. Snowbound
17. Nemesis
18. Fields Of Desolation (Outro)

 

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