Groupe:

Festival l'Antre du Lion

Date:

26 Janvier 2019

Lieu:

Gattières

Chroniqueur:

Didier et PhilippeC

L’Antre de Lion, c’est un festival de Metal dont la première édition a eu lieu à Gattières (petit village des Alpes Maritimes). L’organisation du festival est menée par Julien Verger, par ailleurs prof de basse et de musiques actuelles au conservatoire de musique de St Laurent du Var. La communication a plutôt été bien menée, principalement sur les réseaux sociaux et par le bouche à oreille en provenance, surtout, des groupes invités. J’ai moi-même été « harcelé » sur Facebook, et avais décidé d’y participer, même si dans le même temps et juste en face de l’autre côté du (fleuve) Var, l’OGC Nice recevait Nîmes (et gagnait), mais tant pis pour le foot, une première édition d’un festival de Metal dans le 06, ça méritait toute notre attention.
Le festival a promis six groupes locaux, le tout commençant à 18h. Chaque groupe commençant à l’heure pile et jouant trente minutes. La formule est intéressante puisque, du coup, il n’y a pas de tension entre les groupes pour le running order, tout est ici bien clair et on avait sur FaceBook l’heure exacte de chaque groupe. Alors les groupes, justement, je dois avouer que je n’en avais entendu qu’un seul, mais connaissais les autres de nom. On avait : Leipzig, Swarm, Loulou, Cliché Boys, Dissident et enfin In Other Climes. Les styles annoncés vont du Thrash old school au punk rock, en passant par le death technique pour finir en hardcore. Le festival avait aussi annoncé un thème médiéval à cette soirée, en souhaitant un maximum de gens déguisés. Certains avaient joué le jeu, moi pas, désolé (même si Madame avait sorti une robe vaguement médiévale, j’avais opté pour du noir, pour changer :-)). Outre les déguisements et la musique d'ambiance (dur, dur), l’orga proposait des animations sur le thème médiéval (tir à l’arc, forgeron, artisanat) ; franchement c’était bien sympa. Côté nourriture, deux options, une à base de cochonaille dans un sandwitch, une autre à base de pommes de terre et tomme fondue, pas trop cher et plutôt bon. Pour agrémenter tout ça, trois choix de bière de 2 à 4 euros le verre sont proposés (avec un système de jetons). Les verres sont consignés et décorés à l’affiche du festival (les détails ont été soignés). Je trouve fort sympa d’avoir prévu un endroit pour accrocher sa veste à l’entrée, c’est rarement le cas et tellement plus simple. Le fond de la salle permet aux groupes de proposer leur merchandising, et le stand est assez bien garni. Tout semble avoir été bien préparé et une bonne vingtaine de bénévoles est mobilisée. L’association CCM, dont je vous parlais dans un récent édito, assure la couverture vidéo que l’on retrouvera sur Télé Chez Moi. David et Stéphane sont là depuis le matin, pour donner un coup de main au festival, couvrir les préparatifs et la soirée en vidéo. C’est bien de voir l’écosystème musical régional se serrer les coudes. J’ai par exemple aperçu Sebastien Camhi du Studio ArtMusic , par lequel sont passés (et passeront encore) certains groupes de ce soir (Dissident, Swarm). Croisé aussi Kevin, le chanteur de Heart Attack, tous sont venus soutenir cette initiative improbable. 

Leipzig

Quand nous arrivons, un peu en retard, Leipzig a déjà commencé. Le son dans la salle est très propre, j’avoue que je m’attendais au pire. Mais la sono est sacrément bonne et il y a une sorte de magicien barbu à la baguette sur la table de mixage, qui fera des miracles toute la soirée. Leipzig est un groupe de thrash dont les membres ont entre 15 et 18 ans. Ils ont démarré depuis peu, sous la coupe de Julien au conservatoire de St Laurent du Var. Ca headbangue sec sur scène et devant la scène, où les amis du groupe se sont réunis. Si les trois musiciens ont sorti leurs plus beau t-shirts de concert (Anthrax, Cannibal Corpse et Iron Maiden), Enzo, le chanteur et plus jeune membre, a choisi l’option shirt Bob-l’éponge et peluche accrochée à la ceinture. C’est ça le concept du "Thrashados" (j’avais pas capté en le lisant, mais je comprends en le voyant).

