Soirée Hardcore et punk en ce dimanche soir, lendemain de Rammstein à l’Arena pour moi. Pas complètement remis de l’incroyable show proposé par les Allemands, me voici arrivant devant la péniche du Petit Bain. Devant la salle de concert installée dans le sous-sol de la péniche (le ponton supérieur fonctionnant normalement sur fond de musique salsa) se croisent les habitués du dimanche en fin de journée profitant de transats et les fans de hardcore qui sont venus en nombre voir une pointure du genre, à savoir Comeback Kid.

Nine Eleven

A 20h précises, les membres de Nine Eleven, groupe de post hardcore originaire de la région Tours, investissent la scène du Petit Bain. Le groupe tient son nom de la date de prise de pouvoir de Pinochet au Chili (bien aidé par la CIA) et non d’une référence au drame du Word Trade Center. Musicalement, la formation propose des compositions plutôt bien travaillées, assez longues et avec un réel sens mélodique. Le chant est peu agressif mais tient une bonne place dans un ensemble cohérent. Les formations pratiquant le post-hardcore semblent pulluler depuis quelques années mais celle-ci fait l’effort de ne pas tout miser sur l’agressivité, ce qui me va bien. Le public semble apprécier la performance musicale. Après quarante minutes, Nine Eleven laisse la place après avoir très bien rempli son rôle d’ouverture.

Mute

Place maintenant à Mute, groupe de punk constitué de Québécois. Un bassiste originaire de Belgique dépanne la formation sur cette tournée européenne de trois semaines. Particularité étonnante des Canadiens : c’est le batteur qui est le chanteur principal. Certes, les deux guitaristes ainsi que le bassiste sont au soutien vocal et occupent très bien l’espace mais ça surprend. D’autant plus que le bougre s’en sort plutôt bien tout en assurant ses parties rythmiques plutôt classiques dans le genre mais dynamiques. L’accent typiquement du Québec donne le sourire « merci les cousins » dans un show plaisant. Dans une veine punk très classique, Mute gère bien son affaire et passe le relais aux maîtres de cérémonie, Canadiens eux aussi (mais du Canada anglophone, plus précisément de Winnipeg). 

Comeback Kid

Référence respecté du genre, Comeback Kid (CBK pour les intimes) est un groupe vraiment plaisant à voir en concert. Energisant, dynamique, incisif, le hardcore du combo canadien présente un excellent compromis entre la hargne du hardcore et un sens mélodique toujours inspiré par deux guitaristes complémentaires. L’entité n’en finit plus de tourner pour l’album Outsider, paru en 2017, et la présence de trois morceaux, tous imparables, de ce très recommandable album confirme la qualité artistique de ce dernier effort et la bonne santé du groupe qui ne vit pas sur le caractère légendaire de l’imparable Wake The Dead. 

Le groupe alterne entre des refrains scandés hyper fédérateurs et d'autres compos plus mélodiques et jouissives, tous repris par un public connaisseur et fan du groupe. L’ambiance dans le pit prend dès les premiers morceaux, le groupe envoie ses missiles pied au plancher et le chanteur, hyper présent physiquement et vocalement, tient très bien sa scène, celle-ci étant par ailleurs rapidement annexée par des stage-divers déchainés devant un groupe expérimenté qui ne se laisse pas gêner. Le hardcore a une réelle dimension fédératrice et ce soir, le lien entre le groupe et son public est bien au rendez-vous. Les interventions du chanteur sont plutôt rares sauf à râler quelque peu sur des lights donnant un air trop mystérieux au groupe. On ne fait pas dans le théâtral dans le hardcore. 

Questions morceaux, la géniale Absolute récolte un joli succès de même que la plus metal Die Knowing et son riff écrasant.  

Après quarante cinq minutes d’un show superbement bien mené, c’est l'iconique Wake The Dead qui comme de coutume vient clore le show du groupe. Pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir le hardcore, c’est le morceau que je recommanderai en priorité. Dynamique au possible, doté de quelques passages scandés ultra virils, d’un break typiquement hardcore, énergique et surtout un refrain mémorable « We said this time was gonna be different » contrebalancé de puissants « Wake Off The Dead », le morceau est un carton et le chanteur peut se permettre de ne chanter que la moitié des paroles, le public le relayant magnifiquement bien. Un très grand moment live que cet hymne qui vient ahever un excellent concert d’un groupe aussi sympathique qu’efficace. Une pointure absolue du genre, parfaitement à la hauteur de sa très haute réputation. Un super concert qui fait un bien fou à la tête. Et comme souvent, on sort avec un immense sourire d’un concert de hardcore. 

Setlist de Comeback Kid :

01. Do Yourself A Favor
02. Surrender Control
03. False Idols Fall
04. G.M Vincent & I
05. All In A Year
06. Absolute
07. Wasted Arrows
08. Should Know Better
09. Broadcasting …
10. Somewhere, Somehow
11. Talk Is Cheap
12. Partners In Crime
13. Die Knowing
14. Lower The Line
15. Wake The Dead