Groupe:

Gorod + Psykup + SUP

Date:

07 Mars 2019

Lieu:

Cognac

Chroniqueur:

JeanMichHell

Un grand merci à M. Jean Claude Robidas pour ses photos, une fois de plus remarquables.

Les Abattoirs de Cognac reçoivent ce soir la tournée Overpowered Records. Ce prometteur label a réussi le tour de force en quelques années d’attirer dans son écurie quelques grands noms de la scène metal française. La preuve ce soir avec trois groupes cultes de la scène hexagonale puisque vont se succéder Psykup, SUP, et Gorod. Un plateau éclectique qui a le don de me faire saliver depuis l’annonce de cette belle tournée.

C’est Overcharger qui ouvre la soirée. Ce combo bordelais a été l'invité de dernière minute sur les dates de Bordeaux de la veille, et donc de Cognac ce soir.

 

Et c’est avec une énergie débordante que le groupe va asséner un set tout en puissance et en efficacité. Pas de compromis ici, le mot d’ordre est en pleine face. Une puissance frontale à l’instar d’un Pantera ou Down mais avec quelques subtilités ou solos qui peuvent s’apparenter à la bande de Zakk Wylde et son Black Label Society. Bref, un bien joli mix entre Southern Metal et Hardcore.

JB le guitariste porte d’ailleurs fièrement un t-shirt du groupe et son jeu de guitare n’est pas sans rappeler celui de son mentor. Johann à la basse headbangue à tout va et rajoute à l’ensemble visuel du groupe. Quand à Tom, derrière ses fûts, il est, d’après Seb, très fatigué ce soir, mais il assure une prestation digne d’un rouleau compresseur et sait user de sa double pédale ou de ses toms pour alourdir la musique du groupe.

     

Enfin le côté plus Hardcore est porté par Seb le chanteur avec un scream très intense, proche de l’école Anselmo. Il dégage une puissance vocale brute et dégage une envie d’en découdre de tous les instants. Il possède d’ailleurs une petite plateforme qui lui permet de surplomber la fosse mais aussi l’aide physiquement à se plier en deux pour pouvoir donner le maximum de puissance à ses vocaux : une prestation de haute volée.

 

En fin de set, le groupe nous gratifie du riff culte d’Iron Man de Black Sabbath qui est là encore une influence assez évidente. Mais les bougres n’ont pas envie de quitter la scène comme ça, négocie un rappel et nous offre comme dernier titre The Descent, histoire d’enfoncer définitivement le clou. Une soirée qui commence sous de très bons auspices.

Setlists d’Overcharger :

Trust the horns
Origin
Witch spells
Temptations
Streets of terror
Southern floods
I was a soldier
The descent

Deuxième groupe de la soirée, mes autruches préférées de Psykup. Je les retrouve avec plaisir sur scène une énième fois, je ne me souviens pas du nombre exact, mais nombreuses fois me semble être un bon chiffre. Ce sera d’ailleurs la plus grosse affluence de la soirée, preuve que les Toulousains ont bel et bien réussi un comeback « so strong ».

 

Mais cette fois-ci, nous ne sommes pas en présence de la playlist qui a fait la part belle l’année dernière à CTRL + ALT +FUCK. Donc exit l’intro Surf In USA, et même si les chemises à fleurs sont toujours présentes, le groupe ouvre avec Crisis Of Today. On retrouve les six carrés de lumière en fond de scène qui illustrent et agrémentent chaque morceau, c’est simple mais efficace pour rajouter un effet de fiesta au concert.

« Bernard, quand tu auras réglé tes problèmes d’ampli, on peut s’y remettre » petite chambrade facile de Milka vers Julien qui semble avoir des problèmes pour s’entendre correctement en retour, en guise d’introduction à Love Is Dead. Et lors de la traditionnelle coupure au milieu du titre, le groupe nous demande de chanter un joyeux anniversaire à la personne qui gère le son, et dont j’ai lamentablement oublié le prénom… Il aura d’ailleurs droit à un clin d’œil de chacun des groupes, sympa.