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Les ados sont certes jeunes, mais ils dépotent avec leurs compos sympas, avec souvent des petits breaks sympas, le tout est assez groovy et se rapprocherait plus du thrash à la Anthrax. Le bassiste est appliqué, concentré, le guitariste un peu plus relax, il balance de bon solos. Le plus à l’aise, on dirait qu’il a fait ça toute sa vie, est Enzo, qui parle avec le public (ses potes) et n’hésite pas à descendre pogoter avec eux sur un des morceaux. Le Thrashados, c’est aussi rendre hommage à ses illustres anciens et idoles. Le groupe a choisi pour ça une reprise des Misfits, courte et brute de décoffrage, suivie d’une belle reprise de Slayer. Ils terminent avec un morceau à eux avant de venir se fondre dans le public et profiter du reste du festival en ados fans, déchainés devant la scène. J’adore le concept.

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Setlist de Leipzig :

01. Shellshocked
02. Sea Wolves
03. Talion Law
04. Toothbreaker
05. Last Caress (Reprise de Misfist/Metallica)
06. Black Magic (Reprise de Slayer)
07. Waste City

Swarm :

Swarm est un groupe dont Philippe m’a souvent parlé mais que je n’avais encore jamais vu. J’avais pu visionner leur clip plutôt marrant du morceau Rest Of My Dust. Ils ont de l’humour et le démontrent en montant sur scène tous déguisés en tenues médiévales. Pour le coup, eux ont vraiment joué le jeu, bravo.Leur style est plus thrash/death, le ton se durcit clairement et la salle commence à rentrer en ébullition. Il faut dire que sur scène Rémy et ses acolytes ne ménagent pas leur peine.

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J’aime beaucoup la voix de Matt qui vient très souvent répondre en growls à Rémy. Le pauvre Matt se bat avec son chapeau qui lui tombe sur les yeux et qu’il finit par bazarder. La scène semble bien petite pour tout ce petit monde, Mikael le bassiste semble un peu à l’étroit, il y a du coup de manche dans l’air.

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Dommage que son jeu de basse soit un peu perdu dans le mix. Les deux guitaristes envoient vraiment du lourd, difficile de résister à leur énergie. Rémy nous annonce qu’Anthony leur batteur rentre en studio la semaine suivante, chez Sébastien Camhi pour commencer les enregistrements de leur nouvel album.

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Il demande au public de s’écarter et juste avant de lancer un wall of death il dépose un exemplaire de leur premier album, Division & Disharmony, par terre. C’est l’émeute et à ce petit jeu c’est encore Enzo qui gagne ! Je suis sacrément convaincu par le set de Swarm, dans un style qui pourtant n’est pas mon style de prédilection. Bravo les gars ! 

Setlist Swarm :

01. Written In blood
02. Rest Of My Dust 
03. Life On Hold
04. No Gods No guns
05. No Man's Land
06. Frontiers
07. Headtrip
08. It Never Happened

Loulou

Après les Swarm qui avaient joué le jeu du thème médiéval, voilà Loulou dont Rémi le chanteur et le bassiste sont déguisés. Médiéval ? Pas sûr, puisque l'un arbore une longue perruque brune, plus hippie que médiévale, et l’autre s’est habillé en gladiateur/catcheur (jambière, calbute, coquille et bouclier dans le dos) dont le casque voltige en moins de cinq secondes après le début du set, il faut dire qu’il bouge beaucoup.

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Je ne connaissais pas Rémi et son groupe Loulou. Lui est chanteur/guitariste, sa voix est proche d’un Zak De La Rocha de Rage Against The Machine, j’aime beaucoup. Leur musique est clairement punk rock californien, avec des morceaux courts et ultra énergiques. Rémi accorde souvent sa guitare en chantant (c’est quoi cette guitare bordel ??). Je suis aussi impressionné par le batteur qui envoie du lourd tout le long du set.

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D’une manière générale, les batteurs auront régalé cette soirée. Leur set est super rafraichissant, ils nous calent un morceau de leur prochain album à venir (release party à la MJC Picaud bientôt). Etonnant aussi, il nous propose une reprise de In Other Climes, leurs potes, qui joueront en fin de soirée. Ils terminent un set qui m’a convaincu et donné l'envie d’aller faire un tour à leur release party.

