Groupe:

Amorphis + Soilwork + Jinjer + Nailed To Obscurity

Date:

06 Février 2019

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Quelle affiche, mes amis... quelle affiche !! Quand Amorphis et Soilwork, qui ont tous deux sorti un excellent dernier album récemment, s'associent pour une tournée européenne en co-tête d'affiche et qu'une date a lieu sous le beau chapiteau du Cabaret Sauvage, il n'y a pas de question à se poser, j'y fonce ! Dans leurs bagages, les Nordiques ont amené deux groupes pour chauffer l'assistance : Nailed To Obscurity et Jinjer

Quatre groupes, ce n'est pas rien... Les portes de la salle se sont donc ouvertes très tôt afin que Nailed To Obscurity puisse proposer un échantillon de son Doom/Death Metal avant 18 heures. Trop tôt pour moi, hélas, je ne suis pas arrivé à temps... Mais j'étais là pour Jinjer et n'ai pas perdu une miette du set proposé par ces Ukrainiens qui font de plus en plus parler d'eux. Le metalcore n'est vraiment pas mon style de prédilection, pour cette raison essentielle, je me suis assez peu intéressé à Jinjer jusqu'à ce jour... cependant mon estimé collègue Jean Mich'Hell m'avait tout de même vanté les mérites de ce combo et avait même eu la gentillesse de me passer l'album King Of Everything afin que je potasse un peu le dossier avant le concert. Et c'est vrai qu'il y a des choses pas inintéressantes dans leur musique et que le niveau des musiciens force le respect. Cela se traduit-il sur scène ? Absolument. Evidemment, je ne suis pas ressorti bouleversé par l'expérience (c'est pas mal mais ça reste du metalcore) mais je reconnais sans mal que le quatuor assure comme il faut dans des conditions live. 


Les points forts de Jinjer : tout d'abord, une frontwoman qui fait bien le show. Tatiana Shmailyuk est ultra énergique et sait galvaniser une foule. Et niveau vocal, elle en a sous le capot et maîtrise l'alternance entre le chant clair et du growl hyper agressif. Les autres membres du groupe ne sont pas en reste. La musique du groupe est technique et livrée de façon ultra propre et carrée (en plus, le son est loin d'être mauvais, ce qui permet d'apprécier leur performance). Le bassiste Eugene Abidukhanov a un jeu assez impressionnant et attire régulièrement les regards. Sans adorer la musique proposée par le groupe, j'apprécie la prestation des musiciens qui font du très bon boulot. L'accueil dans la salle est d'ailleurs plutôt chaleureux et on se rend compte que le groupe compte déjà pas mal de fans dans l'assistance. Sur le titre Who's Gonna Be The One, on les entend d'ailleurs chanter à gorge déployée. Vers la fin du set, je reconnais quelques morceaux : Pisces, pas mal du tout et le récent single Perennial. Le show, qui aura duré une bonne quarantaine de minutes (pas mal pour un second groupe sur une affiche qui en compte quatre), s'achève sur un Sit Stay Roll Over qui déménage bien. Après une performance bien pro et vitaminée, j'imagine que les fans étaient assez comblés. Mais j'attends surtout la suite... 

 

Les Suédois de Soilwork sont donc les prochains à investir la scène du Cabaret Sauvage. Ils le font sur Verkligheten, l'intro du nouvel opus qui porte le même nom... naturellement, comme sur album, la chanson qui suit n'est autre qu'Arrival... et ça dépote ! La dernière fois que j'ai vu Soilwork, c'était au Bataclan, en première partie de Kreator et la performance énergique du groupe avait été partiellement gachée par un son franchement médiocre. Ce soir, les conditions sont bien meilleures. Le son est puissant et clair, on distingue parfaitement les riffs complexes délivrés par le groupe, tout comme la voix de Björn Strid qui, en plus, semble en grande forme.