   

De toute façon Psykup, c’est un peu plus qu’un concert, c’est aussi une récréation. Quand ce n’est pas Milka qui théâtralise ses lyrics ou va faire un footing au milieu du public, c’est Julien qui pointe sa guitare vers le ciel tout en jouant. Mais même si les deux chanteurs attirent naturellement le regard, les autres ne sont pas en reste. Victor reste toujours assez discret mais rien qu’à son large sourire, on sait qu’il prend son pied. Un sourire qu’il partage avec Brice qui, derrière sa batterie, est toujours impressionnant de technique et de précision. Julian complète le tableau en allant rechercher régulièrement le public en mode hedbanging de tous les diables. La bonne humeur est palpable. Est-ce grâce à une nouvelle setlist qui évite une redondance avec la dernière tournée ? Peut-être…

 

Nous avons également droit à une imitation de Winnie L’ourson (veuillez entendre par là un bon growl des familles) qui s’avère être l’introduction de Fuck Me ‘Til The End Of Times que j’entends pour la première fois sur scène. Et même si je trouve les passages hip hop un peu faciles sur l’album, il faut reconnaitre que le passage « on stage » lui va plutôt bien.

Mais ce qui aura particulièrement ravi mes oreilles, c’est d’avoir pu réentendre des titres de We Love You All. J’ai presque écrasé une larme aux premières notes de Birdy, un titre qui me file des frissons à chaque écoute. Puis Psykup décide de finir par The Long Ride Home, dernier titre de leur dernier album, là encore un choix totalement judicieux.

 

Bref, Psykup aura été grand ce soir, me provoquant un véritable orgasme auditif. Si on y rajoute une fraicheur retrouvée, cela va être difficile de passer après eux.

Setlist de Psykup :

Intro - Crisis Of Today
We Will Win This War
Love Is Dead
Shampoo The Planet
Fuck Me 'til the End of Times
Cooler Than God
Color Me Blood Red
Birdy
The Long Ride Home (Sundown)


C’est donc SUP (ex Supuration) qui est devenue aujourd’hui Spherical Unit Provided, qui s’empare de la scène avec son death-doom, saupoudré d’indus. Cette formation culte du début des années 90 jouit d’un succès d’estime pour avoir bousculé les codes qui régissent le Death. Ils ont réussi le tour de force d’inclure une forme de mélancolie, mais aussi des éléments atypiques allant jusqu’à la new wave.

 

Le changement d’ambiance entre Psykup et son côté festif à SUP et son côté sombre c’est assez radical. C’est d’ailleurs tellement sombre que l’on ne voit pas ou très peu les protagonistes. Ils ont beau nous faire front puisqu’ils sont tous les quatre les uns à côté des autres, il est vraiment difficile de les distinguer.

On ne voit pratiquement pas Fabrice Loez (guitare) et Thierry Berger (batterie) bien caché derrière un épais nuage de fumée. Frédéric Fievez (basse) ne sera presque qu’un bras tendu avec les cornes du diable entre les titres. Seul Ludovic Loez (chant, guitare) a droit à une lumière pour lui éclairer un peu son visage, ainsi que sa tête de guitare BC Rich si facilement reconnaissable. L’ambiance est vraiment particulière.

   

Du coup, le lien et la communication avec le public se contente du strict minimum, un bonsoir ou juste un merci, conservant ainsi une distance qui met en avant la musique et non pas un show.

Et de musique c’est vraiment de cela dont il s’agit puisque le groupe vient défendre son nouvel opus Dissymmetry, que l’ami Fifi vous a récemment chaudement recommandé. Ce sont trois titres sur neuf qui feront partie de la setlist de ce soir. Lorsque l’on avoisine les trente ans de carrière, et quelques dix-neuf albums, c’est clairement un parti pris.