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Setlist de Loulou :

01. The World Before
02. No More Face 
03. May I Have To Qui Being Sober 
04. French Past Leader 
05. 12,5 % (Reprise De In Other Climes) 
06. Years Alone (Nouvelle Chanson Du Prochain Album) 
07. Dancefloor Is Mine 
08. Shuttlecock For Muted Brains 
09. Canadien Bigot To Miner Idiot

Cliché Boys

Après une petite pause je retourne vers la scène, le groupe Cliché Boys est en train de finir son sound check. Cette formation, basée à Nice, a en 2007 sorti un EP intitulé Overstated. Depuis je n’en avai plus entendu parler…  Et bien Cliché Boys est de retour. Du line-up d’époque, il ne reste que le bassiste Yann Hallier, il est accompagné par le guitariste Michel Beneventi (Until The Uprising, Monument Of Misanthropy), au chant par Tony (Slaveyes, ex-Heart Attack) et à la batterie par Rémi Serafino qui jouera juste après  avec le groupe de Thrash Dissident.

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Le quatuor commence par Spit Back, un titre extrait d’Overtated. Rémi qui n’est pas l’auteur des parties de batterie d’origine, s’approprie vraiment le morceau et montre une technique impressionnante, pareil pour Tony au chant, sa voix colle super bien à la compo, qui prend du coup un bon coup de jeune ! A la gratte, on ne présente plus l’expérimenté Michel Beneventi, que ce soit en solo, rythmique ou chœur, le mec assure !

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Yann Hallier, qui est aussi excellent, a su bien s’entourer pour ce come-back. Les quatre zicos nous ont régalés en reliftant les titres de leur EP (avec un point fort, One Divided Piece), ainsi qu’avec Uncycled et Critical Point, deux nouvelles compos qui seront sur leur premier album annoncé en mars. J'allais oublier la reprise du morceau de Gojira Blackbone qui était superbement exécutée.
Pour conclure, Cliché Boys a été l'auteur d’un set de grande qualité, tout y était fait pour régaler le public : technique, intensité, présence scénique ! J’ai hâte de les revoir avec Loulou en mars à Picaud, pour leur release party !

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Setlist de Cliché Boys :

01. Spit Back
02. Uncycled
03. Driftings
04. One Divided Piece
05. Coherence
06. Backbone (Reprise De Gojira)
07. Critical Point

Dissident

Dissident était le seul groupe que j’avais déjà vu en concert, un soir à l’Altherax, en première partie de Heart Attack il me semble, et d’ailleurs ça ne s’était pas très bien passé pour eux, avec des soucis à la batterie et un set qui avait coupé court. Aujourd’hui, on retrouve le trio de thrash old school remonté comme des coucous, avec Rémi à la batterie, super chaud puisqu’il vient de terminer un set hyper impressionnant avec Cliché Boys dont il est aussi le batteur.

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Sur le devant de la scène, c’est Jeff, le chanteur/bassiste, il est assez impressionnant de dextérité quand on regarde ses doigts sur le manche pendant qu’il chante. Le guitariste qui les a rejoints pour cette date, c’est Kad par ailleurs guitariste du groupe toulonnais Eon. Il est physiquement impressionnant, et quand il nous balance quelques solos avec sa Telecaster derrière la tête, on a vite fait de se demander s’il n’est pas le fils caché de Popa Chubby.

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Trève de plaisanterie, il assure un max en épaulant les deux furieux de Dissident. Les titres s’enchainent rapidement, sans fioritures, ça gueule, ça fait des doigts d’honneur, ça « fuck » par ci et « fucking » par-là, clairement le thrash old school est universel, qu’il soit de Californie ou de la French Riviera.

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Setlist de Dissident :

01. Despair Strength 
02. Set Ablaze
03. Suicide Circus
04. Bad Day Murder
05. Slice
06. Hostile
07. Livestockracy
08. Hate Blood Rage You Fucking Scum
09. Blood Justice
10. Rising While You Rot

In Other Climes

C’est au groupe thrash/hardcore tout droit descendu d’un autre village de l’arrière-pays (plutôt Grassois), Magagnosc, c’est Michael le chanteur qui plaisante avec ça entre deux morceaux. Il est étonnant de l’entendre avec son style de chant clairement hardcore et de le voir arborer un t-shirt de Journey (piqué à son père ou bien ?). En tout cas lui et ses compères sont complètement déchainés. Il ne faut qu’un morceau pour voir Alex, le bassiste, sauter dans la foule et continuer à jouer, porté par le public. Leur musique est très festive, le pit est en ébullition, ça pogotte et ça circle pit à tout va dans une saine ambiance. Pendant que Steve et Cyril, les deux guitaristes, nous hachent menu à coups de riffs rageurs, Alex derrière saute dans tous les sens et je me dis que, vu la taille de la scène, y a de l’Urgo dans l’air.