Soilwork est fier de son dernier opus (avis personnel : il a bien raison !) et ça se sent car, sur un set composé de seize titres, on aura le droit à cinq nouveautés. De façon générale, le combo ne se repose pas trop sur son passé et beaucoup de compos d'albums récents sont jouées : Death In General et The Phantom (absolument redoutable) viennent rappeler à notre bon souvenir l'album The Ride Majestic, Drowning With Silence et The Living Infinite II se chargent de représenter The Living Infinite, on a aussi le droit à un titre extrait de The Panic Broadcast, l'intéressant The Akuma Afterglow. Les fans des premières heures auront tout de même le droit à quelques titres plus anciens (Bastard Chain, Like The Average Stalker, As We Speak) mais ceux-ci resteront minoritaires. En tout cas, on retient une setlist globalement variée et robuste qui balance du riff tranchant à foison et propose des ambiances différentes en couvrant un maximum d'albums de la discographie des Suédois (même si tous ne sont pas représentés... rien des deux premiers disques, de Figure Number Five ou de Sworn To A Great Divide ce soir). Chose appréciable : un effort est fait pour aller chercher des morceaux pas forcément joués sur les tournées précédentes et ça c'est, en ce qui me concerne, un très bon point. Alors, c'est sûr, on pourra toujours se plaindre de ne pas avoir eu des petites pépites incontournables comme Late For The Kill, Early For The Slaughter ou Spectrum Of Eternity mais, personnellement, j'aime bien ne pas pouvoir anticiper tous les morceaux qui vont être joués lors d'un concert. 

Comme la dernière fois, on remarque encore un changement de line-up. David Andersson n'est, encore une fois, pas de la partie mais il est remplacé par un certain Simon Johansson, guitariste compétent et hyper enthousiaste qui arpente la scène en long et en large, avec le sourire, ne se privant pas d'aller se marrer à plusieurs reprises aux côtés de notre Sylvain Coudret national. Le groupe n'a plus de bassiste (studio) non plus, pour le moment... Celui choisi pour la tournée (j'ignore son nom, désolé) fait du beau boulot et on apprécie sa participation très régulière aux chœurs qui viennent soutenir la performance de Strid. Face à nous se dresse un groupe enthousiaste, conquérant, en pleine possession de ses moyens et confiant en sa force de frappe. L'ambiance sur scène, comme dans la salle, est très bonne... Sylvain se fendra même de quelques mots (en français, bien sûr) pour motiver encore plus l'auditoire, chose qui, j'imagine, ne doit pas se produire sur les autres dates européennes, et semble toujours autant s'éclater pendant les morceaux (comme en témoignent ses petites grimaces, toujours aussi nombreuses).



Les nouveaux titres passent très bien en live... Full Moon Shoals, avec son refrain hyper accrocheur, est impeccable, tout comme The Nurturing Glance avec son gros riff heavy metal taillé pour la scène. Witan, avec sa mélodie entêtante, est convaincante aussi. Dommage, en revanche, que Needles And Kin (sur laquelle Tomi Joutsen d'Amorphis chante) n'ait pas été jouée... c'est quand même bête, les deux groupes tournant ensemble, c'était l'occasion ou jamais d'avoir ce morceau (qui est assez excellent en plus) avec les deux vocalistes. Stabbing The Drama, un des albums du groupe qui a le mieux marché, n'est évidemment pas oublié. The Crestfallen et Nerve auront été jouées tôt dans la soirée alors que la chanson titre aura été gardée pour la fin... mais pas pour la toute fin car, surprise, alors que les Suédois nous ont habitués à ce morceau en guise de conclusion, c'est le nouveau (et fédérateur) Stalfagel qui se chargera d'achever ce concert sur une touche très mélodique. Bonne idée. Au final : un set varié et bien puissant, qui a bien décollé le papier peint mais dans la bonne humeur !