 

Je vais être honnête avec vous, j’ai trouvé le set un brin long, certainement parce que je ne suis pas sensible à leur univers. La salle s’est malheureusement vidée au fur et à mesure du set et les personnes qui ont tenu l’intégralité sont clairement des fans du groupe. Fans qui semblent satisfaits de la prestation du groupe pour lequel ils ont fait des kilomètres, et c’est bien là le plus important.

Setlist de SUP :

Chronophobia
The Chasm and Phonograph
The Far Horizons
Excision
Declivis
Snake-Eyes
Cathedra
Pain Injection
The Cube

« Et ce soir, Mesdames et Messieurs, la distribution de fessée sera administrée par les Bordelais de Gorod. Si vous êtes là pour découvrir, veuillez-vous équiper d’une crème hydratante, d’un casque anti-émeute et de paracétamol, parce que Mesdames et Messieurs, vous allez vous en souvenir ! »

Les concerts de Gorod devraient commencer par ce petit message d’avertissement parce que sincèrement ce qui se dégage de ce groupe sur scène est totalement hors normes.

 

Tout d’abord le sentiment de puissance est juste incroyable, il suffit de prendre Wolfsmond qui ouvre la setlist. Ce titre totalement « in your face » pose les bases de la prestation de Gorod. Julien est déjà en train d’haranguer le premier rang plié en deux sur son micro, et vient chercher du contact. Il sera rejoint rapidement par Barby, qui trouve le public un peu trop sage, je ne peux lui donner tort…

La virtuosité des musiciens n’est plus à prouver pour quiconque a mis un jour une oreille attentive dans l’univers de Gorod. Mais ce qui est totalement déstabilisant, c’est que ces monstres passent leur temps à se marrer en envoyant des riffs tous plus hallucinants les uns que les autres ! Je soupçonne même Matthieu Pascal, compositeur en chef, de prendre encore plus son pied en fonction de la difficulté des riffs ! Technicité, énergie et bonne humeur, c’est le tiercé gagnant proposé par le quintet.

   

Quant à la playlist, elle est absolument parfaite, d’autant que tous les albums seront représentés ce soir. Et puis lorsque vous prenez Celestial Nature, Aethra ou encore un peu de poésie (dixit Julien qui fait référence à Molière) avec The Axe Of God, difficile de ne pas admirer la maitrise des musiciens. Que ce soit Nicolas Alberny, le second gratteux, qui est tout aussi hallucinant de technique que son comparse, que ce soit Karol Diers, qui lui n’arrête tout simplement jamais derrière ses fûts, le spectacle est total. Leur musique a, de fait, un côté élitiste mais bordel qu’est-ce que c’est bien fait et bien exécuté.

Pour les avoir vu à la Nef il y a quelques mois, j’avais regretté l’impasse faite sur le titre Godess Of Dirt. Et comme je vous ai dit que cette setlist était parfaite, eh bien bim, c’est total régal !! Julien nous confie que c’est l'un des titres qui éprouve le plus ses comparses musiciens. Ah bon  ? Pourtant ils sourient toujours…

   

C’est le titre Disavow Your God qui sert de conclusion à ce set tout en puissance. Barby donne tout ce qu’il a et nous fait son fameux coup de langue « cône glacé » à sa basse, tout en jouant ses propres lignes de basse qui sont un régal de complément aux guitares.

Seul tout petit bémol de la prestation, Julien fatigue vocalement mais comment lui en vouloir après une telle débauche d’énergie. Le bonhomme ne triche pas, continue malgré tout de sortir ce qu’il lui reste au fond des cordes vocales mais il est bien temps que le set se termine.

Pour conclure, l’ami qui lit ses quelques humbles lignes, si Gorod passe vers chez toi, vas les voir.

Setlist de Gorod :

Wolfsmond
Bekhten's Curse
Celestial Nature
Goddess Of Dirt
Aethra
And the Moon Turned Black
The Call to Redemption / Birds of Sulphur
The Axe of God
Disavow Your God


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