 

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Et bim, un grand coup de manche de basse dans la tête du chanteur ; ce qui devait arriver, arriva. Voilà que Michael se met à pisser le sang d’une plaie à la tête, il ne s’arrête pas pour autant, "The Show Must Go On" et il tente désespérément d’essuyer le sang qui coule abondamment. Nos amis photographes, au premier rang, sont sur le coup et ça devrait laisser de bons souvenirs photographiques. A la pause suivante, il plaisante sur le fait que son bassiste l’a défoncé et finit par trouver un truc pour s’essuyer et calmer l’hémorragie, tout en reprenant le show. En parlant des premiers rangs, Michael fait chanter des fans sur les refrains connus de leurs morceaux.

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Ca beugle dans le micro, heureusement bien couvert par les deux guitaristes qui assurent aussi les chœurs. Lors d’un de ces épisodes de communion avec son public, Michael lâche par erreur son micro qui vient percuter un crâne mal placé. Ca fait un gros « pop » dans la sono mais ça ne l’empêche pas de continuer à faire de grands moulinets avec son micro (à la mode de Roger Daltrey). Lors de brèves pauses entre deux morceaux déchainés, Michael nous annonce un deuxième album à venir très bientôt et dont, d’ailleurs, deux titres sont interprétés ce soir : Ruthless avec lequel ils ont attaqué le set et Pain.

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Ils terminent un set totalement hystérique, autant sur scène que dans la foule qui s’est bien densifiée en fin de soirée, par une reprise de Suicidal Tendencies, puis une dernière compo, One Life, clôturant ainsi la première du festival L’Antre du Lion de la meilleure des manières (et relativement à l’heure - 23h45). Encore une fois, c’est une belle surprise pour moi, pourtant dans un style dont je ne raffole pas, mais qui, je le reconnais, s’apprécie particulièrement bien en live.

Setlist de In Other Climes :

01. Ruthless
02. Live. Love.Learn.Lead.Leave
03. Now I Know
04. Dreams
05. Who Are You
06. City Of Glass
07. Pain
08. War
09. I Walk Alone
10. This Is Your Time
11. Cyco Vision (Reprise De Suicidal Tendencies)
12. One Life

 

Voilà, alors moi qui suis le premier à gueuler quand le public ne suit pas, là, je dis bravo et merci. Merci d’avoir répondu présent et montré que le public du 06 était là pour ce genre d’événement. L’ambiance était énorme, on a pu croiser pas mal de têtes connues et on a pu valider que la région avait de la qualité dans sa scène locale et qu’il était bien dommage que les lieux pour ce genre de musique soient si peu nombreux. En tout cas, fier de nos groupes locaux. La foule s’est densifiée au fur et à mesure de la soirée pour terminer avec une affluence à 400 personnes pour le set déjanté de In Other Climes, le pari de Julien-cœur-de-lion est réussi, avec a priori peu ou pas de débordement qui auraient pu rendre frileuse la municipalité de Gattières. Je voudrais juste signaler deux comportements que je trouve navrants qui ont eu lieu pendant le dernier set. Avec en premier lieu un « coreux » qui a eu un geste clairement déplacé envers une fille dans le foule, obligeant un membre de l’orga à un recadrage  avant que les choses ne s’enveniment (et non, la bière n’est pas une excuse !). Et celui d’un autre « coreux » qui, dans les circles pits, faisait la démonstration de ses gesticulations dangereuses, surtout en présence de public pas forcément averti (j’en connais même une dont je tairais le nom qui s’est lancée dans un circle pit effréné alors qu’elle n’était encore jamais allée à un concert metal il y a deux ans – bravo la follasse !). Je voudrais saluer une dernière fois l’ami Julien, avec qui j’ai pu discuter un peu. Il s’est rendu disponible, alors qu’il n’arrêtait pas, entre deux passages de serpillière dans le pit et des sollicitations permanentes des groupes et des bénévoles de l’orga. Tout en conservant un calme olympien, il a même accepté le principe d’une interview dans les jours qui viennent pour revenir sur cette expérience. En attendant, chapeau bas Julien !

  

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