Setlist Soilwork :

01. Intro (Verkligheten)
02. Arrival
03. The Crestfallen
04. Nerve
05. Full Moon Shoals
06. Death In General
07. Like The Average Stalker
08. The Akuma Afterglow
09. Drowning With Silence
10. The Phantom
11. The Nurturing Glance
12. Bastard Chain
13. As We Speak
14. The Living Infinite II
15. Witan
16. Stabbing The Drama
17. Stalfagel

 


Après l'Ukraine et la Suède, accueillons maintenant la Finlande ! Amorphis, ça ne fait pas si longtemps que je les connais (j'ai commencé à m'y intéresser à la sortie de leur live Forging The Thousand Lakes pour tout vous dire) et je n'ai pas vraiment encore eu l'occasion de les voir en concert... Sauf une fois, en 2015, en première partie de Nightwish, à l'AccorHotels Arena. Mais bon, le souvenir étant très frustrant (le pass photo ne me donnait la possibilité d'assister qu'aux trois premières chansons du groupe avant d'être reconduit vers un hangar à photographes), on peut dire qu'au moment de les voir au Cabaret Sauvage, j'ai comme une revanche à prendre.

Comme Soilwork, Amorphis aime son dernier album (et comme Soilwork, avis personnel bis, il a bien raison !) : les Finlandais attaquent leur set avec deux nouveaux morceaux, The Bee et The Golden Elk. Plus tard, le groupe jouera encore quatre extraits de son nouvel opus : Message In The Amber, Wrong Direction, Daughter Of Hate et Heart Of The Giant ! Sur quinze chansons jouées au total, la proportion de nouveaux titres est donc loin d'être négligeable. 


Comme ce fut le cas lors des sets précédents, et c'est même encore plus évident ici, les conditions de jeu sont top et permettent de profiter pleinement des excellentes mélodies distillées par le groupe. Le son et les lumières sont impeccables, on ne perd pas une miette de ce qui se passe et de ce qui est joué. Amorphis propose une musique belle, souvent envoûtante, un peu moins technique que celle jouée par les groupes précédents mais riche en mélodies tour à tour mélancoliques et galvanisantes. La prestation des musiciens est irréprochable, les ambiances apportées par les claviers particulièrement audibles sont très importantes, et surtout on profite pleinement de la voix puissante et chaleureuse de Tomi Joutsen dont le chant est au-delà de tout reproche, le monsieur excellant aussi bien en chant clair que dans un registre beaucoup plus caverneux et profond. 

Puisqu'on parle de Joutsen, heureusement qu'il est là pour faire le show... Car sans vouloir dire de mal du reste du groupe, très sympathique et performant au demeurant, on a quand même affaire à des musiciens assez statiques (bon, en même temps, la scène n'est pas bien grande et ils sont quand même six à l'occuper, pas évident de gambader non plus) et peu communicatifs. Le frontman, en revanche, se donne beaucoup... le headbanging, il maîtrise bien. Et il a l'air d'apprécier l'accueil chaleureux réservé par les fans... Les fans, parlons-en. Ils n'ont pas fait le déplacement pour rien. On les sent disposés à faire la fête et ils chantent beaucoup. Bonne participation de ces derniers sur Bad Blood (assurément l'un des meilleurs moments du concert) ainsi que sur l'hymne final, House Of Sleep, dont le lead de guitare est tellement bien repris par le public qu'on se croirait à un concert d'Iron Maiden !


Je retiendrai d'autres excellents titres qui ont fait plaisir à entendre comme Sky Is Mine, l'inévitable Silver Bride, la sombre Hopeless Days ou l'orientalisante Death Of A King. Comme pour Soilwork, on a eu le droit à un bon show d'une heure et quart, plein d'ambiances variées, de chaleur et de mélodies mémorables... même si ces dernières, notamment quand elles sont en chant clair, ont parfois une petite tendance à se ressembler (c'est en tout cas ce que j'ai ressenti au bout d'un moment, vers la fin du show).

Setlist Amorphis : 

01. The Bee
02. The Golden Elk
03. Sky Is Mine
04. Sacrifice
05. Message In The Amber
06. Silver Bride 
07. Bad Blood
08. The Smoke
09. Wrong Direction
10. Daughter Of Hate
11. Heart Of The Giant
12. Hopeless Days
13. Black Winter Day
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14. Death Of A King
15. House Of Sleep

 

Verdict : cette affiche promettait beaucoup... elle n'a pas déçu. Une belle soirée livrée par deux groupes qui ne sont certainement pas les moins capables de la scène metal européenne et qui se sont chargés de nous le rappeler avec une certaine classe. Merci à Valérie Reux pour l'accréditation. 

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